Mais qu’elle ne fut pas leur surprise encore une fois quand l’ancien amant de Crystal leur révéla qu’ils s’étaient souvenus des vint première années de sa vie, et que le reste étaient en train de suivre lentement.
— Bientôt, je me souviendrai de tout.
— Et donc, de ton passé avec Crystal. ne put s’empêcher de faire remarquer Léonie avec un regard anxieux. Ainsi que de la raison qui t’a poussé à me quitter jadis.
Mais son fiancé la rassura au moins sur le premier point.
— Tu sais très bien que même si tout reviendra, et tout va revenir, rien ne changera entre nous, et encore moins mes sentiments. Et vous savez quoi ! s’exclama-t-il comme sur le point d’annoncer une grande nouvelle. J’ai…
Mais il ne put achever sa phrase car une musique triomphante s’éleva annonçant l’arrivée du gâteau, une merveille d’une dimension démesurée et composée de cinq étages recouvert de fruits et de chocolat.
— C’est sûr que ça va être un délice bien que la majorité va finir à la poubelle. Comment pourrait-on jamais finir cela. fit remarquer Nathan en resserrant son étreinte possessif autour du corps consentant de sa compagne.
— C’est la vie. fit-elle valoir avec un air faussement désinvolte mais aussi désolée que son amour pour le destin du gâteau.
— Gâteau hein… murmura Nicky tout en plissant les yeux en fixant le gâteau comme s’il en voyait un autre. Il avait l’impression de se souvenir à nouveau de quelque chose. Son oubli était visiblement en train de se dissiper. Alors Crystal se rappela qu’il était sur le point de leur dire quelque chose, ou plus précisément de leur révéler quelque chose, et elle était convaincue que c’était très important, même d’une importance capitale. Elle ne savait d’où lui provenait une telle certitude mais elle était là, ancrée en elle. Elle lui demanderait ce que c’était plus tard. Elle ne l’oublierait pas, c’est certain.
— Pourquoi cinq étages ? quelqu’un demanda à Karl se tenant au milieu de la salle avec son énorme chef d’œuvre sucré dont il avait déjà picorée quelques fruits.
— Parce que c’est le nombre préféré d’une personne qui…
— …qui signifie beaucoup pour vous ? acheva une autre invitée voyant que leur hôte s’interrompit. D’ailleurs, il ne répondit que par un sourire.
— Le même nombre préféré que celui de cette personne. murmura encore Nicky en souriant d’une manière douloureuse.
Crystal aurait voulu lui demander de qui parlait-il, mais Karl commença un cours discours, de remerciement un peu piqué ici et là de plaisanterie tout à fait adéquate et très comique qui fit rire les invités sans aucune arrière-pensée.
Puis ce fut la coupure du gâteau, les applaudissements, le partage de l’œuvre d’art dont la plupart des invités ne purent finir, et enfin leur départ.
Il était tard, presque minuit. La fête était très réussie. Tout le monde s’est bien amusé. Il ne restait plus qu’une dizaine de personnes dont le couple Leocky. Nathan et Crystal se regardèrent et le désir flamba entre eux, alors d’un accord tacite, plein de promesse, ils s’approchèrent de Karl qui discutait tranquillement avec son grand-frère pour lui annoncer à son tour leur départ.
— Merci oncle Karl, cette fête était incroyable. Vivement la prochaine ! lui exprima son neveu en lui tendant la main que son oncle serra avec chaleur, du moins, c’est ce que voulut croire Crystal.
— Souhaitons alors que nous soyons tous encore là pour le prochain anniversaire et que je sois encore riche.
Ils éclatèrent de rire.
Nathan s’adressa à son père.
— Tu pars avec nous ou bien…
— Je vais encore rester un peu. fit-il en passant un bras tendre sur les épaules de son jeune frère qui lui sourit plus chaleureusement qu’avec son neveu.
— Alors… mais on ne saura jamais ce que Nathan voulut dire car le visage de Karl se métamorphosa totalement, et un sourire comme ils n’en virent jamais apparut sur ses lèvres, et tout cela à cause de quelque chose, non de quelqu’un qu’il vit derrière eux. Surement un nouvel arrivant, car aucune personne présente ne suscita cette réaction de lui. Crystal voulut se retourner à son tour pour voir la personne capable de révéler ce Karl au monde entier, mais un verre brisée attira d’abord son attention, ce fut celui de Léonie qui regarda maintenant l’arrivant avec un visage blême, d’une pâleur à faire peur comme si elle voyait un revenant, et Nicky, son Nicky qui semblait ne plus l’être, et elle eut raison de le penser.
***
Mais elle oublia tout, tout et tout le monde, même son amour, quand elle se retourna finalement pour poser les yeux sur cette personne qui a provoqués des réactions sans précédents à tous les êtres qui l’entouraient.
Ce moment non plus, jamais Crystal ne l’oubliera. Ils avaient raison, ces philosophes, savants et beaux parleurs, la seule constance de la vie était son imprévisibilité. Et elle, elle avait eu tort, ce n’était pas qu’elle avait finalement et définitivement cessé d’aimer Nicky, non, elle s’était simplement trompé de personne. Le vrai, l’authentique, son Nicky, son premier et inoubliable amour venait d’Arriver et maintenant se dirigeait droit vers elle, non, droit vers Karl, lequel fit de même et le prit dans ses bras pour une longue, profonde étreinte.
— Je croyais que tu ne viendrais pas. fit Karl, une telle émotion dans la voix ainsi que sur tout le visage. Une émotion presque insoutenable, presque égalant celle de Crystal. Mais qui ne l’égalait pas.
— Et manquer cette merveilleuse fête qui à ce que je constate est presque terminé. Et en plus, j’ai oublié ton cadeau chez moi.
— Je savais que tu n’étais qu’un enfoiré.
Le même visage, la même voix que l’autre, mais si différent aussi. Et elle ne parlait pas des lunettes, très stylées et qui lui allaient bien, elle devait l’admettre. Un être que Crystal a à un moment de sa vie, aimé plus que tout.
Et sa voix à elle, s’était tue comme pour ne plus jamais revenir.