Chapitre 1
Lundi 8 septembre - 22 h 30
Lucien Workan, un morceau de pizza au bout de sa fourchette, parcourait nonchalamment son quotidien préféré ; la sonnerie de son téléphone portable retentit, il regarda sa montre, 22 h 30 : « Merde ! On ne peut jamais avoir la paix ! ».
— Commissaire Workan ?
— Ouais… Bonsoir Lerouyer, toujours au bon moment, ronchonna-t-il.
— Excusez-moi de vous déranger. Je vous attends à la maison médicale L’Albatros sur les quais de la Vilaine, avenue du Sergent Maginot, à droite en allant vers Cesson, il y a du grabuge.
— C’est grave ?
— Oui.
— Vous auriez pu me laisser bouffer peinard. Enfin ! se lamenta-t-il. Je serai sur place dans dix minutes environ.
Workan prit le temps d’avaler deux ou trois morceaux de margarita. Il descendit de son appartement situé dans le vieux Rennes, rue de la Monnaie, et se dirigea vers le parking des Lices où il louait, en sous-sol, un box à l’année pour garer sa voiture. Il était arrivé dans cette ville cinq ans plus tôt, venant de Toulouse, par le fait d’une mutation « forcée ». Il ne regrettait rien ; l’animation de cette cité étudiante, le charme du centre-ville, la proximité de la côte d’Émeraude avec ses magnifiques plages, lui convenaient tout à fait.
Sa femme vivait toujours à Toulouse avec leur fille. Séparés, mais non divorcés, ils se voyaient lors de courts séjours soit en Bretagne soit dans le sud méditerranéen. C’était un choix de vie qu’il n’avait pas voulu mais qui s’était imposé. La quarantaine avait parsemé des cheveux blancs dans sa longue chevelure noire et raide ; le nez cassé et réparé, quelques cicatrices sur le visage, témoignaient de son passé rugbystique. Dans l’expression de ce visage chahuté ressortait la douceur de son sourire, une bouche bien dessinée ; ses yeux marron étaient surlignés de sourcils noirs aux poils lisses et réguliers accentuant ce regard ténébreux qui plaisait beaucoup aux femmes. Sa gueule cabossée ne jouait pas en sa défaveur. Une carrure de deuxième ligne, respectable, contrastait avec son allure dégingandée. Son humanisme n’avait d’égal que ses coups de sang. « Que deviendrons-nous ? », se demandait-il en pensant à Véro : « Bah ! Ne faisons pas de projet à long terme. »
Les pneus de sa berline couinèrent sur les vieux pavés rennais. Après être passée devant le Parlement de Bretagne, la voiture prit les quais de la Vilaine en direction de Cesson-Sévigné ; banlieue huppée de Rennes. Il connaissait L’Albatros pour y avoir consulté l’un des nombreux médecins spécialisés qui s’étaient regroupés pour exercer, selon lui, leurs basses besognes ; un sourire apparut sur son visage.
Lerouyer était l’un de ses plus fidèles collaborateurs. Il aimait bien ce Malouin avec son éternel jean délavé, ses pull-overs généralement plus longs que son blouson de cuir, sa fidélité en cas de coup dur, sa naïveté. Les cheveux bouclés ostentatoirement roux témoignaient d’une origine celte. C’était un bon élément, il savait qu’il pouvait compter sur lui.
Le capitaine l’attendait sur le trottoir devant la maison médicale.
— Eh bien capitaine, ça tourne à plein les gyrophares dans le coin. Discrétion assurée. C’est Fort Chabrol ? Un forcené ? Une prise d’otage ?
— Hélas ! Pire que ça commissaire. Un crime bizarre, une drôle de mise en scène, enfin vous allez voir. Pas la peine de prendre l’ascenseur, c’est au premier étage, répondit-il sans son aisance habituelle.
