Chapitre 5

2728 Words
_ Mademoiselle Gill... Quelle surprise ! Son ton n'avait rien de chaleureux. Il la détailla de la tête aux pieds comme jamais auparavant. Hier encore il pensait que Clara Gill ne pouvait pas être coquette. Eh bien aujourd'hui, elle venait de lui prouver le contraire. Leen avait posé la main sur son bras et était sur le point de lui dire quelque chose d'important lorsqu'il avait perçu le bruit de la vaisselle qui se cassait. La première chose qu'il vit était une masse soyeuse de cheveux blonds, puis une robe blanche révélant l'entièreté d'un dos à la peau crémeuse et satinée. Il avait immédiatement su que c'était elle car personne d'autre ne possédait ce corps de déesse et ces jambes interminables. Ce restaurant était le dernier endroit où il aurait pensé la trouver. _ Monsieur Thomsen... Je- _ Vous me suivez maintenant ? _ Quoi ? Non ! Je cherchais juste les toi- _ Clara? s'éleva soudainement la voix de Lance. Elle se retourna et découvrit le blond qui venait de pénétrer les lieux. Bjarke détailla le nouveau venu. Il fronça les sourcils en blond à l'aspect fort banal passer un bras autour des épaules de la jeune femme. Qui était-il pour Clara ? Un ami ? Un amant ? La dernière option l'affligea... presque. _ Que fais-tu là ? Je croyais que tu cherchais les toilettes. _ Je me suis perdue, mentit-elle avec gêne, ce restaurant est si grand. Monsieur Thomsen, je ne vous espionnais pas. J'étais juste à la recherche des toilettes comme viens de le dire mon...mon... _ Compagnon, complétant Lance en la voyant tâtonner. Je me présente, je suis Lance Hogan. _ Bjarke Thomsen. _ Je sais, vos tableaux sont connus au-delà des frontières du Massachusetts. Bjarke lui serra la main sans que le cœur n'y soit. Il n'appréciait pas le fait qu'elle vienne dîner avec un autre homme. C'était donc à cause de lui qu'elle avait refusé de garder Storm ? Tenait-elle à lui à ce point ? Il voulut immédiatement bousiller leur rendez-vous en s'y immisçant. _ Et si vous veniez vous joindre à nous? _ Q-quoi ?! bégaya Clara. Elle regarda en direction de la brune qui accompagnait Bjarke. Celle-ci regardait le trio avec curiosité se demandant sûrement qui ils étaient pour Bjarke. Clara n'avait pas envie de parler avec elle. _ C'est que- _ Nous serons ravis de nous joindre à vous, la coupa Lance visiblement ravi d'être aux côtés d'une célébrité. _ Mais nous avons déjà fini de manger ! protesta-t-elle avec un regard suppliant à l'endroit de Lance qui ne sembla pas comprendre ses signaux désespérés. _ Alors restez prendre une boisson. De toute façon, nous avons fini nous aussi et nous allions commander des cafés. _ Moi, ça me va. _ Bien, dans ce cas veuillez me suivre, conclut Bjarke impassible. Lorsqu'il se mit à marcher devant eux pour leur montrer le chemin, Lance se pencha vers elle et lui murmura discrètement. _ Tu ne me pas dit que tu connaissais Bjarke Thomsen. _ Tu ne me l'avais pas demandé, fit-elle un peu sèchement. Il venait à peine de se rencontrer, elle n'allait quand-même pas lui citer les noms de tous les personnes qu'elle connaissait ! Et puis comment avait-il osé décider pour elle ? La voilà contrainte de terminer la soirée en compagnie de Bjarke qui n'allait pas se gêner pour jouer les amoureux avec sa copine du moment. _ Bjarke ! Que se passe-t-il et qui sont ces gens ? questionna la brune en les voyant arriver. Il se chargea de prendre la chaise d'une table avoisinante et laissa Lance se débrouiller seul. Comme il l'avait fait à son amie, il attendit que Clara prenne place avant pousser le siège en avant. Après quoi il reprit sa place en face de Leen avant de répondre à sa question. _ Leen, laisse-moi te présenter Clara Gill, elle s'occupe de Storm à la garderie. Et voici... Lancelot. _ Lance, corrigea le concerné. Lance Hogan. _ Eilleen Peterson, se présenta-t-elle à son tour. _ J'espère que