Prologue

1132 Words
— Katrina, reviens immédiatement, tonna un homme aux traits déformés par la colère tout en s'élançant dehors à la poursuite de sa femme. Sous la pluie battante et caché par la végétation entourant la luxueuse propriété, le jeune couple se donnait en spectacle. Leurs vêtements leurs collaient à la peau et leurs cheveux étaient plaqués sur leurs crânes. L'un courait après l'autre, réclamant son attention. On aurait pu croire en une simple dispute d'amoureux mais la réalité était beaucoup plus sombre. Il faisait un temps à ne pas être dehors mais rien ne pouvait arrêter la jeune et belle Katrina. Malgré son état de grossesse avancé, celle-ci marchait à vive allure tout en traînant derrière elle une grosse valise remplie de vêtements qu'elle y avait fourré à la va-vite et ce, sans prendre la peine de bien la refermer. Sa voiture n'était plus loin, encore une dizaine de mètres. Elle serra furieusement la clé du véhicule dans sa main tremblante pour être sur de ne pas la perdre en chemin. Elle grelottait de froid mais c'était le prix à payer pour être enfin libérée de son mari. Au dessus de leurs têtes, le tonnerre gronda affreusement sans qu'ils n'y prêtent réellement attention. Bjarke arriva à son niveau et tira la valise à lui, ce qui eut le don de stopper brièvement la jeune femme qui chancela néanmoins. Son mari la rattrapa par peur qu'elle ne tombe. Une fois la surprise passée, elle le repoussa violemment et recommença sa marche saccadée, bien décidée à quitter les lieux avec ou sans ses effets personnels. Excédé, son époux finit par lui attraper le poignet pour la retenir une bonne fois pour toutes. — Laisse-moi partir ! — Pourquoi ? Pour que tu ailles le rejoindre avec mon enfant ? — Tu sais pertinemment bien que ce n'est pas- — ASSEZ KATRINA, ASSEZ ! la coupa-t-il avec fureur. Il se retint de la secouer comme un prunier à cause de son état de grossesse. — NON, TOI ASSEZ ! hurla-t-elle à son tour avec le visage humide de larmes incontrôlables et d'eau de pluie. Bjarke se força à se calmer. Sa femme se mettait déjà bien assez en danger avec ses violentes crises de colère. Il ne voulait pas en rajouter mais le fait était qu'elle le poussait à bout. Presque chaque jour, elle menaçait de le quitter. Pour un oui ou pour un non, elle prenait la porte de sortie et il en avait de plus en plus assez de ce comportement. Depuis des mois maintenant, il luttait pour sauver leur couple mais Katrina s'évertuait à détruire chaque parcelle d'effort qu'il fournissait. Et lui, il supportait. Il le faisait pour le bien de leur enfant à naître. Ce sacrifice, il le devait à ce petit être innocent. Ce n'était pas de la faute de ce bébé si Katrina avait été naïve et continuait d'être inconsciente. — Ne vois-tu pas qu'entre nous plus rien ne va ? reprit la brune avec un peu plus de calme comme pour l'amadouer. Pourquoi me retiens-tu alors qu'on ne fait que se déchirer ? Nous ne sommes plus heureux ensemble. On se blesse mutuellement et il est tant que ça cesse. Ces propos ne plurent pas du tout à Bjarke. — Ça cessera quand je l'aurais décidé. Je vais me battre pour nous, pour notre bébé. Comme pour illustrer ses propos, Bjarke essaya de toucher son ventre mais elle se dégagea loin de lui. — Ne me touche pas ! Tu me dégoûtes. Tu m'entends Bjarke ? Tu me donnes la nausée ! J'aurais préféré ne jamais t'avoir rencontré. La mâchoire de Bjarke tressauta d'une fureur mal contenue. — Tu ne le penses pas. — Si, cracha son épouse comme une possédée. Pour lui prouver le contraire, il l'attira dans ses bras musclés et la retint prisonnière. — Qu'est-ce-que... lâche-moi ! D'une main, il l'attrapa par les cheveux mais sans intention de lui faire du mal. Il maintint ainsi sa tête en place du mieux qu'il pouvait. La malheureuse essaya d'échapper au b****r à suivre mais en vain. Bjarke avait le contrôle. Il écrasa furieusement ses lèvres aux plis durs sur les siennes. Katrina se débattit encore plus furieusement et finit par le mordre. Il la relâcha instantanément et reçut aussitôt une gifle retentissante en plein visage. Sa tête dévia sur le côté. Un silence uniquement troublé par la pluie s'installa entre eux. Durant une fraction de seconde un certain élan de regret traversa le regard de Katrina mais ce fut très fugace et la haine reprit bien vite le dessus. — Ne me touche plus jamais, elle le menaça froidement tout en le pointant du doigt. Bjarke se massa la mâchoire endolorie avant de fixer intensément son épouse rebelle. Essoufflée, elle respirait lourdement en dardant sur lui un regard enragé. Elle retira sa bague coûteuse et la lui balança à la figure. Ce geste insultant brisa un peu plus le malheureux homme. Sa femme venait de piétiner le symbole de leur union à la dérive. Que leur était-il arrivé ? Où était passée l'époque où ils étaient un couple heureux ? Bjarke avait failli à sa mission, il n'avait pas su protéger Katrina du monde extérieur et aujourd'hui, leur couple était au bord de l'agonie. Mais il ne comptait pas abandonner. Lentement il se baissa. Sans pour autant quitter sa femme de ses yeux sombres, il ramassa le joyau en or et en diamant. Les sourcils et les cils parsemés de gouttelettes d'eau, il se redressa et se saisit de sa main sans plus lui laisser une chance de s'échapper. Il lui remit la bague au doigt tout en disant : — Tu es et demeura ma femme Katrina. Il est hors de question que je signe les papiers du divorce et te laisse partir avec ce vaurien. Accepte-le dès maintenant et mieux ce sera pour tout un chacun de nous. C'est "jusqu'à ce que la mort nous sépare". Tu t'en souviens ? il lui demanda après avoir cité cette emblématique partie des vœux échangés le jour de leur mariage. Complètement raide et vaincue, elle ne sut plus quoi dire en guise de réplique. — Maintenant oublions l'incident qui vient de se produire et retournons à l'intérieur afin que tu te sèches sinon tu vas tomber malade. J'appelerai le médecin pour qu'il viennent t'examiner aussi vite que possible. Je vais te préparer ton thé préféré et te peindre. Tu sais à quel point tu m'inspires. Il osa appuyer ses dires avec un sourire tendre quoique teinté d'amertume. — Je t'aime Katrina. — Et moi je te déteste Bjarke. Tellement, appuya la brune avec une voix enrouée par la colère, l'impuissance et la tristesse. "Et si c'est la mort qui doit nous séparer, alors soit", ajouta-t-elle en son fort intérieur.
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