Les deux officiers de la DIPJ1 de Rennes gravirent l’escalier et arrivèrent sur le palier. L’immeuble avait sept étages et chaque étage avait la même conception architecturale. Chaque palier comportait deux portes en bois massif. Les plaques en cuivre indiquaient la spécialité et le nom du médecin. Le bouton « Sonnez et entrez » invitait les doigts fébriles et anxieux à prévenir de l’arrivée d’un nouveau patient. Lerouyer se dirigea vers la porte de gauche. Il convia Workan à passer devant lui. Sur la plaque on pouvait lire :
Henri Marotan
Chirurgien-dentiste
ouvert de 9 à 12 h et de 14 à 19 h
Workan poussa la porte qui était restée entrouverte. Dans l’entrée à droite se trouvait la salle d’attente ; en face devant le visiteur, l’accueil ; à gauche, une autre porte qui devait ouvrir sur le cabinet dentaire. Lerouyer se dirigea vers cette dernière et fit entrer le commissaire.
Apparemment il n’y avait pas de désordre dans la pièce. Derrière le fauteuil des lamentations se trouvait le corps d’un homme allongé sur le sol. Au niveau de la tête, une mare de liquide visqueux rougeâtre virant sur le brun auréolait le visage du malheureux. Ce sang provenait d’une horrible blessure à la tempe. Henri Marotan avait le crâne défoncé. Curieusement, en contemplant le corps, ce n’était pas la tête qui se remarquait le plus mais sa position en chien de fusil. Le commissaire n’en croyait pas ses yeux. Le pantalon était baissé sur les chevilles, le caleçon aussi. L’apothéose se situait au centre, c’était une belle fleur d’hortensia bleu qui ornait la partie charnue du dentiste, juste entre les fesses. Workan se retourna vers son adjoint, l’œil interrogatif.
— Vous vous rendez compte commissaire, il y a des mecs complètement cinglés, une fleur dans le cul !
— Je n’aime pas ça… Je n’aime pas ça du tout… C’est quoi cette…
— Moi non plus je n’aime pas ça, l’interrompit Lerouyer.
— Vous n’aimez pas quoi ?
— Eh bien avoir une fleur dans…
— C’est bon comme ça Lerouyer… Qui vous a informé du crime ?
— Sa femme ; elle a prévenu le commissariat, elle est dans la salle d’attente, je lui ai dit que vous auriez à lui parler. Elle est complètement dans le coaltar… Remarquez, on le serait à moins.
— OK, je vais la voir, en attendant prévenez l’Identité Judiciaire, le légiste. Il est tard, je préviendrai le divisionnaire demain matin.
Lucien Workan se dirigea vers la salle d’attente, ouvrit la porte. Une femme, le regard mouillé, l’attendait sur l’un des sièges. Elle avait entre trente-cinq et quarante ans, belle, blonde, ses yeux bleus barbouillés par du rimmel.
Elle allait se lever ; Lucien Workan lui fit signe de rester assise.
— Bonsoir madame, je suis le commissaire Workan de la police judiciaire. Je suis désolé par ce qui vient de se passer. Je dois malheureusement vous poser quelques questions ; êtes-vous en mesure de me répondre ? s’informa-t-il.
— Oui commissaire, je vous écoute, dit-elle d’une voix incertaine.
— Bien, vous allez m’éclairer sur votre présence ici. Je comprends votre douleur, mais je suis obligé… Il marqua un temps d’arrêt. Vous ne devez omettre aucun détail.
— Nous devions aller au restaurant ce soir, mon mari devait rentrer vers vingt heures. Je l’ai attendu jusqu’à 20 h 30. Ne le voyant pas arriver, j’ai tenté de l’appeler sur son téléphone portable. Je suis tombée sur la boîte vocale ; j’ai laissé un message demandant qu’il me donne des nouvelles… Rien. Un peu avant vingt-et-une heures j’ai à nouveau essayé de le joindre sur sa ligne professionnelle… encore le répondeur… Puis, j’ai renouvelé l’appel sur son portable, toujours rien. J’ai pris ma voiture - nous habitons Cesson - je suis arrivée au cabinet… J’ai découvert ce que vous avez vu, c’est affreux…
Elle ne put finir sa phrase, des sanglots étouffaient sa voix. Le commissaire attendit un moment.
