23Depuis son arrivée à Buenos Aires, Raquel avait perdu toute notion du temps. On devait être à la mi-novembre, se disait-elle sans aucune certitude. La chaleur augmentait, on allait vers l’été.
Ce soir-là, pelotonnée dans son lit qui n’était qu’une misérable paillasse, elle comprit qu’elle avait besoin de réfléchir sérieusement. Ce qui lui arrivait la dépassait, c’était trop lourd pour ses maigres épaules. « Tu es encore trop jeune pour prendre soin de toi », avait dit son père le jour où il lui avait refusé la permission de partir pour cette terrible aventure. Elle n’arrêtait pas d’y penser mais la vie lui avait ôté toute possibilité de faire machine arrière. Était-elle encore trop jeune pour affronter ce monde cruel et terrifiant ? Dans ce cas, se répondit-elle, il ne lui restait plus
