Séduite

2304 Words
Étourdie. C'est le mot. Je suis complément étourdie par tous ces bouleversements. Il y a à peine quelques semaines, je me débattais pour payer le loyer de mon modeste studio et à présent, je suis co-propriétaire d'un consortium média aux États-Unis! Je n'arrive toujours pas à y croire! Je savais que mon père avait de l'argent, et d'une façon étrange, ma mère a refusée une quelconque compensation financière pour leur divorce. Nous avons vécus modestement toute notre vie... je ne m'en plains pas, car cela m'a appris le travail et à savoir ce que je voulais vraiment dans la vie...  Cependant il y a des moments où l'argent a manqué dans notre foyer et pas une fois, elle a fait mention d'une quelconque aide de la part de mon père.  Ce monde dont Benjamin à toujours fait partit m'effraie un peu. Je ne suis pas sûr de vouloir en adopter les codes... mais je suis malgré tout prête à essayer... pour lui faire plaisir et aussi pour voir autre chose.  ... On me remet à l'accueil un badge permanent, pour aller et venir comme bon me semble dans le bâtiment. Je le regarde un instant. Je dois me rendre à l'étage le plus haut aujourd'hui, le quarantième. Je dois y signer des documents... encore. Il parait que c'est un passage obligé, car l'immeuble regorge d'entreprises qui sont gérer par ce seul bureau.  Heureusement, aujourd'hui j'ai fait un effort sur ma tenue vestimentaire. Je porte une robe bleu foncée à pois blanc et une paire de ballerine noire. C'est très parisien comme look, mais après tout c'est ce que je suis: une vraie parisienne! Quand je traverse le long couloir qui me mène au "bureau des signatures", c'est ainsi que je l'ai baptisé dans mon imagination... je remarque que cette étage est très différent de celui de Miles Publishing, tout y est très élégant, même feutré. Les murs sont peint en gris anthracite et les meubles sont de vrais oeuvres d'arts. Il y a des tableaux abstraits qui habillent les murs... c'est intimidant et fascinant à la fois.  Je me présente devant le bureau d'une jeune femme blonde, qui semble être responsable de l'accueil des nouveaux arrivants.  Alicia : " Bonjour. Je suis Alicia Miles. Je dois signer mon contrat. " dis-je, peu sûr de moi.  Elle lève à peine la tête de son ordinateur.  " Oui... vous pouvez entrer. Vous êtes en retard." dit-elle, froidement.  Je fronce les sourcils. Je ne savais pas qu'il y avait que heure précise pour que je vienne à ce qui semblait être une formalité.  Je me retrouve devant une nouvelle porte vitrée et avec l'aide d'une petit télécommande, la jeune femme blonde ouvre la porte. J'y passe puis me retrouve dans un sas, devant une seconde porte en verre opaque, cette fois-ci. Je ne sais pas ce que je dois faire. Dans l'hésitation, je frappe doucement. Au bout de quelques secondes, une voix masculine, me dit d'entrer. Quand je pousse la poignée, je suis immédiatement soufflée par ce que je vois. C'est une pièce immense. J'ai l'impression d'être à un autre étage tant c'est grand! Il y a un bureau en granite, avec un siège en cuir marron. Deux petits fauteuils de la même couleur sont placés en face. Il y a un coin salon à l'autre bout de la pièce et aussi ce qui semble être un bar?! Mais ce qui me stupéfie encore plus, c'est la personne qui vient m'accueillir. Je la reconnait immédiatement, c'est le jeune homme que j'ai croisée hier dans l'ascenseur. Il est devant l'une des fenêtres, et me fait le même sourire qu'il m'a offert quand j'atteignis mon étage.  " Bonjour, mademoiselle Miles. Je vous attendais... " dit-il, avec une pointe de reproche.  Alicia : " Bonjour... " répondis-je, timidement.  " Asseyez-vous, je vous en prie... " dit-il, en me montrant l'un des sièges du bureau.  J'obtempère rapidement. j'ai l'impression d'être dans le bureau du proviseur après avoir fait une bêtise, sauf que là, je ne sais pas ce que l'on me reproche... " Je suis Gabriel Archer. Je suis le propriétaire des murs de ce building. Mon nom est d'ailleurs inscrit à l'entrée du bâtiment." dit-il fièrement. Alicia : " Je suis ravie de l'apprendre. " dis-je, cachant ma surprise.  Il semble bien jeune pour posséder une tour à lui tout seul... mais quand on a de l'argent, rien ne semble impossible.  