Minette à BébéPREMIÈRE LETTRE. Que vas-tu dire, ma chère Bébé, en recevant cette lettre de moi, de ta sœur, que tu crois morte peut-être, et que tu as sans doute pleurée comme telle, et comme telle oubliée ? Pardonne-moi ce dernier mot, ma pauvre Bébé, je vis dans un monde où l’on n’oublie pas que les morts ; et malgré moi, mes jugements se ressentent de ceux que j’entends faire à ces Hommes, qui méritent bien tous nos dédains. Je t’écris avant tout que je ne suis pas morte, et que je t’aime – et que je vis encore pour redevenir ta sœur, si c’est possible. Il m’est revenu cette nuit un souvenir de notre vieille mère, si bonne et si soigneuse de notre toilette, la plus grande affaire de sa journée, et de sa persévérance inouïe à lisser nos robes de soie, pour nous faire belles, parce qu