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La reine Margot

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Set in Paris during the reign of Charles IX and the French Wars of Religion. The novel's protagonist Margot, daughter of the deceased Henry II and the infamous scheming Catholic power player Catherine de Medici. Although Margot herself is excluded from the throne by the Salic Law, her marriage to a Protestant prince offers a chance for domestic reconciliation during the late 16th century reign of the neurotic, hypochondriac King Charles IX, a time when Catholics are vying for political control of France with the French Protestants, the Huguenots.

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Chapter 1
Alexandre Dumas La reine Margot Tome 1 LONDON ∙ NEW YORK ∙ TORONTO ∙ SAO PAULO ∙ MOSCOW PARIS ∙ MADRID ∙ BERLIN ∙ ROME ∙ MEXICO CITY ∙ MUMBAI ∙ SEOUL ∙ DOHA TOKYO ∙ SYDNEY ∙ CAPE TOWN ∙ AUCKLAND ∙ BEIJING New Edition Published by Sovereign Classic www.sovereignclassic.net This Edition First published in 2017 Copyright © 2017 Sovereign All Rights Reserved. ISBN: 9781787242852 Contents TOME 1 TOME 1 I Le latin de M. de Guise Le lundi, dix-huitième jour du mois d’août 1572, il y avait grande fête au Louvre. Les fenêtres de la vieille demeure royale, ordinairement si sombres, étaient ardemment éclairées; les places et les rues attenantes, habituellement si solitaires, dès que neuf heures sonnaient à Saint-Germain-l’Auxerrois, étaient, quoiqu’il fût minuit, encombrées de populaire. Tout ce concours menaçant, pressé, bruyant, ressemblait, dans l’obscurité, à une mer sombre et houleuse dont chaque flot faisait une vague grondante; cette mer, épandue sur le quai, où elle se dégorgeait par la rue des Fossés-Saint-Germain et par la rue de l’Astruce, venait battre de son flux le pied des murs du Louvre et de son reflux la base de l’hôtel de Bourbon qui s’élevait en face. Il y avait, malgré la fête royale, et même peut-être à cause de la fête royale, quelque chose de menaçant dans ce peuple, car il ne se doutait pas que cette solennité, à laquelle il assistait comme spectateur, n’était que le prélude d’une autre remise à huitaine, et à laquelle il serait convié et s’ébattrait de tout son coeur. La cour célébrait les noces de madame Marguerite de Valois, fille du roi Henri II et soeur du roi Charles IX, avec Henri de Bourbon, roi de Navarre. En effet, le matin même, le cardinal de Bourbon avait uni les deux époux avec le cérémonial usité pour les noces des filles de France, sur un théâtre dressé à la porte de Notre- Dame. Ce mariage avait étonné tout le monde et avait fort donné à songer à quelques-uns qui voyaient plus clair que les autres; on comprenait peu le rapprochement de deux partis aussi haineux que l’étaient à cette heure le parti protestant et le parti catholique: on se demandait comment le jeune prince de Condé pardonnerait au duc d’Anjou, frère du roi, la mort de son père assassiné à Jarnac par Montesquiou. On se demandait comment le jeune duc de Guise pardonnerait à l’amiral de Coligny la mort du sien assassiné à Orléans par Poltrot du Méré. Il y a plus: Jeanne de Navarre, la courageuse épouse du faible Antoine de Bourbon, qui avait amené son fils Henri aux royales fiançailles qui l’attendaient, était morte il y avait deux mois à peine, et de singuliers bruits s’étaient répandus sur cette mort subite. Partout on disait tout bas, et en quelques lieux tout haut, qu’un secret terrible avait été surpris par elle, et que Catherine de Médicis, craignant la révélation de ce secret, l’avait empoisonnée avec des gants de senteur qui avaient été confectionnés par un nommé René, Florentin fort habile dans ces sortes de matières. Ce bruit s’était d’autant plus répandu et confirmé, qu’après la mort de cette grande reine, sur la demande de son fils, deux médecins, desquels était le fameux Ambroise Paré, avaient été autorisés à ouvrir et à étudier le corps, mais non le cerveau. Or, comme c’était par l’odorat qu’avait été empoisonnée Jeanne de Navarre, c’était le cerveau, seule partie du corps exclue de l’autopsie, qui devait offrir les traces du crime. Nous disons crime, car personne ne doutait qu’un crime n’eût