26La vieille femme, soutenue par une jolie jeune fille, entra d’un pas hésitant dans la boutique de l’orfèvre sur le campo San Bartolomeo. Elle s’arrêta à deux pas du comptoir, appuyée sur sa canne, avec une expression douloureuse. Elle serra les dents, ferma à demi les paupières, devint toute rouge. « Vous vous sentez mal, madame ? », demanda l’orfèvre. La vieille serrait les dents, secouait la tête. « Vous vous sentez mal ? », répéta l’homme, inquiet. Tout à coup elle lâcha un pet sonore. L’orfèvre rougit. Il regarda la jeune fille qui l’accompagnait et reçut en réponse un sourire. « Ah, quelle libération ! », soupira la vieille femme. Les traits de son visage, cachés par un chapeau qui lui tombait sur le front et par un maquillage lourd, à base de blanc de céruse, se détendirent.