ça ne te dérange pas qu'ils se joignent à nous Leen. Ainsi donc c'était elle la fameuse "Leen" avec qui il discutait au téléphone le soir où elle l'avait vu sourire pour la première fois... _ Non, au contraire. Les amis de Bjarke sont aussi les miens. _ Nous ne sommes pas amis, firent Bjarke et Clara en même temps. Les deux se lancèrent des coups d'œil avant qu'il ne détourne le sien pour appeler le serveur. Il demanda à ce qu'on leur apporte quatre cafés et qu'on ajoute la note de Lance et de Clara à la sienne. _ Ce n'est pas nécessaire monsieur Thomsen. _ Ça me fait plaisir. _ Alors...Clara c'est bien ça ? l'aborda Eilleen avec un mince sourire. _ Oui. _ Comment est Storm à la crèche ? Pourquoi lui demandait-elle ça ? Voulait-elle des astuces pour être une bonne mère pour Storm ? S'énerva la blonde. Cependant elle tâcha de lui répondre avec calme. _ C'est un enfant très intelligent et il adore dessiner. Elle repensa à la réaction abusée que Bjarke avait eu hier lorsqu'elle lui avait remit le dernier dessin de Storm. Il ne voulait peut-être pas que Storm devienne artiste-peintre et plasticien comme lui. _ Normal, il tient cela du grand artiste qu'est son père, lança-t-elle en adressant un clin d'œil au concerné qui renfrogna la mine pour une raison inconnue. Clara se retint pour ne pas la gifler. Pourtant Leen n'avait pas l'air bien méchante et elle n'avait rien fait de mal. C'est juste qu'elle ne supportait pas de la voir si proche de Bjarke comme s'ils étaient fiancés ou même mariés. Cette femme était belle, douce et intelligente. Bref elle correspondait à Bjarke. Clara se dit que si elle n'était pas si follement amoureuse de lui, elle se serait sans doute éclipsé devant cette concurrente de taille. Car oui, c'était une concurrente, ça se voyait à la façon dont elle le regardait en buvant ses paroles aussi peu soient-elles. _ Et vous Lance, que faites-vous dans la vie ? _ Je suis maître nageur. _ Oh... C'est... intéressant et risqué comme travail non? Contrairement aux deux hommes, Clara avait remarqué la légère moquerie et le tic d'Eilleen. Était-elle snobe ? Enfin une faille dans cet amas de perfection, enfin une bonne raison de la détester sans culpabiliser. _ Au début ça peut s'avérer risqué. Mais on prend de l'expérience avec l'âge. C'est un métier tout à fait honorable. _ Je n'en doute pas. C'est vraiment admirable de sauver les gens. Ne trouves-tu pas Jarky ? "Jarky"? répéta Clara silencieusement en haussant discrètement un sourcil. _ Hm ? fit-il en redescendant sur terre. _ Où étais-tu amour? "Amour"? AMOUR ?! faillit hurler la blonde. Elle eut envie de pleurer. Une autre femme l'avait appelé "amour" et il n'avait rien dit. Si c'était elle avait tenté d'employer ce mot tendre, il l'aurait déjà fusillée du regard. Mais avec Leen, ça passait comme des paroles huilées. Qu'y avait-il entre ces deux là ? Avaient-ils déjà couché ensemble ? Bjarke qui n'avait cessé de fixer Clara fut contraint de se tourner vers Leen qui semblait attendre une réponse. Heureusement le serveur leur apporta les cafés en ce moment précis, interrompant leur discussion. La blonde quant-à elle, sentant qu'elle était sur le point de pleurer, elle en profita pour s'excuser. Elle demanda discrètement au serveur où se trouvaient les toilettes. Cette fois-ci elle comptait vraiment s'y rendre. Lorsqu'il lui indiqua la direction à suivre, elle s'enfuit à grandes foulées. Elle vérifia qu'il n'y avait personne et s'enferma dans une cabine, heureuse d'échapper à tout ce cirque. Ici elle pouvait pleurer tranquillement sans en avoir honte. Elle avait besoin de Sorrow, maintenant. Ayant pris son sac à main avec elle, Clara composa le numéro de son amie et lança un appel vidéo en priant pour qu'elle décroche. Quelques secondes après, l'écran montra le visage rayonnant de Sorrow. Elle était vêtue d'un maillot de bain bleu ciel et