Adam qui est Ève ?

Charlène

« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. » Paul Eluard

[Chats SMS – 10h du matin]

--- Bonjour Charlène, tu vas bien j’espère ?

--- Bonjour Joël. Je vais bien et toi ?

--- Ça va. Tu fais quoi ce soir après le boulot ? Un cinéma ça te dit ?

--- Hmm. C’est très tentant mais ce soir il y a culte à l’église et ma maman est très stricte là-dessus. Toutes mes excuses seront irrecevables.

--- Ah bon. Okay. Il y a quoi à l’église ce soir ?

--- A l’église, on prie lol.

--- Oui je sais. Enfin c’est juste ça ?

--- Non bon en fait, il y a un mini concert organisé par notre chorale et je suis à la fois dans l’organisation et le chœur pour chanter.

--- Oh. Vous allez chanter. C’est où ?

--- L’église évangélique avant la citadelle Ndog-Bong, tu connais ?

--- Oui. Okay alors, je viendrai prier et te regarder chanter

--- Lol. D’accord. Qui suis-je pour t’empêcher d’aller à l’église ?! Ça commence à 19 heures.

--- OK. See you later !

Vous êtes perdus ? Moi non.

J’avais réussi à prendre son numéro. J’ai failli ne pas y arriver à vrai dire. De prime abord ça ne m’arrive pas de draguer de fille comme ça, et pour être honnête je me suis tellement habitué à Dally que je n’avais jamais vraiment penser à m’investir dans une autre relation. Je suis pour ainsi dire, un homme qui fait beaucoup d’effort pour être irréprochable.

Mais ce jour particulièrement j’ignorais ce qui m’avait pris. J’agissais sur un coup de tête et me voici qui prenait un rendez-vous à l’église avec une fille que j’ai rencontré il y a à peine une semaine.

Elle avait quelque chose de spécial. Oui je sais, Dally aussi était spéciale. Et ce que je faisais n’était pas bien. Mais peut-être me comprendrez-vous si vous aviez conte de ce qui s’est passé depuis notre première rencontre chez Lawal.

[Une semaine plus tôt chez Lawal.]

Charlène : Merci, enchantée (En continuant de ne guère me prêter d’attention)

Lawal : Voici ta commande boss. Pommes plantains viande avec beaucoup de piment à côté.

Moi : Merci c’est le piment jaune n’est-ce pas ? (Demandais-je)

Lawal : Mais bien sûr. Est-ce que j’ignore tes gouts ! (Dit-il)

Je savais bien qu’il connaissait ma préférence sur le piment. Je l’avais juste dit pour pouvoir attirer l’attention de Charlène à côté, qui ne tarda pas à jeter un œil sur mon plat de façon très curieuse.

Moi : ça me gêne que tu dévisages mon plat de la sorte (Dis-je d’un ton narquois)

Charlène : Non, je ne dévisage pas. Je suis juste assez surprise. Quelle importance que le piment soit jaune ?

Moi : Tout petit ma mère m’a habitué à ne manger que du piment jaune. Elle le trouvait toujours meilleur et me disais que contrairement au rouge, le piment jaune faisait moins mal au ventre.

Elle laissa un sourire s’échapper et pour la première fois ses yeux se posèrent sur les miens pendant que je parlais de ma mère. Elle avait un regard très tendre. Je venais de gagner son attention. D’ailleurs elle ne l’avait pas remarqué mais, j’avais déjà commencé à la tutoyer.

Lawal : Madame, on vous sert quelque chose ?

Charlène : Oui, un plat de poulet plantain pour moi.

Lawal : Le plantain est fini. Ton gars a pris ce qui restait.

Charlène : Heu non, ce n’est pas mon gars ! (Corrigea-t-elle)

Lawal était terrible. Mais heureusement sa maladresse venait de me faciliter les choses.

Moi : Aie ! Mon frère, ne vois-tu donc pas que la demoiselle est en couple ?

Charlène : Non, je ne suis en couple non plus. C’est juste que…

Moi : Je ne suis pas ton genre de gars ?! (La repris-je)

--- Comme moi j’aime le piment jaune, je ne t’intéresse pas c’est ça ?

Elle se mit à rire aux éclats. Quelle femme raffinée, même dans sa manière de rire je pouvais entrevoir de la contenance. Elle avait levé de manière instinctive sa main vers sa bouche et j’avais remarqué qu'elle avait de jolis doigts fins et la pomme de main mole. A un moment j’ai même eu l’impression d’être assis en face de Dally. Elles avaient quelques traits en commun à mon avis.

--- Ecoute, tu es plutôt bel homme. Je ne suis pas en couple. Et je vais prendre des pommes à la place du plantain (Rétorqua Charlène)

--- D’accord madame (répondit Lawal en se dirigeant en cuisine)

Elle était soudain redevenue sérieuse, plus détendue, mais sérieuse. Ça me motivait de plus en plus. Il fallait que j’arrive à prendre son numéro. Mes amis me reprochaient toujours de ne rien faire pour sortir de ma zone de confort et que c’était selon eux, la raison pour laquelle je pensais que je ne pouvais vivre qu’avec Dally même quand on était en froid. Pour une fois que je voulais sortir de cette zone de confort, il me fallait réussir sinon je ne le referais plus.

--- Et pourquoi Charlène est célibataire ? (Demandais-je)

--- Eh bien. Choix personnel surtout et éducation parentale. Il y a ceux qui se mettent en couple et il y a ceux qui se marient. J’ai très à cœur le choix de l’homme de ma vie donc je me donne le temps de le rencontrer. (Répondit-elle)

--- Ah d’accord je vois.

