Chapitre 4 : La nouvelle servante

4544 Words
Il a été tellement hautain et désagréable ! Est-ce son vrai visage ? Ça veut dire que Jason avait raison… Jacob est bien le pire des deux… Le lendemain, ma première journée de travail au service des deux ainés White, commence. Je dois me montrer à la hauteur. Je me lève plus tôt que d'habitude pour préparer les petits déjeuners de mes maîtres. Je vais commencer par Jason et non pas parce qu'il est plus facile à approcher que son frère… Il faut que je commence en douceur et vu comment s'est écourté notre échange avec Jacob hier… Enfin bref, je frappe à la porte de Jason avant d'entrer dans sa chambre. Mon niveau de méfiance augmente considérablement, comme un animal sauvage en pleine savane. Je dépose le plateau de petit déjeuner sur la table et je tire les rideaux.  Julie_ debout, il fait jour ! Il dort à point fermé. Je m'approche de lui à une distance raisonnable pour le réveiller mais toujours rien. Je pousse un grand soupir d'ennui et j'écourte la distance que j'avais tenue à garder entre nous. Je me fais tout à coup empoigner puis jeter avec force sur le lit. Il me regarde avec un sourire malicieux. Je savais que je devais me méfier ! Ce gars est tellement vicieux ! Jason_ ça tombe bien j'avais faim, je vais commencer par te dévorer. Il monte sur moi en me tenant toujours fermement les poignets. Sa chemise est légèrement déboutonnée laissant entrevoir son torse musclé. Julie_ lâchez-moi tout de suite ou je hurle. Jason_ hurle et ne te retiens surtout pas, ça pimente les choses. Il lui manque une case à ce type ! Je me dégage de son emprise et parviens à retomber sur la terre ferme. Je me redresse et je me racle la gorge. Je dois rester professionnelle même si je sais qu'il fait tout pour me déstabiliser. Julie_ votre petit déjeuner est servi Maître. Il me regarde avec un sourire taquin, je ne bronche pas une seule seconde. Jason_ je vais d'abord prendre une douche. Il se lève et commence à déboutonner entièrement sa chemise. Jason_ tu veux m'accompagner ? Julie_ sans façon. Je me retourne et je quitte immédiatement la pièce. Respire Julie, ça aurait pu être pire… Et d’un. Je rassemble tout le courage que je possède pour aller faire l'autre. Notre conversation sèche d'hier me reste toujours en travers la gorge. Ce qui est sûr est que je n'ai pas à attendre la moindre empathie de la part de Jacob. Je frappe à sa porte. Je vais lui montrer que je sais être professionnelle. Rien, aucune réponse. Il a un don pour me compliquer la tâche décidément celui-là ! J’ouvre doucement la porte. Julie_ excusez-moi de vous déranger Maître mais je vous apporte le petit déjeu... La pièce est vide. Il est déjà parti ? Mais son frère vient à peine de se réveiller. Aurais-je dû commencer par lui ? Déroutée, je retourne bredouille en cuisine avec mon plateau intact. La maison est bien calme à cette heure-ci. Nikko et son père doivent encore dormir alors le personnel se montre discret. J’entends le bruit du moteur de la voiture dehors, Jason est parti travailler. Très bien je vais pouvoir entamer ma journée : je change les draps des lits des maîtres, je nettoie leurs chambres, fais laver et repasser leurs vêtements. Ce n’est pas de tout repos de s’occuper des deux en même temps ! Mais Grand-père a fait ça pratiquement toute sa vie. Il m’a toujours dit qu’il aimait son travail, il se levait très tôt pour venir travailler et ne se plaignait jamais. Je l’admire pour ce qu’il était. Je lui ferais honneur. Il va bientôt être l’heure. Je me dépêche de me rendre dans la chambre de