Clara constata qu'elle devait être au bord d'une piscine. Clara s'efforça de ne pas la jalouser mais en vain. Comment ne pas envier son bonheur ? Sorrow avait tout ce qu'elle n'avait pas, tout ce pour quoi elle bataillait encore. Le sourire de la brune se fana lorsqu'elle vit son amie en pleurs. _ Merde, jura Sorrow. Ce fut autour de Léa d'apparaître à l'écran. Clara et elle avaient sympathisé lors du mariage de leur amie commune, lorsqu'elles avaient été ses demoiselles d'honneur. Léa était elle aussi mariée à un certain Tom et elle allait accouché d'un garçon d'ici un mois. _ Salut clarinette ! Comment vas ... Bah pourquoi tu pleures ? Pour toute réponse, Clara éclata en sanglots. _ Pourquoi est-ce qu'elle pleure ? redemanda la métisse en tournant la tête vers Sorrow. _ Je parie que c'est encore de la faute à ce Danois de malheur, cracha celle-ci en enlevant ses lunettes de soleil. _ Quoi, encore ! Moi qui pensais que c'était désormais une vieille histoire... _ Qu'est-ce que ce s****d t'a fait cette fois-ci ? _ JUSTEMENT IL N'A RIEN FAIT ! hurla-t-elle à travers ses pleurs. Il ne fait jamais rien, c'est là tout le problème. Le dernier mot mourut dans un nouveau sanglot. _ Clara, abandonne parce que tu mérites mieux. Laisse tomber cet homme ! _ Jamais. Pas question de le laisser à cette Leen. _ Qui est Leen ? _ Oui, qui est Leen ? répéta Léa. _ Une amie à lui. _ Danger. _ Exactement Léa. Oh les filles, si vous la voyiez ! se lamenta la blonde. Elle est tout ce que je ne suis pas. Elle est belle, bien en chair, et en plus c'est une avocate de renom. En plus elle se permet de lui donner des petits surnoms. _ Là n'est pas la question ! Peu importe les choses qui te différencient d'elle, ça ne devrait pas compter à ses yeux. En plus je suis certaine que tu es beaucoup plus magnifique. _ Sorrow, cette femme est folle amoureuse de lui. _ Un peu comme toi. _ Le fait qu'elle soit son amie lui donne beaucoup d'avance, déclara Léa en aspirant un cocktail de fruits avec une paille violette. _ Il est à moi ! fit Clara capricieusement. _ J'ai mal de te voir dans cet état à cause de lui. Je suis presque à deux doigts de te conseiller d'aller voir un psy. _ Wow, wow, wow ! Une minute, on se calme. Si je comprends bien, tu continues à courir après cet homme qui s'en fout royalement de ta personne, et qui préfère jouer les garçons difficiles à avoir. Et pour couronner le tout, cette Leen veut devenir plus qu'une simple amie ? _ Euh... C'est à peu près ça, répondit Clara incertaine. _ Comment t'es-tu débrouillée pour te retrouver au milieu de ces deux là ? s'enquit Sorrow. _ J'étais venue dîner avec Lance et il a fallu qu'ils viennent dans le même restaurant eux aussi. _ Lance ? C'est encore qui celui-là ? Je commence à me perdre là. _ Je t'expliquerai plus tard. _ Pourquoi faire tant d'histoire alors que la solution est si simple ! Un homme quand ça veut pas céder, on le v***e, intervint Léa. _ QUOI ?! s'écrièrent les deux autres. _ Vous avez bien entendu. Mais avant tout, tu devrais l'embrasser par force. Peut-être qu'il aimera et ça lui ouvrira les yeux une bonne fois pour toute. Elle ? Abuser sexuellement de Bjarke ? L'idée était tentante mais comment y arriver ? Bjarke était physiquement plus fort qu'elle. Et il aura tôt fait de la maîtriser. _ Léa, pourquoi tu lui fourres des idées pareilles dans la tête alors que tu sais parfaitement bien qu'elle est facilement influençable ? On croirait que tu lui conseilles juste d'aller acheter un bonbon au coin d'une rue. C'est mal ! _ Ne sois pas si dramatique, je veux juste l'aider, dit la métisse en levant les yeux au ciel. Et puis ce Danois ne va pas mourir juste parce qu'elle l'aura embrassé sans qu'il ne s'y attende ! Il devrait plutôt être content car peu de femmes osent prendre les devants. _ Bravo, maintenant elle va se mettre à cogiter sur comment on abuse