Épisode 14

1012 Words
— Eh bien merci !2 ne put-elle s’empêcher de l’interrompre avec une féroce ironie. — Mais pour ma part, j’ai surtout la nette impression que ce n’était pas tant d’avoir failli être violée et tuée qui t’ont le plus affecté. — Que veux-tu dire par là ! — Oh je t’en prie, ne fais pas semblant, tu le sais très bien. — Alors disons que je suis idiote, donc je désirerai que tu l’énonces clairement. — Alors je vais le faire. Nicky ! En entendant son nom, Crystal ne put refréner un geste d’une éloquence indubitable, ce dont son fiancé ne laissa pas passer. — Ah, tu vois, ta réaction est tellement flamboyante ! — Il nous a sauvé la vie. — Mais ce n’est pas moi qui lui ai asséné des mots terribles et ineffaçables ! Crystal se tut un moment avant de poursuivre. — J’étais perdue alors j’ai dit des choses que je ne pensais pas, et que je regrette maintenant d’avoir dit, je… Mais Nathan l’arrêta en levant une main autoritaire. — Je t’arrête tout de suite ma chérie ! Les mots que tu viens de dire ne signifient rien pour moi ! Et les mots que tu lui as dits, tu les pensais. Crystal savait parfaitement que ce n’était pas à lui qu’elle devrait le dire, mais en ce moment présent, il n’y avait que lui. Cette personne était absente. Mais plus que tout, il était un étranger, il n’était plus que ça. Ils emblerait que pour ça, au contraire de son frère, il n’avait aucunement besoin d’un accident pour oublier. Il devait oublier tout ce qui représentait un obstacle pour lui. Crystal regardait son fiancé, dont elle était toujours aussi éperdument amoureuse, si beau si distingué, portant ce matin un polo jaune à rayure vert et un short blanc, une montre hors prix attachée à son poignet. Et elle, Crystal, elle portait une robe courte grenat avec un léger motif floral sur le côté gauche de la poitrine. Elle avait attaché ses cheveux tout au sommet du crâne. N’importe qui les voyant les aurait pris pour un couple parfait, aussi merveilleux à contempler qu’à fréquenter. Mais ce n’était pas le cas. Ca ne l’était plus. L’amour était toujours là, mais quelque chose s’est brisé irrémédiablement. Et bien que Crystal se refusait à le reconnaitre, cela n’avait rien à voir ou presque avoir l’incident dramatique de la nuit dernière. Car si ce fut quelqu’un d’autre, n’importe qui, qui les avait sauvé de ce sort funeste, alors, au contraire, l’évènement, aussi traumatisant soit-il, aurait dû encore plus les rapprocher, sceller leur union déjà si fort et profond. Mais ce ne fut pas le cas, ce n’était pas n’importe qui qui les avait sauvé, et ce fut l’unique différence qui ne pouvait être pardonnée. Nathan ne faisait que chipoter avec son peut-déjeuner, buvant la moitié de son café, tandis que Crystal n’avait même pas touché à sa nourriture. Elle ne faisait même plus semblant. Elle restait là assise, à regarder son repas sans le voir, revoyant encore et encore la scène de la nuit dernière, mais surtout le revoyant lui, si beau et sanglant, si invincible et fragile, si familier et étranger que jamais. — Est-ce que tu l’aimes encore ? Encore une fois, Crystal fut incapable de réprimer un geste éloquent et significatif, trahissant plus qu’avec les mots la vérité. La réalité. Une réalité qu’en cet instant, elle aurait préféré ne jamais exister. Mais c’était tout bonnement impossible. Les choses les plus dérangeantes étaient impossibles à effacer. Le soir, Crystal sortit pour se rendre au bar de Leandro. Ce dernier s’y trouvait et semblait même s’attendre à sa venue. Bien qu’encore fortement bouleversée par ce qui leur était arrivé, la jeune femme n’oublia pas de se faire belle pour venir visiter le bar de son ami, elle avait mis pour l’occasion une robe courte tropézienne bleue électrique ainsi que des escarpins à motif papillon révélant ses jambes aussi blanches que fines. Elle était sublime comme à son habitude. Elle alla s’installer à leur table et attendit que Leandro s’approche d’elle, ce qu’il fit seulement quelques minutes après son entrée. — Bonsoir Leandro. — Bonsoir, ma chérie. Tu es superbe. — Merci. Elle soupira. — Leandro. — Je sais. — Tu sais ? — Oui. Mais comment, et d’abord, qu’est-ce-que tu sais. — Ce que tu t’apprêtais à me révéler en venant ici. — Et qu’est-ce que tu crois que je m’apprêtais à te révéler ce soir ? — D’après toi ! Crystal soupira de nouveau et baissa un instant la tête en signe de découragement. — Donc pour arrêter de jouer avec les mots, Nicky… — …est venu en personne pour m#apprendre la verité. Ou du moins, une partie. Crystal sursauta et se leva à moitié, plongeant son regard stupéfait dans celui, calme mais mélancolique de son ami. — Il est ami. Nicky es venu te voir. — Oui, et pour ne plus créer un autre malentendu aussi géantissime que celui dans lequel nous étions plongé depuis des mois, oui, il s’agissait du vrai Nicky, pas de son frère Ronald. Crystal se mordit la lèvre, et prit conscience de son incorrigible inconsidération. — C’était Ronnie qui était avec nous durant tous ces mois, Ronnie qui était devenu notre ami, et moi je n’étais même pas allée le voir. Je n’y ai même pas pensé. Je l’ai complètement oublié. Crystal eut un rire amer. Elle en avait un peu trop souvent depuis quelque temps. — Quelle ironie, il n’ait vraiment pas besoin de perdre la mémoire pour oublier complètement un être. — Ne t’inquiète, tu es déboussolée, c’est tout. J’y suis allé. Quand Nicky est parti, je suis allé le rendre visite, à notre ami, bien qu’il ne soit pas Nicky. Et il va bien. On a pu facilement extraire la balle. D’ici peu, son accident ne sera à nouveau plus qu’un mauvais souvenir. Mais la jeune femme ne l’écoutait déjà plus. Elle n’était préoccupée que par une seule chose, un seul être. — Nicky, il est resté longtemps ?
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