Nikko. J’y croise Cal portant son plateau déjeuné et s’apprêtant à frapper. Cal_ bonjour. Julie_ bonjour Cal. Je voulais te prévenir hier que je prenais mon poste mais je n’en ai pas eu l’occasion. Cal_ Marcel m’en a parlé hier soir. Tout va bien j’espère ? Julie_ ça va même si c’est vrai que c’est beaucoup de travail. Cal_ c’est moins tranquille qu’avec le jeune maître mais en général tu ne seras pas embêté dans la journée quand les maîtres sont au travail. Julie_ et tant mieux ! Si je devais me coltiner Jason, ses gestes et remarques inappropriées toute la journée je deviendrais folle. Cal_ si je m’inquiétais pour toi c’est plus à cause du comportement des frères que de leurs besoins. Julie_ qu’est-ce que tu veux dire ? Cal_ ils ne sont déjà pas faciles à gérer séparément mais tu ne dois surtout pas parler de l’un en présence de l’autre ! Julie_ à cause de leurs différends ? Il acquiesce. J’avais déjà remarqué qu’ils étaient en froid pendant le dîner de famille. Ils ne sont pas salués et se sont même disputés à table. Je n’ai même pas le droit d’évoquer l’un devant l’autre, cela doit être plus grave qu’une simple querelle entre frères. Je me demande quelle est la raison de leur conflit ? Julie_ sais-tu pourquoi ils ne s’aiment pas ? Cal_ tu sais que je suis arrivé ici il n’y a pas longtemps mais j’ai bien compris que c’était sérieux. Alors fais attention si tu ne veux pas les mettre en colère. Je vais faire attention mais... Cal_ bien je dois travailler à présent. Julie_ je viens avec toi. Cal_ tu n’as pas du travail ? Julie_ si mais je tenais à informer moi-même Nikko de mon changement de poste. Cal_ bien, après toi. J’ouvre la porte de la chambre, Nikko dort paisiblement. Cal dépose son petit déjeuner, éclaire la pièce avant de se tenir droit les mains derrière le dos. Je m’assois sur le lit de Nikko et je le réveille doucement. Julie_ bonjour. Nikko_ bonjour Julie. Il s’étire tout en baillant avant de remarquer la présence de Cal. Cal_ bon réveil jeune Maître. Nikko le regarde brièvement avant de poser de nouveau son regard sur moi. Nikko_ que se passe-t-il ? Julie_ je suis venue t’annoncer que ma période d’essai était terminée et donc c’est Cal qui te servira à ma place comme c’était prévu. Nikko_ mais je croyais qu’on avait encore aujourd’hui. Julie_ j’apprends plus vite que prévu. Nikko_ je pense que tu es une très bonne amie Julie mais une servante médiocre. Ce petit ne fait toujours pas dans la dentelle à ce que je vois... Nikko_ tu n’as qu’à rester ma servante, tu n’auras pas à être une servante exemplaire. Je regarde Cal qui baisse la tête avec patience et compassion puis je me reconcentre sur Nikko. Ma décision est prise. Julie_ je suis aussi très triste de te quitter mais j’ai des obligations, tu comprends ? Nikko_ oui... J’aurais au moins pu savoir ce que c’était d’avoir une amie... Je lui attrape les mains et lui parle avec une voix rassurante. Julie_ mais je suis toujours ton amie et ce n’est pas parce que je travaille pour tes frères que je ne peux pas m’occuper de toi et m’amuser avec toi. Nikko_ c’est vrai ? Julie_ bien évidemment. Je suis toujours dans cette maison et je serais ravie de passer du temps avec toi. Nikko_ super ! Je le prends dans mes bras. Cal nous sourit discrètement. Julie_ tu as une journée chargée devant toi, je compte sur toi pour ne pas oublier ce que je t’ai enseigné ! Nikko_ j’apprends vite, je suis le meilleur dans toutes les catégories. Il se lève du lit. Cal_ votre petit déjeuner jeune Maître. Nikko_ tu peux ranger ça Cal. Cal_ ? Nikko_ je vais descendre prendre