été commis. Ce n’était pas tout: le roi Charles, particulièrement, avait mis à ce mariage, qui non seulement rétablissait la paix dans son royaume, mais encore attirait à Paris les principaux huguenots de France, une persistance qui ressemblait à de l’entêtement. Comme les deux fiancés appartenaient, l’un à la religion catholique, l’autre à la religion réformée, on avait été obligé de s’adresser pour la dispense à Grégoire XIII, qui tenait alors le siège de Rome. La dispense tardait, et ce retard inquiétait fort la feue reine de Navarre; elle avait un jour exprimé à Charles IX ses craintes que cette dispense n’arrivât point, ce à quoi le roi avait répondu: — N’ayez souci, ma bonne tante, je vous honore plus que le pape, et aime plus ma soeur que je ne le crains. Je ne suis pas huguenot, mais je ne suis pas sot non plus, et si monsieur le pape fait trop la bête, je prendrai moi-même Margot par la main, et je la mènerai épouser votre fils en plein prêche. Ces paroles s’étaient répandues du Louvre dans la ville, et, tout en réjouissant fort les huguenots, avaient considérablement donné à penser aux catholiques, qui se demandaient tout bas si le roi les trahissait réellement, ou bien ne jouait pas quelque comédie qui aurait un beau matin ou un beau soir son dénouement inattendu. C’était vis-à-vis de l’amiral de Coligny surtout, qui depuis cinq ou six ans faisait une guerre acharnée au roi, que la conduite de Charles IX paraissait inexplicable: après avoir mis sa tête à prix à cent cinquante mille écus d’or, le roi ne jurait plus que par lui, l’appelant son père et déclarant tout haut qu’il allait confier désormais à lui seul la conduite de la guerre; c’est au point que Catherine de Médicis, elle-même, qui jusqu’alors avait réglé les actions, les volontés et jusqu’aux désirs du jeune prince, paraissait commencer à s’inquiéter tout de bon, et ce n’était pas sans sujet, car, dans un moment d’épanchement Charles IX avait dit à l’amiral à propos de la guerre de Flandre: — Mon père, il y a encore une chose en ceci à laquelle il faut bien prendre garde: c’est que la reine mère, qui veut mettre le nez partout comme vous savez, ne connaisse rien de cette entreprise; que nous la tenions si secrète qu’elle n’y voie goutte, car, brouillonne comme je la connais, elle nous gâterait tout. Or, tout sage et expérimenté qu’il était, Coligny n’avait pu tenir secrète une si entière confiance; et quoiqu’il fût arrivé à Paris avec de grands soupçons, quoique à son départ de Châtillon une paysanne se fût jetée à ses pieds, en criant: «Oh! monsieur, notre bon maître, n’allez pas à Paris, car si vous y allez vous mourrez, vous et tous ceux qui iront avec vous»; ces soupçons s’étaient peu à peu éteints dans son coeur et dans celui de Téligny, son gendre, auquel le roi de son côté faisait de grandes amitiés, l’appelant son frère comme il appelait l’amiral son père, et le tutoyant, ainsi qu’il faisait pour ses meilleurs amis. Les huguenots, à part quelques esprits chagrins et défiants, étaient donc entièrement rassurés: la mort de la reine de Navarre passait pour avoir été causée par une pleurésie, et les vastes salles du Louvre s’étaient emplies de tous ces braves protestants auxquels le mariage de leur jeune chef Henri promettait un retour de fortune bien inespéré. L’amiral de Coligny, La Rochefoucault, le prince de Condé fils, Téligny, enfin tous les principaux du parti, triomphaient de voir tout-puissants au Louvre et si bien venus à Paris ceux-là mêmes que trois mois auparavant le roi Charles et la reine Catherine voulaient faire pendre à des potences plus hautes que celles des assassins. Il n’y avait que le maréchal de Montmorency que l’on cherchait vainement parmi tous ses frères, car aucune promesse n’avait pu le séduire, aucun semblant n’avait pu le tromper, et il restait retiré en son château de l’Isle-Adam, donnant pour excuse de sa retraite la douleur que lui causait encore la mort de son père le connétable Anne de Montmorency, tué d’un coup de pistolet par Robert Stuart, à la bataille de Saint-Denis. Mais comme cet événement était arrivé depuis plus de trois ans et que la sensibilité était une vertu assez peu à la mode à cette époque, on