Dès l’exorde de ce petit discours, Gautripon avait caché sa tête dans ses mains comme pour se recueillir. Lorsqu’il découvrit son visage et qu’il essaya de parler, la voix lui manqua ; mais la réponse coulait en grosses larmes sur ses joues. Il se remit insensiblement et dit enfin : « Ah ! que vous êtes bon, et que vous me consolez ! Il y a des moments où je doute tant de moi que je voudrais pouvoir me tourner le dos à moi-même. Je me demande si je ne suis pas un être affreux, si les voyous n’ont pas cent fois raison de m’appeler l’infâme ? Il vous passe de singulières idées par la tête, allez ! lorsqu’on est seul et malheureux, et qu’on vient de tuer un homme ! Mais non, je vois, je sens que je vaux encore quelque chose, puisque j’ai l’honneur d’inspirer des sentiments si généreux et des