mon petit déjeuner sur la table de la salle à manger. Ça c’est mon poulain ! Ça va me manquer de m’occuper de lui, c’est comme avoir un petit frère. Je les regarde nostalgiquement tout en quittant la pièce. Je retourne à mon ménage. Je range la chambre de Jacob en faisant bien attention à ne déplacer aucun papier ou document. J’ai bien retenue la leçon. « Ce sont des documents confidentiels » il a crû que j’étais une espionne ou quoi ? Même si je le voulais je ne comprendrais rien à ce qui est écrit sur ces fiches. Sur sa commode y est déposée une pile de livre. La couverture de l’un d’entre eux retient mon attention. C’est un de mes livres préférés ! Je l’ai lu une bonne douzaine de fois. C’est une édition limitée ? Un ouvrage très rare ! Je ne savais pas qu’il avait de si bon goût en termes de littérature. On va dire que ce riche arrogant remonte un tout petit peu dans mon estime. Ensuite je quitte la chambre pour ranger de vieux cartons dans la pièce qui se trouve dans le fond du couloir. C’est la seule pièce qu’on ne m’a pas faite visitée sans compter la chambre du père. Tout est sombre ici, les lumières ne fonctionnent pas et une énorme quantité de poussière recouvre les meubles. Je me demande pourquoi cette pièce n’est pas entretenue. Ils pourraient au moins passer un petit coup de balai. Je dépose le carton dans un coin et quand je me redresse quelque chose retient mon attention. Le bout d’un cadre dépasse d’une pile d’objets. Je pousse les cartons et le drap qui recouvrait le cadre pour découvrir un énorme portait de famille. Sur le portrait y est représenté un homme, une femme et deux jeunes garçons. L’homme sur le portrait est le père des garçons de cette famille. Ce qui veut dire que ces deux enfants sont Jacob le plus vieux et son frère Jason. Enfants, ils se ressemblaient beaucoup physiquement, je les ai pris pour des jumeaux au début. A cette époque ils se supportaient assez pour poser ensemble on dirait. Et enfin cette belle jeune femme doit être leur mère. C’est la seule qui sourit sur la peinture, elle a l’air si heureuse. Ça me fait mal au cœur de savoir qu’elle ne pourra plus jamais sourire comme ça. C’est peut-être ça qui manque à cette famille, la chaleur d’une mère. Je me lève et quitte la pièce. Je me demande quand même ce qui a pu se passer entre eux. Je ne peux me résoudre à les servir tranquillement tout en ignorant le fait qu’ils se détestent. Ils sont quand même frères ! Pourquoi ne peuvent-ils pas être comme sur la photo ? Ils sont clairement capables de bien s’entendre, c’est sûrement qu’ils sont bien trop fiers tous les deux pour faire le premier pas. C’est là où j’entre en jeu, je vais leur donner un petit coup de main et pour ça il faut que je découvre la raison de leur dispute. Le soir les garçons rentrent du travail. Je les accueille à l’entrée. Julie_ bienvenue à la maison. Ils me regardent tous les deux sans rien dire. Quand on est un minimum poli on dit : Bonsoir ! Jason_ personne ne dit ça, Servante novice. Tu sais ce qu’elle te dit la servante novice ? Il passe à côté de moi et disparaît dans un couloir. Jacob_ apporte-moi du café dans mon bureau, Servante. J’ai un prénom ! Il part sans me porter la moindre attention. Quelle b***e de sales gosses de riches arrogants ! Je prends déjà beaucoup sur moi pour vous supporter ! Je pars en cuisine lui préparer son café. S’ils veulent que j’arrange leur problème, ils vont devoir être bien plus aimable que ça. Non mais ! Ils ont crû que j’étais à leur service ? En l’occurrence oui... Mais tout de même ! Marcel_ tout va