CHAPITRE XXUne histoire de la terreur– Quatre-vingt-quatorze sonnait à l’horloge du dix-huitième siècle, quatre-vingt-quatorze, dont chaque minute fut sanglante et enflammée. L’an de terreur frappait horriblement et lentement au gré de la terre et du ciel qui l’écoutaient en silence. – On aurait dit qu’une puissance, insaisissable comme un fantôme passait et repassait parmi les hommes, tant leurs visages étaient pâles, leurs yeux égarés, leurs têtes ramassées entre leurs épaules reployées, comme pour les cacher et les défendre. – Cependant un caractère de grandeur et de gravité sombre était empreint sur tous ces fronts menacés et jusque sur la face des enfants ; c’était comme ce masque sublime que nous met la mort. Alors les hommes s’écartaient les uns des autres ou s’abordaient brusquemen