III Le lendemain à l’heure dite, nous étions devant le bâtiment de l’ancien Présidial, qu’on appelait encore de ce nom et qui était sur la place du Coderc, juste en face des prisons, à l’endroit où est aujourd’hui le numéro 8. De la porte d’entrée, on passait sous une voûte qui aboutissait à une petite cour noire et entourée de grands murs. Tandis que nous attendions dans cette cour, parlant avec des gens de chez nous cités comme témoins, voici que des pas lourds, éperonnés, sonnent sous la voûte, et mon père arrive, les mains enchaînées, escorté de trois gendarmes. Ma mère poussa un cri terrible, et ils eurent beau faire, les gendarmes, elle se jeta sur son homme, le prit à plein corps et l’embrassa fort en criant et se lamentant, pendant que moi je le tenais par une jambe en pleurant.