bien ? Je n’avais même pas remarqué la présence de Marcel avec tout ça. Julie_ oui très bien, pourquoi cette question ? Marcel_ tu m’as l’air légèrement... Tendue. Julie_ quoi moi ? Pas du tout ! Je suis très détendue ! La servante la plus relax de ce manoir ! Il me regarde, pas très convaincu par ma réponse. Il a dû me voir piquer ma crise à l’instant. Julie_ j’ai du café à servir. Marcel_ très bien je ne te retiens pas plus longtemps. Je passe mon chemin. Il faut que je me contrôle plus que ça, je pourrais avoir des problèmes avec mes supérieurs. Je frappe à la porte de son bureau puis j’entre. Julie_ je vous apporte du café comme vous me l’avez demandé. Jacob_ pose le juste ici. J’avance pour le poser sur son bureau juste à côté de lui. Il ne m’accorde pas un seul regard. Je pourrais dire quelque chose pour détendre l’atmosphère... Quelque chose comme : je m’excuse si hier j’ai été intrusive ce n’était pas mon intention. Je compte bien faire mon travail, c’est pour ça que je suis là. Afin qu’il comprenne que je suis peut-être nouvelle mais que j’apprends vite. Julie_ je m’excuse si... Jacob_ vous pouvez disposer. Julie_ ? C'est une blague ? Il ne veut même pas écouter ce que j’ai à dire ? Julie_ bien. Je m’exécute sans broncher. Mais quel grossier personnage ! Il m’énerve tellement que j’ai envie de lui balancer son café à la figure ! Calme-toi Julie, on ne résout rien par la violence. Tout en marmonnant un tas d’insultes les plus poussées les unes que les autres je descends les escaliers en furie. Une femme entre dans le manoir. Je m’arrête pour la regarder de manière intriguée. C’est une belle, grande et jeune femme aux allures de top model. Elle porte des vêtements luxueux et est très maquillée. Elle est tellement belle que je stagne en la contemplant sans rien dire. Elle se dirige vers moi qui la regarde toujours la bouche ouverte. Femme_ bonsoir j’aimerais parler à Jacob White. Jacob ? Qu’est-ce qu’elle lui veut ? J’aurais pourtant parié que ce genre de femmes viendraient pour Jason. Julie_ et vous êtes ? Elle me regarde offusquée par cette question. Femme_ sa fiancée. C’est une information qu’on a omis de me dire ! Pourquoi aurait-on pris le temps de me le dire ? Ce n'est pas comme si j’étais la servante de Jacob. Julie_ oh excusez-moi je n’étais pas au courant. Femme_ c’est ce que j’ai compris... Vous êtes nouvelle ? Julie_ oui je remplace Marcel. Femme_ vous voulez dire que vous êtes la nouvelle servante de mon fiancé. Julie_ c’est ça. Elle me scrute du regard avant de se désintéresser complètement de moi et de commencer à observer en direction de l’étage. Julie_ le maître est dans son bureau, je vais lui annoncer votre arrivée. Femme_ non c’est bon je connais le chemin, je vais directement aller le voir. Qu'est-ce qui me dit qu'elle dit la vérité ? Personne ne m'a parlé d'une soi-disant fiancée. Elle s’apprête à partir quand je lui barre la route. Julie_ désolé mais je ne peux pas vous laisser passer sans l’accord de mon maître. Femme_ c’est une plaisanterie ? Elle me regarde d’une manière supérieure et hautaine, mon intervention ne l’a clairement pas plu. Julie_ je suis sérieuse. Femme_ ... Elle continue de me défier du regard en attendant que je flanche mais je campe sur mes positions. Elle finit par renoncer et recule. Femme_ bien dite-lui qu’Oxia le demande. Julie_ bien entendu. Veuillez m’excuser, vous pouvez vous installer dans le salon. Je ne serais pas longue. Oxia_ ... Je me rends donc seule dans le bureau de Jacob. Julie_ excusez-moi de vous déranger. Jacob_ ... Il n’a pas l’air ravi