d'un homme. C'est un crime ça ! _ Appelle ça comme tu veux. D'ailleurs ce n'est pas un quelconque crime, c'est une sorte de "crime passionnel", nuance. _ On doit la faire sortir de cette situation et non l'enfoncer encore plus ! _ Ce n'est pas comme si elle était encore vierge et que je l'envoyais sur l'autel sacrificiel des pucelles. _ Léa ! _ Es-tu vierge Clara ? _ N-non... Je l'ai fait une fois... c'était l'année dernière. Elle se souvint de cet épisode désastreux. Pour tenter d'oublier Bjarke, elle était allée dans un bar toute seule. Elle avait rencontré ce type dont elle ignorait le nom. Tout ce dont elle se souvient c'était qu'il avait une assez belle gueule et qu'il était barman. Il l'avait servi verre sur verre et elle avait enchaîné les alcools shot après shot, trinquant en l'honneur de l'homme qui l'humiliait sans cesse. Après son service il emmené dans un motel et avait profité de son état. L'esprit embrumé par l'alcool, elle s'était docilement laissée faire, allant même jusqu'à oser le sexe oral. Le lendemain elle s'était sentie salie, elle n'était plus jamais retourné dans ce bar, n'avait plus jamais cherché à rentrer en contact avec ce barman de malheur. De toute les façons, il était sûrement le genre de type à se faire des conquêtes d'une nuit. Par chance, ils s'étaient protégés cette nuit là. _ Bah voilà, ça ne te coûte rien de tenter le coup. Au pire des cas tu te retrouveras en prison mais compte sur Nikolaï pour te faire sortir. _ Enlève le nom de mon mari dans cette histoire ! _ Et pourquoi je ne devrais pas citer son nom ? Il faut bien qu'il serve à quelque chose non ? _ Je vais le faire, fit Clara d'une voix calme et presque robotique comme si elle venait d'être hypnotisée par le conseil de Léa. _ Clara, non ! Léa regarde ce que tu viens de provoquer comme catastrophe ! _ C'est bien ma belle. Tu veux cet homme ? Prends-le. _ Clara n'écoute pas cette folle. S'il est vraiment l'homme de ta vie, ne force pas les choses et laisse le venir à toi. _ Je ne suis pas d'accord Sorrow ! Si elle fait ça, elle risque d'avoir quatre-vingt dix ans avant de se marier. Clara, c'est à toi de voir. Si j'étais à ta place, ce type serait déjà à mes pieds. N'appelle pas tant que tu n'auras pas volé ne serait-ce qu'un b****r à ton Bjarke. Est-ce clair ? Clara hocha docilement la tête comme une lobotomisée. _ Bonne fille ! Bon, on te laisse, Sorrow doit m'aider à faire mes exercices de natation prénatale. Bye ! Léa arracha l'appareil des mains de Sorrow et coupa la communication avant même que cette dernière puisse en placer une. Avec un soupir, Clara rangea son téléphone dont la batterie était presque à plat. Embrasser Bjarke sans qu'il ne s'y attende, plus facile à dire qu'à faire. Les jambes tremblantes, elle quitta la cabine et alla se laver les mains d'un air absent. Cette histoire allait finir par la rendre dingue. Son esprit lui disait que l'idée de Léa était plus que saugrenue, mais son corps réclamait à tout prix celui de Bjarke. Elle se regarda un instant dans le miroir et décida de se remaquiller car son visage était devenu hideux. Au bout de cinq minutes, elle se reconstitua un air serein... Du moins en apparence puisque intérieurement, c'était la catastrophe. Elle décida donc de quitter les toilettes, les autres devint s'inquiéter vu que ça faisait presque quinze ou vingt minutes maintenant. En plus elle avait abandonné Lance avec deux personnes qui lui étaient complètement étrangères. En ouvrant la porte, Clara faillit lâcher un cri d'effroi. Et pour cause, Bjarke était nonchalamment appuyé dos contre le mur d'en face, fixant intensément droit devant lui comme s'il n'attendait qu'elle. Leurs yeux s'accrochèrent immédiatement et elle manqua de tressaillir. Que lui voulait-il à présent ? Que devait-elle faire ? « Vole-lui un baiser».
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