Le clan Meigui (Livre 2) - Dragon d’Azur

3 : pièce d’eau

Aspen avait été guidée dans une grande salle richement décorée. Elle pouvait distinguer des poteaux au diamètres imposants ,où, des dragons avaient été gravés dans le bois.

Ses sens revenaient peu à peu et elle se rejouait la scène qui s'était produite une heure avant dans la salle du trône.

Des servantes inconnues étaient venues la changer.

Elle ne portera plus les tuniques mongols aux dessins symétriques et réguliers. Ses habits ne seront plus brodés des motifs d'aigles sur sa poitrine et d'ossements sur le bas de ses robes.

Désormais, elle serait la Dame de l'Est, épouse du Dragon d'Azur, fils du trône du Si Shòu et maître du sceau autorisant les droits de passage entre les Terres Sauvages et celles de l’Est.

On lui présenta un long manteau de soie bleue. Elle ne put s'empêcher de toucher du bout des doigts le tissu et d'en apprécier la douceur.

Au niveau des épaules avait été brodé un dragon doré. La robe qu'elle devrait dorénavant porter en dessous de son manteau était faite d'un tissu extrêmement fluide et semblait fragile tant il était fin. L'artisan qui avait fabriqué sa robe devait être une personne de renom pour avoir été capable d'assembler des tissus aussi rares et délicats.

Elle n'avait jamais porté de tels vêtements et elle n'aurait jamais pu imaginer qu'un jour elle en possèderait de semblables.

Une des servantes venait de terminer de la déshabiller et la conduisit dans une autre pièce à part où un bain fumant l'attendait.

Aspen ne put s'empêcher d'émettre un petit cri devant le bassin profond aux bords d'ivoire, constuit à même le sol, qui se trouvait devant elle. Elle tapa dans ses mains d'excitation ce qui fit rire les servantes.

Celle qui l'avait guidée à la pièce d'eau l'aidait à présent à descendre à l'intérieur. Elle frappa trois fois dans ses mains et deux autres servantes vinrent s'occuper de défaire les longues tresses que portait Aspen.

Les servantes s'exclamèrent devant la beauté des cheveux d'Aspen. Elle rougissait devant les compliments de ces inconnues.

Aspen était habituellement quelqu'un de réservé et n'avait pas l'habitude d'échanger avec des femmes. Elle avait grandi en se tenant à distance de tous et avait ainsi développé un sens aigu de l'observation.

Elle savait ainsi que les servantes qui se tenaient devant elle étaient sincères et qu'elles ne lui voulaient aucun mal. Elles lui faisaient penser à des moutons : douces et aimables...bien loin de ce qu'elle même était en réalité.

Une des servantes lui enduisit les cheveux d'une huile tandis qu'une autre lui frottait le dos. Quand elles eurent terminé, elles s'inclinèrent et se retirèrent.

Une voix d'homme se fit entendre : « Le Seigneur de l'Est ! 100 ans de gloire ! »

Aspen se demanda pourquoi tant de raffut quand elle pu distinguer des bruits de pas se rapprochant d’elle.

Elle s'enfonça dans l'eau jusqu'à ce qu'elle lui arrive au dessus du nez. Seuls ses yeux restaient en surface pour observer. Elle rassembla ses jambes contre sa poitrine et positionna ses bras devant elle en appui contre le fond en marbre du bassin.

La panthère se tenait prête à bondir devant toute menace.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir Seiryu se présenter sous ses yeux.

Il regarda droit devant lui, l'air vague, et écarta les bras. Les trois servantes entrèrent à nouveau et entreprirent de le déshabiller mais il les arrêta quand elles voulurent l'aider à ôter son pantalon de soie noire et son haut de soie blanche.

Il entra dans l'eau et une des servantes retira les riches ornements de son chignon et le dénoua libérant ainsi ses cheveux noirs qui tombèrent en cascade jusqu'au bas de ses reins.

Il fit nonchalamment un signe de main aux servantes pour leur dire de sortir.

****

Seiryu entra dans l’eau et posa les coudes sur les bords du bassin. Il posa le dos de sa tête contre le dallage marbré de la pièce d'eau. Il semblait perdu dans ses pensées et ne prêtait pas la moindre attention à sa jeune épouse.

Aspen ne savait que faire. Elle prit une position plus naturelle et alla se placer à l'angle le plus éloigné du bassin. Elle fit mine de jouer avec les pochons parfumés que les servantes avaient laissés et tentait d'en deviner les essences.

Elle crut reconnaître la fleur d'oranger car elle avait parfois eu la chance de pouvoir en sentir dans les huiles de la première épouse de son père. Elle reconnut le santal, l'odeur de la troisième épouse.

Une odeur sembla lui rappeler des souvenirs. L'essence faisait remonter en elle un sentiment de douceur et de bien-être. Elle cherchait d'où venait ce parfum. Où l'avait-elle senti ? A qui appartenait-il ?

Sans s'en rendre compte Aspen avait fait le tour du bassin et s'était rapproché de Seiryu.

Quand ses jambes entrèrent en contact avec les siennes, elle leva la tête et vit que ce dernier était resté dans la même position et avait à présent les yeux fermés.

A l'aide de son pouce et de son index, elle vint tirer légèrement le bout de la manche de son haut en soie blanche.

Il ouvrit un œil et la fixa sans bouger davantage.

Aspen lui demanda : « Odeur... quoi être ? »

Elle avait tenté de faire une phrase dans la langue du Sì Shòu. Malheureusement pour elle, sa cinquième mère avait fait en sorte que les autres femmes ne pratiquent que la langue du Shijî, d'où elle était issue.

La cinquième prétendait que seule sa langue était la meilleure puisqu'elle permettait de circuler à travers les grandes nations. Aspen n'en n'avait jamais douté puisque son monde se limitait au territoire des Suyeks.

Comme Seiryu ne lui répondait pas, elle tira avec plus de force sur la manche délicate.

Le dragon, à présent réveillé de sa torpeur, fit un mouvement brusque de retrait faisant basculer au passage la panthère.

Ils se regardèrent tous les deux avec surprise.

Lui, à cause de l'audace de cette jeune femme nue. Elle était si proche de lui qu'il pouvait sentir son souffle sur sa peau.

Elle, à cause de ce geste qu'elle avait interprété comme du dégoût à son égard...après tout, c'était la réaction à laquelle elle avait été habituée dans sa tribu.