que je l’interrompe en plein travail. Julie_ une certaine « Oxia » demande à vous parler. Jacob_ ? Il lève la tête, intrigué. Jacob_ elle n’est pas montée ici avec vous ? Julie_ non heu... Je lui ai demandé d’attendre en bas. Jacob_ ... C’est sa fiancée quand même... J’espère que je ne vais pas avoir de problème à cause de ça. Jacob_ j’arrive. Il ne me fait aucune remarque et se lève de sa chaise. Je l’escorte à travers le couloir jusqu’à l’escalier principal, on ne s’adresse pas la parole de tout le trajet. Ce mec a tendance à augmenter la pression quand il est dans les parages. Il descend seul les escaliers pour rejoindre la femme qui se fait appeler Oxia. Elle ne l’a pas attendu dans le salon comme convenu. Je les observe depuis l’étage. Pas de gestes d’affection, il ne l’a même pas prise dans ses bras. Il est resté aussi froid qu’il aurait pu l’être avec n’importe qui. Ça doit être difficile de sortir avec quelqu’un comme lui. Mais étrangement, sa froideur n’a pas l’air de l’atteindre. Elle lui sourit gentiment et lui parle le plus naturellement possible. Elle doit avoir l’habitude. Jason_ on espionne les gens ? Je lève les yeux et je vois Jason penché au-dessus de moi. Il m’a surprise ! J’étais tellement focalisé sur Jacob et sa prétendue fiancée que je n’ai pas fait attention à ce qui m’entourait. Je retrouve mon sang-froid. Julie_ est-ce vraiment sa fiancée ? Jason_ pourquoi en doutes-tu ? Julie_ c’est juste que je n’ai pas été mise au courant. C’est une belle femme... Jason_ tu ne la connais pas ? Julie_ ? Jason_ c’est Oxia Fernandez, un mannequin très en vogue dans la région. Cela explique son physique envoûtant. Jason_ elle vient souvent ici, on a fait appel à ses services pour une campagne de publicité il y a quelques années. Mon frère et elle sont ensemble depuis 4 ans maintenant. Aussi longtemps que ça ? Pas étonnant qu’elle le connaisse aussi bien et qu’elle veuille circuler dans le manoir librement. Elle va bientôt faire partie de la famille. Jason_ pourquoi tu me poses toutes ces questions sur elle ? Es-tu jalouse ? Il me murmure dans l’oreille. Jason_ attention cela risque de ne pas me plaire. À ces mots il mordille tout à coup mon oreille. Un frisson me parcourt tout le corps. Je le pousse brusquement en arrière et il se met à rire. Jason_ s’ils se marient, elle habitera ici. Il est vraiment temps pour moi de me barrer de là. Julie_ est-ce vous l'aimez aussi ? Ça expliquerait l'animosité entre eux. Jason_ peut être. Julie_ ? Jason_ deux frères amoureux de la même femme, ça pourrait être la cause de notre conflit. Julie_ c’est le cas ? Il se met à Sourire. Jason_ à toi de le découvrir Sherlock. Ils ne me diront rien... Jason_ pour le moment c’est la copine de mon frère et moi je suis seul. Je vais donc me consoler avec toi. Julie_ reculer ! Il rit de nouveau et me fait un clin d'œil avant de partir. Je vais devoir creuser plus pour découvrir le fin mot de cette histoire. Oxia parle beaucoup tandis que Jacob reste stoïque à l’écouter. Il lève soudain les yeux vers moi. Son regard froid me fait frissonner, je me redresse tout de suite. Je descends pour les rejoindre et m’incline légèrement. Julie_ puis-je faire quelque chose pour vous ? Oxia_ vous tombez bien nous allons nous installer dans le salon. Jacob_ apporte à Oxia du thé et des gâteaux. Oxia_ du thé ça ira, je tiens à garder la ligne. Julie_ tout de suite. Je pars en cuisine pour lui préparer son thé et je lui apporte dans le salon principal. Ils sont assis l’un en face de l’autre comme si c’était un entretien d’embauche. Les riches