n’avait cru de ce deuil prolongé outre mesure que ce qu’on avait bien voulu en croire. Au reste, tout donnait tort au maréchal de Montmorency; le roi, la reine, le duc d’Anjou et le duc d’Alençon faisaient à merveille les honneurs de la royale fête. Le duc d’Anjou recevait des huguenots eux-mêmes des compliments bien mérités sur les deux batailles de Jarnac et de Moncontour, qu’il avait gagnées avant d’avoir atteint l’âge de dix-huit ans, plus précoce en cela que n’avaient été César et Alexandre, auxquels on le comparait en donnant, bien entendu, l’infériorité aux vainqueurs d’Issus et de Pharsale; le duc d’Alençon regardait tout cela de son oeil caressant et faux; la reine Catherine rayonnait de joie et, toute confite en gracieusetés, complimentait le prince Henri de Condé sur son récent mariage avec Marie de Clèves; enfin MM. de Guise eux-mêmes souriaient aux formidables ennemis de leur maison, et le duc de Mayenne discourait avec M. de Tavannes et l’amiral sur la prochaine guerre qu’il était plus que jamais question de déclarer à Philippe II. Au milieu de ces groupes allait et venait, la tête légèrement inclinée et l’oreille ouverte à tous les propos, un jeune homme de dix-neuf ans, à l’oeil fin, aux cheveux noirs coupés très court, aux sourcils épais, au nez recourbé comme un bec d’aigle, au sourire narquois, à la moustache et à la barbe naissantes. Ce jeune homme, qui ne s’était fait remarquer encore qu’au combat d’Arnay-le-Duc où il avait bravement payé de sa personne, et qui recevait compliments sur compliments, était l’élève bien-aimé de Coligny et le héros du jour; trois mois auparavant, c’est-à-dire à l’époque où sa mère vivait encore, on l’avait appelé le prince de Béarn; on l’appelait maintenant le roi de Navarre, en attendant qu’on l’appelât Henri IV. De temps en temps un nuage sombre et rapide passait sur son front; sans doute il se rappelait qu’il y avait deux mois à peine que sa mère était morte, et moins que personne il doutait qu’elle ne fût morte empoisonnée. Mais le nuage était passager et disparaissait comme une ombre flottante; car ceux qui lui parlaient, ceux qui le félicitaient, ceux qui le coudoyaient, étaient ceux-là mêmes qui avaient assassiné la courageuse Jeanne d’Albret. À quelques pas du roi de Navarre, presque aussi pensif, presque aussi soucieux que le premier affectait d’être joyeux et ouvert, le jeune duc de Guise causait avec Téligny. Plus heureux que le Béarnais, à vingt-deux ans sa renommée avait presque atteint celle de son père, le grand François de Guise. C›était un élégant seigneur, de haute taille, au regard fier et orgueilleux, et doué de cette majesté naturelle qui faisait dire, quand il passait, que près de lui les autres princes paraissaient peuple. Tout jeune qu›il était, les catholiques voyaient en lui le chef de leur parti, comme les huguenots voyaient le leur dans ce jeune Henri de Navarre dont nous venons de tracer le portrait. Il avait d›abord porté le titre de prince de Joinville, et avait fait, au siège d›Orléans, ses premières armes sous son père, qui était mort dans ses bras en lui désignant l›amiral Coligny pour son assassin. Alors le jeune duc, comme Annibal, avait fait un serment solennel: c›était de venger la mort de son père sur l›amiral et sur sa famille, et de poursuivre ceux de sa religion sans trêve ni relâche, ayant promis à Dieu d›être son ange exterminateur sur la terre jusqu›au jour où le dernier hérétique serait exterminé. Ce n›était donc pas sans un profond étonnement qu›on voyait ce prince, ordinairement si fidèle à sa parole, tendre la main à ceux qu›il avait juré de tenir pour ses éternels ennemis et causer familièrement avec le gendre de celui dont il avait promis la mort à son père mourant. Mais, nous l›avons dit, cette soirée était celle des étonnements. En effet, avec cette connaissance de l›avenir qui manque heureusement aux hommes, avec cette faculté de lire dans les coeurs qui n›appartient malheureusement qu›à Dieu, l›observateur privilégié auquel il eût été donné d›assister à cette fête, eût joui certainement du plus curieux spectacle que fournissent les annales de la triste comédie humaine.

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