III Contre l’amitié « On se sert en général un peu trop de certaines pensées toutes faites, à la portée de tout le monde. Il faut avoir des amis partout est une de ces pensées qui se logent entre le crâne et la peau de la tête, de ces pensées qui ne font éprouver aucune fatigue au cerveau, avec lequel elles n’ont aucune communication. J’ai connu en Allemagne un homme jeune, bien fait, à moitié spirituel, passablement brave, riche, en un mot, fort disposé à être heureux. Pour y parvenir, il résolut de mettre en pratique cet aphorisme : Il faut avoir des amis partout. Il donnait à dîner, prêtait de l’argent, sacrifiait ses maîtresses, permettait à qui voulait de rendre ses chevaux poussifs ; il donnait la main à son bottier, et déposait de temps à autre sa carte chez son tailleur. Si un