— Madame Marotan, comment êtes-vous entrée dans l’immeuble ?
— Il y a un digicode qui se met à fonctionner à partir de vingt heures, bien entendu je possède le code ; dans la journée tout le monde peut aller et venir.
Workan la dévisagea. Il ne la trouva pas fringante.
— Si vous le souhaitez, nous pouvons vous raccompagner chez vous. Je passerai demain à votre domicile parler de tout ça ; nous pouvons faire venir un médecin si vous en éprouvez le besoin.
— Non, merci commissaire, ça va aller, je vous attendrai demain. Que va-t-on faire du corps ?
— Il va être emmené à la morgue afin que le médecin légiste pratique l’autopsie. Nous allons déterminer les causes de la mort. Je suppose que votre mari avait une secrétaire ; pouvez-vous me donner l’heure d’ouverture du cabinet ?
— Neuf heures, oui il avait une secrétaire et aussi une assistante dentaire.
— Merci madame Marotan, ne dites rien à personne de ce que vous avez pu voir ce soir.
— Commissaire ?
— Oui ?
— Je suis un peu gênée, mais… Pour la fleur, si ça pouvait ne pas se savoir.
— Soyez rassurée madame Marotan, nous allons rester discrets, répondit-il en pensant aux fouineurs de journalistes.
Lucien ouvrit la porte de la salle d’attente et appela le capitaine Lerouyer afin qu’il raccompagne la femme du dentiste jusqu’à sa voiture.
Workan resta perplexe, cette mise en scène, malgré la fleur, ne sentait pas bon. Il allait falloir fouiller dans la vie du docteur Marotan pour expliquer comment une fleur d’hortensia bleu avait trouvé un vase aussi incongru. Il entra de nouveau dans le cabinet, apparemment aucun tiroir n’avait été ouvert, rien ne permettait de croire que l’assassin avait procédé à une fouille quelconque. Il verrait ça demain avec la secrétaire. Il repéra une petite pièce adjacente au cabinet. C’était un vestiaire avec un lavabo, une cabine de douche, un placard, une porte accédant à des WC. Joueur occasionnel, il remarqua un sac de golf dans un coin de la pièce. Il s’en approcha et constata la bonne qualité des clubs ; toute une série de bois et de fers Callaway. Il fut surpris de constater qu’il manquait trois clubs, le fer neuf, le sand-wedge et le pitching-wedge. Trois clubs importants pour le jeu court, et aussi, les trois clubs les plus lourds de la série. Il se retourna. Par l’entrebâillement de la porte, il vit le corps allongé avec sa vilaine blessure à la tempe.
Lerouyer revint accompagné des hommes de l’Identité Judiciaire et du médecin légiste ; le commissaire alla les saluer.
— Ben merde ! dit le légiste, je sais qu’on est en septembre et que les hortensias sont superbes en ce moment mais je ne savais pas qu’ils étaient aussi vindicatifs.
Pendant que l’Identité Judiciaire et le médecin travaillaient, le commissaire héla Lerouyer qui rigolait encore de la remarque du toubib.
— Nous allons jeter un œil sur l’agenda du dentiste au secrétariat. Vous avez votre appareil photo numérique ? Lerouyer acquiesça de la tête. Vous allez prendre en macro toutes les pages, d’accord ?
— Ce serait plus simple de l’emmener, dit le capitaine.
— Nous allons l’emporter également, mais j’aime bien avoir toutes les informations sur mon ordinateur, expliqua-t-il.
Le commissaire trouva l’agenda fermé, sur le bureau de l’accueil, devant la chaise de la secrétaire. Il l’ouvrit à la date du 8 septembre. Neuf rendez-vous étaient programmés pour l’après-midi, des hommes, des femmes, le dernier était fixé à dix-neuf heures. Il s’agissait d’une certaine madame Morin ; aucune indication de domicile ou de téléphone.
— Ok, nous verrons ça demain avec la secrétaire, vous mettrez au parfum le lieutenant Leila Mahir dès la première heure.
— Leila ? s’exclama Lerouyer.