ont vraiment de drôle de manière de faire les choses. Je dépose le plateau sur la petite table et à l’aide de la théière je lui sers son thé dans une petite tasse en porcelaine. Julie_ voici pour vous. Je recule puis elle me regarde ayant l’air de dire : que fais-tu encore là ? Julie_ je suis derrière la porte si vous avez besoin de moi. Je m’apprête à me retourner et j’entends quelqu’un ouvrir les portes du salon et crier « Julie ! ». Nikko entre dans la pièce en en courant vers moi. Lorsqu’il voit les deux autres, il s’arrête. Nikko_ bonsoir Grand-frère Jacob. Jacob_ bonsoir Nikko. Oxia_ bonsoir mon petit Nikko. Nikko_ bonsoir… Jacob_ tu n’es toujours pas couché ? Nikko_ je suis sur le point de le faire. Oxia_ alors Nikko ça fait longtemps que je ne t’avais pas vu, que dirais-tu de t’asseoir à côté de moi et de discuter ? Nikko_ ... Elle lui fait un grand sourire. Nikko_ je ne peux pas, il est l’heure pour moi d’aller au lit. Oxia_ bien-sûr une autre fois alors… Nikko_ Julie ! Il se tourne vers moi et attrape ma jupe. Nikko_ tu veux bien me raconter une histoire avant de dormir ? J’ai reçu un nouveau livre ce matin ! Julie_ c’est vrai ? Eh bien je suis un peu occupé là mais... Nikko_ s’il te plaît ! Jacob_ Cal peut te faire la lecture si tu veux. Nikko_ non je veux que ce soit Julie ! Jacob_ ... Julie_ Nikko c’est... Oxia_ elle l’appelle par son prénom ? C’est complétement déplacé. Tu laisses faire ? Jacob_ ... De quoi je me mêle ? Julie_ c’est d’accord. Nikko_ oui ! Il me saute dans les bras je le serre tout contre moi en lui ébouriffant les cheveux. Julie_ vas t’installer moussaillon, j’arrive. Nikko_ reçu 5 sur 5 Capitaine ! Il quitte le salon en sautillant. Celui-là alors, c’est mon rayon de soleil du manoir. Jacob_ ... Je me retourne vers eux. La grisaille… Oxia a l’air choquée par ce qui vient de se passer. Je ne vais pas rejeter Nikko pour lui faire plaisir. Julie_ si vous voulez bien m’excuser. Jacob me lance un regard approbateur pour que je puisse quitter la pièce. Je sors et je rejoins Nikko dans sa chambre. Julie_ quel est donc ce fameux livre que tu as reçu ? Pinocchio ? Le Roi Lion ? Il me tend un ouvrage philosophique sur la condition humaine. Julie_ c’est quoi ça ? Nikko_ mon nouveau livre recommandé par mon professeur d’éthique. Il est à l’université ou quoi ? Julie_ je ne peux pas lire ça. Nikko_ pourquoi ? Julie_ parce que si je lis ça c’est moi qui vais m’endormir ! Nikko_ ? Je range ce livre sur la table et je me couche à côté de lui. Julie_ tu n’as pas un livre de contes ? Nikko_ c’est pour les enfants. Julie_ tu es un enfant Nikko. Au même moment quelqu’un entre dans la chambre. Jason_ j’ai entendu dire que tu m’avais volé ma servante. Nikko_ Jason ! Il embrasse Nikko sur le front avant de se coucher également à côté de lui. Je lui lance des regards méfiants, s’il dit ou tente des choses déplacées devant Nikko ça va mal aller. Jason_ qu’est-ce que vous faites ? Nikko_ Julie va me lire un livre mais on ne sait pas encore lequel. Jason_ oh. Je décide d’ignorer la présence de Jason et je poursuis. Julie_ je vais te raconter une histoire. C’est une histoire que ma grand-mère avait l’habitude de me raconter quand j’avais ton âge. Nikko_ ah oui ? Julie_ c’est l’histoire d’un beau et magnifique soleil qui illuminait le ciel. Le soleil avait une allure radieuse et majestueuse mais il avait toujours l’air triste. Les oiseaux qui passaient par là lui demandaient : pourquoi Soleil es-tu triste ? Il répondait souvent : parce que j’ai trop chaud. Les papillons qui volaient dans le ciel lui demandaient aussi pourquoi avait-il l’air aussi triste il répondait encore : parce que j’ai trop chaud.  