*** Une demi-heure plus tard, ils marchaient côte à côte sur le chemin qui relie Aduat à Gendron. Gilles, arguant que les routes n’étaient pas sûres, avait insisté pour accompagner sa mère et Nicaise avait abondé dans son sens. Il parlait sans interruption, ravi de ce divertissement inopiné. Elle, perdue dans ses pensées, lui répondait distraitement lorsque le ton de sa voix lui indiquait qu’il attendait une réponse. Elle n’avait pas soufflé mot à son époux de ce qui lui arrivait, car elle se disait que même lui ne pourrait pas la croire. Personne ne pourrait la croire, jamais. À part ses enfants, si elle leur transmettait à son tour sa mémoire. Mais elle avait beau réfléchir, elle ne voyait pas où, quand, et par quel intermédiaire elle avait elle-même recueilli cet extraordinaire héritag