Gabriel : " Je l'ai acheté il y a peu de temps... six mois... dès que quelqu'un est embauché à un poste important, j'aime bien en faire sa connaissance. Et comme vous serez bientôt co-gérante du Miles Publishing, je voulais vous rencontrer... pour discuter, mais aussi vous faire signer votre bail, car vous devenez locataire au même titre que votre frère. Vous me devrez donc aussi des comptes. " dit-il, avec un calme cachant sa fermeté.  Alicia : " Oui, je comprends. " répondis-je, pour garder la face.  Gabriel : " Vous m'avez l'air bien jeune pour posséder un empire des médias? "  Alicia : " Vous êtes tout aussi jeune pour posséder un building. " répondis-je du tac au tac.  Il est surpris par ma réponse, car il étouffe un soupir quand je termine ma phrase.  Gabriel : " Pas si jeune que ça, je suis bien placé pour savoir que l'âge n'est qu'un nombre... mais sans vouloir paraitre indiscret, quel âge avez-vous?"  Alicia : " 23 ans. "  Gabriel : " Humm... " dit-il en m'observant droit dans les yeux. J'ai la sensation de passer un entretient pour un poste, dont j'ignore les attentes. Il est détendu, presque détaché... Alicia : " Ne dois-je pas signer des papiers? " dis-je pour interrompre ce silence assourdissant.  Gabriel : " Oui, en effet, c'est pour cela que vous êtes là. " Il prend les feuilles qu'il a devant lui et les dirige vers moi, puis me tend un stylo. " Il me faut vos initiales ainsi que votre signature dans le coin de chaque feuilles. "  Je commence à signer les papiers et malgré le fait que j'ai la tête baissée, je sens son regard sur moi. Je rougis comme hier, lorsque nous étions seuls dans la cabine de l'ascenseur.  Alicia : " Voilà. " dis-je, lui remettant les documents. Gabriel : " Je vous remercie. Maintenant, je vais vous demander de me suivre... je vais vous montrer l'immeuble, afin que vous puissiez vous repérer plus facilement... " ... Sur le toit du building, la vue est absolument à couper le souffle. Je regarde avec enthousiasme la ville de New York s'allonger sous nos pieds. Avec ce soleil et ce temps doux, le moment est idéal.  Gabriel : " Il y a en tout et pour tout, quarante étages dans cette enceinte, ainsi que deux sous-sols et cette terrasse, sur laquelle nous sommes en ce moment. Vous pouvez la louer si vous voulez. Pour certains événements promotionnels par exemple. Nous prêtons cet endroit pour les séances photos de mode, ou pour des prises de vues plus conventionnels... vous qui dirigez plusieurs magazines, gardez cette idée dans le coin de votre tête... " dit-il, avec un petit sourire.  Alicia : " Oh... mais je le ferai... ça à l'air parfait. " dis-je n'osant tourner mes yeux vers lui.  Gabriel : " D'où venez-vous Alicia? Est-ce-que je peux vous appelez Alicia? " demande-t-il, derrière-moi, en s'étant ostensiblement avancé.  Alicia : " Oui... Je viens de France. Je suis née et j'ai vécue à Paris toute ma vie. " répondis-je calmement.  Gabriel : " Ça s'entend, vous avez un léger accent français quand vous parlez... c'est... charmant... " dit-il, avec sincérité.  Alicia : " Vous n'êtes pas américain vous non plus? " demandais-je avec curiosité.  Gabriel : " Je suis anglais. Mais je n'y ai pas vécu longtemps. J'ai quitté Londres à l'âge de huit ans et depuis, je me considère plus comme un New Yorkais qu'un européen. " dit-il, d'un voix neutre.  Alicia : " Vous n'y retournez jamais? En Angleterre? "  Gabriel : " Si bien sûr... pour des affaires. Plusieurs fois par an, mais ce sont de cours séjours. " dit-il vaguement. " Voudriez-vous déjeuner avec moi? " dit-il abruptement.  Alicia : " Pardon? " dis-je, surprise.  Gabriel : "Déjeuner? C'est le repas que l'on prend an général après le petit-déjeuner? " dit-il, avec espièglerie.  Alicia : " Pourquoi? " dis-je sans réfléchir.  Gabriel : " Je ne sais pas... juste comme ça... j'aime bien parler avec vous... vous êtes désarmante de simplicité. Ce qui est rare lorsque l'on est en ma présence... et puis, pour une fois, je n'ai pas de rendez-vous ce midi, autant en profiter avec quelqu'un d'agréable. "  Alicia : " Vous vous rendez compte que vous et moi sommes de purs étrangers l'un à l'autre? "  Gabriel : " J'en ai conscience... pourquoi ne pas changer ça? Après tout nous sommes presque collègues de bureau, nous nous croiserons souvent... donc nous ne resterons pas des étrangers très longtemps. Autant prendre le taureau par les cornes et faire en sorte que ce partenariat soit cordiale? "  Je lui souris, amusée et troublée par sa proposition. Est-ce-que j'ai envie de passer du temps, seule avec lui? Oui. Est-ce-que je vais aller à ce déjeuner? Oui. Est-ce-que je vais le dire à Benjamin? Non. En tout cas pas tout de suite... ... Je pensais que nous nous retrouvions dans le restaurant gastronomique de la tour, mais au lieu de ça, nous sommes dans une brasserie à quelques mètres de l'immeuble. Je m'y sens bien plus à l'aise et ils y servent de la cuisine de chez moi! Gabriel : " Je sais que ce n'est qu'une pâle copie que ce que vous pouvez avoir en France, mais disons que c'est une illusion convaincante... " dit-il, en dégustant son steak tartare.  