— Oui, pourquoi, ça vous pose un problème ?
— Non, mais vous savez bien que Leila ne m’a pas trop dans le nez ; alors faire équipe avec elle… On va encore s’engueuler, se plaignit le capitaine.
— Vous êtes deux flics avec un minimum d’intelligence, non ? Alors, pour la bonne marche de l’équipe, mettez un peu d’eau dans votre vin. Ceci dit, avec Mahir, demain matin, vous passez au peigne fin les sept étages de cet immeuble et vous interrogez les gens qui auraient pu être présents ce soir - disons entre dix-neuf et vingt-et-une heures. C’est bien le diable si personne n’a vu ni entendu quoi que ce soit. Ensuite vous pousserez une petite visite chez cette madame Morin qui est peut-être la dernière personne à avoir vu Marotan vivant… Avec l’assassin bien évidemment.
— Commissaire ?
— Oui ?
— C’est un drôle de bordel cette histoire, qu’en pensez-vous ?
— Pour l’instant pas grand-chose. En tout cas demain je m’occupe de madame Marotan, de la secrétaire et de l’assistante.
— Beau programme commissaire ! siffla-t-il.
— Ça va Lerouyer, ne jouez pas sur les mots. Plus académiquement, je me chargerai de leurs interrogatoires. Vous savez que le cabinet ouvre à neuf heures, soyez là quelques minutes avant et attendez les deux souris du dentiste. Installez-les dans la salle d’attente, je passerai les voir dans la matinée. Maintenant capitaine, vous pouvez rentrer chez vous, transmettez mes amitiés à votre épouse.
— Commissaire ?
— Quoi encore ?
— Vous ne pensez pas à un crime de pédés…
— Homosexuels ! l’interrompit Workan. Je préfère, OK ?
— Je disais ça à cause de la fleur… Je pense à une sale histoire de cul, non ?
— Nous sommes d’accord sur ce sujet ; effectivement je pense comme vous, à moins que cette mise en scène ne serve à dissimuler autre chose.
— Bonsoir commissaire, à demain.
— À demain Lerouyer, reposez-vous bien.
Lucien Workan regarda sa Tag Heuer, il était minuit passé. La faim le tenaillait, les deux ou trois bouchées de pizza avalées à la hâte n’avaient pas comblé son estomac. Quand il sortirait du cabinet, il ne trouverait plus grand-chose d’ouvert. Plus qu’il ne l’aurait voulu, son boulot le faisait manger à des heures indues. Il retourna vers la pièce où se trouvait le corps. L’Identité Judiciaire continuait son travail, tandis que le médecin légiste vint vers lui.
— Alors docteur ?
— Je pratiquerai l’autopsie demain matin. En attendant je peux vous dire qu’il est mort sur le coup, frappé avec un objet contondant asséné avec une extrême violence, il n’a pas eu le temps de souffrir. Pas d’autres traces sur le corps, pas de lutte ; quant au pantalon baissé, à part la tige de fleur, il n’y a pas eu d’autre pénétration. Je pense que la mort a dû survenir il y a environ quatre heures… Sacrée mise en scène mon vieux !
Workan fit la gueule, il détestait les familiarités.
— Donc la mort est survenue aux environs de vingt heures ?
— Un peu avant, un peu après… Oui commissaire.
— Dites-moi docteur, un club de golf ferait une arme parfaite pour ce genre de crime ?
— Assurément, avec la longueur du bras de levier du manche et une tête de club assez lourde… Un swing parfait et vous tuez un cheval, rétorqua le médecin, un sourire aux lèvres.
— Je ne sais pas si notre tueur ou tueuse a un swing parfait, mais une chose est certaine, il ou elle connaissait parfaitement les séries de clubs. Il y a un sac de golf dans le vestiaire et voyez-vous docteur, les trois clubs les plus lourds ont disparu.
— Je ne vois pas la nécessité de prendre trois clubs, un seul suffit largement… Bonne chance commissaire. Si vous voulez votre rapport d’autopsie pour demain, il vaut mieux que j’aille me coucher. Bonne nuit !
