46“Je ne verserai plus jamais une seule larme”, s’était juré Benedetta. Maintenant qu’elle était la maîtresse du prince Contarini, elle avait son argent à disposition. Elle avait décidé de l’utiliser au mieux. Et le mieux, selon elle, c’était Reina Bonvicini, connue de tous sous le nom de Reina la magicienne. « Je vous en prie, entrez, illustrissime Seigneurie », dit une voix de l’autre côté d’un léger rideau bleu nuit richement brodé d’étoiles jaunes. Benedetta fut saisie par le ton respectueux, autant que par la formule de politesse. Elle se tourna vers la fenêtre de l’antichambre. Elle y vit le reflet d’une jeune femme vêtue d’une robe de soie moirée couleur de châtaigne qui prenait, selon les mouvements de la lumière, des tons orange et rouge chaud. Elle vit les fines dentelles de