XI L’oncle d’Amérique « Mon cher neveu, Tu avais à peine trois ans quand j’ai quitté l’Europe ; aussi n’est-ce pas par suite du souvenir que j’ai gardé de toi que je t’écris de préférence à tout autre de nos parents. Je ne sais si tu es blond ou brun, brave ou mauvais garçon, mais je suis parti brouillé avec ton père ; et comme, après vingt ans passés loin de mon pays, de mes parents et de mes amis, je prends le parti de venir finir près de vous une vie trop agitée, j’ai cru devoir m’adresser à toi pour que tu prépares ton père et ta mère, ma sœur, à mon retour imprévu. Ces vingt années se sont passées pour moi dans les travaux et les préoccupations du commerce et des affaires d’argent ; il est temps de me reposer et de ne plus user ma vie à la poursuite de ce vil métal que l’on appelle