Un jour une belle lune brillante lui demanda : pourquoi as-tu l’air aussi triste ? Il lui répondit aussi qu'il avait chaud. Elle lui dit ensuite alors : pourquoi ne pars-tu pas te rafraichir ? Et lui répondit que s’il partait le ciel se retrouverait tout seul alors la lune lui dit : Pars te rafraîchir pendant ce temps je veillerais sur le ciel pour toi. Depuis ce jour le soleil alla se baigner dans l’océan l’esprit tranquille sachant que son amie la lune veillera sur le ciel pour lui, c’est ce qu’on appelle un coucher de soleil. Nikko_ mais le soleil ne bouge pas c’est la Terre qui tourne et qui... Julie_ Nikko je sais bien. Tout ça pour dire que si tu te sens seul n’hésites pas à demander de l’aide aux autres. Il y aura toujours des gens prêts à t’aider, tu n’es pas seul. Je suis là pour toi et Jason aussi. Jason_ ... Julie_ Jacob et même s’il ne montre pas ton père aussi. Nous veillerons sur toi comme le soleil et la lune veillent sur le ciel. Je le serre dans mes bras. Jason_ câlin collectif ! Jason en profite un peu trop à mon avis mais bon ça ira pour cette fois. Nikko finit par s’endormir et Jason s’endort à ses côtés. J’éteins la lumière et ferme la porte sur l’image des deux frères endormis. C’est une bonne journée. Finalement Jason n’est pas si compliqué à gérer quand on le connait. Le problème reste leur grand frère... Je fais ma ronde dans le manoir, il n’y avait plus personne dans le salon. Je me rends dans le bureau de Jacob et comme je pouvais m’y attendre, il y travaillait encore. Je ramasse la tasse et la cafetière que j’avais apportée plus tôt mais avant de sortir je m’arrête. On ne peut pas continuer à s’ignorer. Si je veux que ça s’arrange avec Jason il faut que je gagne sa confiance. Julie_ ce matin j’ai vu votre collection de livre du moment. Jacob_ tu fouilles toujours dans ce qui ne te regarde pas à ce que je vois. Julie_ je rangeais votre chambre mais là n’est pas le sujet ! Il faut que je garde mon sang-froid. Julie_ j’ai bien aimé les livres que j’ai vu et en particulier un que j’ai lu de nombreuses fois. Il dépose son stylo et lève enfin les yeux vers moi. Jacob_ je ne pensais pas que tu avais de tel goût littéraire. Julie_ je peux en dire autant de vous. Jacob _ ... Julie_ enfin... Je vous conseille de lire « Les rêves d’une vie antérieure » du même auteur. Je me retourne pour partir. Jacob_ merci. Julie_ ? Je me retourne surprise. C’est à moi qu’il s’adresse ? Non, sûrement à une entité surnaturelle. Julie_ pourquoi me remerciez-vous ? Jacob_ merci pour ce que tu fais pour Nikko. Julie_ oh... C’est vrai que Jacob est très attaché à son petit frère. Il travaille tout le temps et ne le voit pas souvent mais je suis sûre qu’il aimerait partager plus de temps avec lui. Jacob_ vous n’êtes pas obligé mais vous le faites quand même alors je te remercie pour cela. Julie_ vous n’avez pas besoin de me remercier. Je le fais parce que Nikko est un petit garçon très intelligent et adorable. Je l’apprécie énormément. Jacob_ ... Julie_ je... Vous devriez aller vous reposer, le surmenage ne donne rien de bon. Bonne nuit Maître. Je m’incline rapidement et je quitte la pièce. On a eu un échange ! Il a finalement baissé sa garde un instant et j’ai retrouvé la personne que j’avais vu pendant le dîner du premier soir... Maintenant que j’ai vu ce qu’il y a derrière les apparences, je ne peux tout simplement pas les abandonner ces frères...
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