Je venais de me rendre compte du genre de fille que j’avais en face de moi. Elle semble si dure au premier contact mais la vérité c’est qu’elle était pleine d’assurance et de convictions.

--- Tout à l’heure tu m’as trouvé plutôt bel homme.

Pendant que je parlais, Lawal arriva avec son plat qu’il déposa sur la table.

--- Merci Lawal. Oui « plutôt bel homme » c’est ce que j’ai dit

--- Donc je peux être ton genre d’homme alors ?

--- Ça je l’ignore. On ne se connait pas ! (Dit-elle toute flegme)

--- Je sais déjà comment tu t’appelles. On pourrait se laisser une chance pour mieux se connaitre alors ? Je suis sûr que nous serons bons amis.

Elle voulut refuser ma demande, mais j’avais le téléphone que je lui tendais et le regard plein de confiance.

--- Allez, ne dis pas non. Si je suis vilain tu me bloque tout simplement (Ajoutais-je)

--- Okay (Dit-elle)

--- Merci, ma pause est presque terminée. Je vais devoir te laisser. Tu passes une agréable fin de journée Charlène.

--- Merci, toi aussi.

C’est comme ça que j’avais réussi à prendre son numéro de téléphone. J’étais convaincu de lui avoir fait bonne impression. J’avais terminé ma journée au travail dans la bonne humeur. Je me demandais déjà comment je devais faire pour la voir la prochaine fois. Mais déjà, il fallait que je lui écrive pour qu’elle enregistre mon numéro dans son portable. Pour l’heure, je devais aller récupérer Dally à la boutique pour qu’on puisse rentrer. Au même moment mon téléphone se mit à sonner. C’était elle.

--- Bébé ?

--- Oui !

--- J’ai fini plus tôt que prévu et je suis rentrée (Dit-elle)

--- Ah Okay, tu veux que je te prenne quelque chose en rentrant ?

--- Non c’est bon. Sois prudent en rentrant.

J’étais rentré ce soir-là avec beaucoup d’enthousiasme. Devant la porte de chez moi je manipulais mon portable et je me suis décidé à envoyer un message à Charlène mais en voulant toquer à la porte j’ai été surpris de voir Dally m’ouvrir.

Elle est belle cette fille !

Elle portait une de mes chemises qu’elle n’avait pas boutonnées. Soutien-gorge et slip noir en dentelle.

Mes bruits à la porte l’avaient réveillée. Entre l’école, la boutique et le repas de ce soir, elle devait sans doute être très fatiguée. Je suis très sensible à ce genre d’effort. Une fois la porte refermée, je n’ai pas tardé à lui dire bonsoir en l’embrassant très tendrement.

Elle fut agréablement surprise et répondit à mon b****r avec sa langue. En passant ses mains derrière ma nuque, je la pris par les hanches pour agripper ses jambes autour de moi. La chambre était trop loin pour qu’on y aille et le désir montait à mesure qu’on s’embrassait. Pendant que je l’allongeais sur le tapis du salon, elle s’empressa de retirer mes vêtements en me disant :

--- Bon appétit monsieur Ayissi !

Je venais de comprendre ce qu’elle entendait par « manger avant de manger » ce matin. Ça tombait bien, j’avais un appétit d’ogre cette nuit-là…

Quelques heures plus tard, elle était allongée dans le canapé entrain de dormir pendant que je terminais mon plat de Kondrè. J’ai allumé mon portable pour checker mes conversations quand je me suis rendu compte que j’étais sur le point d’envoyer mon premier message à Charlène tout à l’heure. Ce que je ne tardais pas à rattraper.

[SMS Chats]

Moi : Piment jaune te souhaite une agréable nuit.

Quelques minutes après elle me répondait.

--- Mdrrr ! Je ne dors pas encore mais merci beaucoup.

--- Ah bon. Tu fais quoi ?

--- Je prépare mon rapport pour demain.

C’est ainsi que l’on se mit à discuter jusqu’aux environs de deux heures du matin, quand Dally se levait pour aller dans la chambre se coucher.

Dally : Hey, pourquoi tu ne dors pas ? (Demandait-elle)

Moi : Je ne trouvais pas le sommeil. Mais je sens que je commence déjà à fatiguer.

Dally : D’accord tu me rejoins dans la chambre ?

Moi : Tout de suite !

Le lendemain matin était très agréable et les journées qui suivirent aussi. C’était la routine, à la seule différence que je discutais constamment avec Charlène. Les seules fois où nous ne discutions pas c’étaient la nuit pour dormir. Même pendant ses heures de travail on arrivait à échanger. Elle me racontait ses journées, elle me parlait de son boss et de sa famille. Plus le temps passait et plus j’apprenais à la connaitre. Plus je lui parlais, plus j’en redemandais. Nous avions beaucoup de points communs.

Je sentais une connexion particulière avec elle. Je n’avais pas autant pris plaisir à discuter avec quelqu’un de la sorte depuis fort longtemps. Ma vie se limitait à ma famille, mes amis, mon travail et ma copine. C’est ainsi qu’une semaine plus tard, je m’étais décidé à la revoir de nouveau. C’était vendredi. J’avais prévu l’inviter au cinéma mais hélas elle avait d’autres prérogatives ce jour. J’ai néanmoins insisté et finalement, notre rendez-vous se fera dans une église.

De son côté Dally commençait à peine à remarquer que je devenais de moins en moins impliqué. Même les petites erreurs qu’elle avait l’habitude de faire me laissait indifférent. Elle ne se fit pas pour autant de soucis. Du moins, pas encore. Seulement la vérité était que je commençais sans m’en rendre compte, à jouer un double jeu.

Jusqu’où est-ce que cela m’amènerait ? Peu m’importais à ce moment. Je voulais la découvrir!