— Encore une chose docteur ! Le pantalon ? Il a été baissé avant ou après ?
— Avant ou après le meurtre vous voulez dire ?… Après !
— Merci docteur, bonsoir !
Workan retourna dans le cabinet ; les gars du labo finissaient de travailler.
— Tout est nickel ici commissaire, nous allons comparer les empreintes avec celles du personnel, du docteur, mais avec celles des clients ça ne va pas être de la tarte. Apparemment aucune effraction, aucun désordre. Nous avons quelques empreintes de chaussures, des fragments de cheveux, enfin, rien qui sorte de l’ordinaire. Nous nous chargeons de faire embarquer le corps et nous vous informons dès que notre travail sera terminé.
— OK, merci Messieurs, bonne nuit, je vous laisse.
*
Le commissaire descendit l’étage sans se presser, prit sa voiture et fila vers le centre-ville. Il connaissait un bar fréquenté par le milieu homo ; il décida d’aller y faire un petit tour. L’endroit était sous-éclairé, une chaleur moite enveloppait la salle. Quelques couples d’homosexuels, hommes et femmes, enlacés, chuchotaient, s’embrassaient, bref, ce que font tous les amoureux du monde. Workan s’approcha du bar, le barman, qui était aussi le patron, essuyait des verres. L’homme, petit, brun, les yeux vifs, le vit arriver.
— Salut Fernand !
— Qu’est-ce qui se passe commissaire ? Une visite de votre part à cette heure-ci, c’est inhabituel.
— J’ai faim, je pensais que tu aurais peut-être une tête de veau à réchauffer ou quelque chose dans le genre ?
— Vous savez bien que je ne fais pas resto !
— Eh bien on va essayer de faire avec. Tu as de la baguette ?
— Oui.
— Du jambon ?
— Oui.
— Du beurre ?
— Oui.
— Tu vois, c’est pas difficile… Tu me fais un bon en-cas… Et un demi. S’il vous plaît ! balança Workan.
— Bon d’accord, je vous prépare ça commissaire… Parce que c’est vous, mais n’allez pas croire que…
— Je ne crois rien du tout Fernand, dépêche-toi ! s’amusa-t-il.
Le bistrotier partit dans l’arrière-cuisine. Cinq minutes plus tard, il revenait avec un sandwich long d’une demi-baguette.
— Je vous ai rajouté des cornichons…
— Tu viens de décrocher une première étoile au Michelin mon cher Fernand ! Comment ça se passe ce soir ? Pas d’incident, de crise de jalousie, même pas une petite bagarre ?
— Les voisins deviennent chiants. Je ne sais pas qui vous a alerté commissaire mais la soirée est calme. Les connaissances habituelles, des couples formés, des dragueurs et dragueuses, mais rien qui ne vaille un déplacement aussi prestigieux…
— Te fous pas de ma gueule Fernand ! Marotan ça te dit quelque chose ?
— À première vue, non !
— À deuxième vue ?
— Non plus ! Mais si je savais son petit nom…
— Ah c’est vrai, ici tout le monde se connaît par son petit nom, alors disons… Henri ? Riri ? Riton ? Ritontaine et Tonton ?
— Si ! Il y a un Riton, mais son grand nom, vous allez rire, c’est Lavoir.
— Et pourquoi devrais-je rire ?
— Henri Lavoir, dit Riton Laveur ! Raton laveur, c’est marrant, non ?
— Je suis écroulé, se consterna Workan.
Le commissaire paya le sandwich et le demi de bière, sortit sur le trottoir, huma l’air doux de cette nuit de septembre. L’été indien avait pris ses quartiers. Il entreprit de finir son jambon beurre cornichons en marchant vers sa voiture. Ses neurones tournaient à cent à l’heure dans son cerveau en ébullition. « Bon Dieu, qu’est-ce que c’est que cette histoire de merde ? »… 2 h 30. Il sentait la fatigue le gagner.
Il tourna et se retourna dans son lit, une pensée pour sa fille Jeanne, une autre pour… Il s’endormit.
1. Direction Interrégionale de la Police Judiciaire.