Alicia : " Vous n'avez pas à vous justifier. C'est très bon, et les préparations sont les mêmes qu'à Paris. Je ne suis pas ici depuis longtemps mais manger une telle nourriture, me rends un peu nostalgique... Paris est si belle en été, et c'est la première fois que je n'y serai pas. "  Gabriel : " Pourquoi avoir quitter la France? " demande-t-il, avec intérêt.  Alicia : " Et bien... ". Je bégaye un peu devant sa question franche. Je ne sais pas si j'ai envie de rentrer dans les détails et de lui déballer ma vie... " Je suis venu retrouver mon frère et aussi changer de vie. "répondis-je pour botter en touche.  Gabriel : " Vous êtes parti sur un coup de tête? Vous n'avez laissé personne là-bas? De la famille? Un petit-ami? " dit-il, sur le même ton naturel.  Alicia : " Non. Benjamin est ma seule famille. " dis-je, troublée.  Gabriel : " Je suis désolé. " dit-il, comprenant son impudeur. " Je ne voulais pas être indiscret... je voulais juste mieux vous connaitre. " dit-il pour se rattraper.  Alicia : " Ce n'est rien... Pour rétablir l'égalité, c'est à mon tour de vous posez des questions... " dis-je, pour reprenant la main.  Gabriel : " Allez-y, mais je me réserve le droit de ne répondre qu'à certaines... "  Alicia : " Quel âge avez-vous? " le coupais-je. Gabriel : " 35 ans. " Alicia : " Quel est l'intitulé exacte de votre profession? " Gabriel : " Disons... entrepreneur ou homme d'affaire... c'est comme vous voulez. "  Alicia : " Vous avez toujours été dans les affaires ou vous vous êtes fait tout seul? "  Gabriel : " En gros, vous me demandez si je suis un fils à papa qui a utilisé l'argent de l'héritage pour s'acheter des entreprises? La réponse est : non, Alicia. " dit-il en appuyant sur mon prénom.  Alicia : " Comment avez-vous fait pour être à la tête d'un building dans l'une des villes les plus chère du monde? "  Gabriel : " La chance... et beaucoup de travail... en réalité, mes parents avaient une industrie en Angleterre. Lorsqu'ils ont fait faillites, nous nous sommes installés à New York car mon père y avait trouvé un poste. Il m'a transmis sa passion pour le travail bien fait, la rigueur et le sens de l'honneur. " dit-il, en me regardant droit dans les yeux.  Je me rends compte que lorsqu'il a parlé de son père, un trémolo est apparu dans sa voix, mais pour vite s'évaporer.  Alicia : " Il semblerait qu'il vous ai appris l'essentiel... C'est donc le secret de votre succès? "  Gabriel : " On peut dire ça... " dit-il retrouvant le sourire. ... Alors que le déjeuner se termine. Nous marchons d'un pas lent jusqu'à notre lieu de travail. Il s'immobilise devant le trottoir. Une berline noire attend et il fait signe au chauffeur, qui commence à démarrer. Gabriel : " Déjeuner avec vous a été un véritable bonheur. Vous êtes peu commune Alicia Miles..." Alicia : " Que devrais-je dire de vous... Monsieur Archer propriétaire de la Tour Archer... " dis-je, en lui souriant.  Gabriel : " Appelez-moi simplement Gabriel. J'espère que nous aurons d'autres occasions d'échanger. Si vous avez besoin de quoique ce soit, n'hésitez pas à monter au quarantième étage, il parait que le patron est très conciliant... " dit-il, en se dirigeant vers sa voiture.  Alicia : " Au revoir, Gabriel. "  Je n'arrive pas à me défaire de ce sourire béat, quand il disparait dans la circulation. Je n'ai pas vu le temps passé, durant ce moment en sa compagnie. Il y a quelque chose de séduisant en lui, mais aussi d'incroyablement intimidant. Cela émane de sa personne mais aussi de son aura. Il est imposant et élégant à la fois.  Cependant, je ne peux ignorer cette petite voix en moi, qui me dit que sous cette apparence captivante, se cache peut-être le danger...
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