Prologue-1-1

2006 Words
Prologue Trois ans auparavant, Îles des Éléments : Les couloirs du palais de cristal étaient animés par les activités matinales des résidents, mais la princesse Gem Aurora LaBreeze n’avait que vaguement conscience de l’agitation qui régnait dans le magnifique couloir. Elle était préoccupée par ce qui s’était passé à la réunion à laquelle elle avait assisté la veille. Elle essayait encore de comprendre tout ce qu’elle avait vu et appris avant d’en parler à ses parents. La partie la plus choquante de la réunion avait été de voir le roi dragon ! Aux dernières nouvelles, Drago avait recouvert toute l’île du Dragon d’un brouillard mortel après que la sorcière des mers eut transformé sa famille et tous ses sujets en pierre. Dans les années qui avaient suivi, jamais il n’avait réapparu… jusqu’à la réunion des dirigeants et des représentants qui s’était tenue la veille. Tout cela parce qu’une femme d’un autre monde était venue et avait tout changé. Nali, l’impératrice des monstres, avait affirmé que cette femme, Carly Tate, avait déclenché une série d’événements qui allaient rassembler les royaumes pour détruire « la créature étrangère ». C’était ainsi qu’ils appelaient l’entité maléfique qui avait pris le contrôle de Magna la sorcière des mers et l’avait forcée à semer la terreur sur les Sept Royaumes. Son libre arbitre ayant été asservi pendant des siècles, les autres participants de la réunion avaient voté pour épargner la vie de la sorcière des mers si possible. Gem avait été l’unique dissidente. Elle ne savait pas encore pourquoi ses parents avaient été si catégoriques sur le fait qu’elle devait voter pour la mort de Magna, quelles que soient les circonstances, mais elle était sûre qu’ils ne seraient pas heureux d’apprendre la décision qui avait été prise. L’expression de Gem s’adoucit à la vue du vieux garde qui assurait la protection devant une splendide double porte. Le garde inclina la tête en signe de respect et ouvrit la porte de la salle de conférence à son approche. Les portes magnifiquement sculptées racontaient l’histoire des élémentaux. Tendant la main, elle fit glisser affectueusement ses doigts sur la surface de l’un des battants. — Vos parents vous attendent, princesse. Je dois vous prévenir, cependant, le haut chancelier est avec eux, murmura le garde. — Merci de m’avoir prévenue, Samuel, répondit Gem avec un sourire triste. — Je vous en prie, Dame Gem. Je vais aussi parler aux jeunes gardes de leurs manières… encore une fois. Je pense que vous avez brisé plus d’un cœur à votre arrivée ce matin sans même vous en rendre compte, dit le garde, les yeux pétillants. Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et vit plusieurs jeunes gardes qui la regardaient avec un sourire en coin. Elle gloussa et secoua la tête lorsque l’un des jeunes hommes rougit et lui offrit un grand sourire. Face au regard sévère que leur lança Samuel, le groupe se sauva rapidement dans différentes directions. Elle reporta son attention sur le vieux garde. — Les nouvelles recrues… à chaque fois, c’est pareil. C’est la première fois qu’ils entrent dans le palais. Je voulais leur donner l’occasion de voir le fonctionnement quotidien, expliqua-t-il. Ils ne parleront que de vous pendant toute la journée. Il secoua la tête, amusé et contrit à la fois. — Je le fais juste pour te faire plaisir. Cela te donne une raison de les réprimander, plaisanta-t-elle. Gem souriait toujours quand elle entra dans la salle de conférence. Aussi loin que remontaient ses souvenirs, Samuel avait toujours été le garde personnel de ses parents. Elle avait passé d’innombrables heures à l’interroger sur les différentes scènes représentées sur les portes et il avait passé le même nombre d’heures à la captiver avec l’histoire de l’île des Éléments. Il lui avait également appris à manier l’épée. Son sourire mourut sur ses lèvres lorsqu’elle vit le haut chancelier parler avec ses parents. Peu lui importait que l’homme soit son cousin éloigné, elle ne l’aimait pas et ne lui faisait pas confiance. Petite déjà, elle évitait Wayman autant qu’elle le pouvait. Elle ne comprenait pas pourquoi ses parents avaient choisi de lui attribuer un poste aussi important après la mort prématurée de ses parents. Tandis qu’elle traversait la pièce, Gem détourna le regard de Wayman et se focalisa sur la lueur amusée qui brilla dans les yeux de sa mère. La reine Adrina LaBreeze haussa un sourcil et Gem plaqua un sourire forcé sur ses lèvres pour toute réponse, adressant un signe de tête poli au haut chancelier, qui l’observait d’un air calculateur. Sans se départir de son sourire serein, elle planta nonchalamment son regard dans celui de l’homme répugnant et comme d’habitude, une étincelle de colère brilla dans les yeux de son cousin avant qu’il ne se détourne. Ce bâtard pouvait toujours attendre s’il pensait pouvoir l’intimider. — Bienvenue à la maison, mon trésor, salua chaleureusement sa mère. Gem s’arrêta devant sa mère et l’embrassa légèrement sur les deux joues avant de faire de même avec son père. Celui-ci retint ses bras un instant avant de la lâcher. Elle ignora Wayman. S’il y avait bien un moyen d’atteindre son cousin, c’était de lui refuser l’attention et le pouvoir qu’il désirait ardemment. — As-tu fait bon voyage ? lui demanda doucement son père. Gem approuva d’un signe de tête. — C’était intéressant, répondit-elle, évasive. Elle jeta un coup d’œil à Wayman. Elle parlerait de la réunion à ses parents plus tard. Son instinct lui disait de se montrer extrêmement prudente concernant les informations qu’elle divulguait devant son cousin. Si ses parents décidaient d’informer Wayman de l’endroit où elle s’était rendue et de ce qui avait été discuté, ce serait leur décision. — Je ne savais pas que tu avais quitté l’île, Gem. Je crois qu’il y a encore un décret qui restreint sévèrement tous les voyages en vigueur, commenta Wayman de façon appuyée. Elle haussa les épaules. — Mon voyage a été autorisé par le roi et la reine, Wayman. Je ne voyais aucune raison de te faire part de mes déplacements, rétorqua-t-elle. Son cousin plissa les yeux et pinça les lèvres avant de dire doucement : — Comme nos Majestés le souhaitent, bien sûr. Il inclina la tête avec déférence vers le roi Ruger et la reine Adrina. Gem regarda sa mère quand elle sentit une main sur son bras. Ce fut à ce moment seulement qu’elle prit conscience qu’elle serrait avec force la poignée de son épée. Son cousin déclenchait toujours en elle le profond désir de voir si son sang était rouge ou noir. — Wayman, nous te retrouverons plus tard. Nous aimerions passer du temps seuls avec notre fille, déclara gracieusement sa mère. Wayman se raidit à ce renvoi. Il salua brièvement sa mère et son père et lui lança un regard interrogateur. Gem se tourna d’un air désinvolte et le regarda se diriger silencieusement vers une sortie dissimulée derrière une grande tapisserie sur le côté gauche de la pièce. Elle attendit d’entendre la porte s’ouvrir et se refermer avant de se retourner vers sa mère. Son père eut un petit rire et Gem souffla. — Je ne sais pas pourquoi vous tolérez ce misérable b…, marmonna-t-elle avec un reniflement de dédain. — Parfois, il est préférable de garder près de soi ceux en qui nous n’avons pas confiance, répondit le roi Ruger en soupirant. Gem leva un regard surpris vers son père. — Je ne savais pas que tu ressentais la même chose. — Il a toujours été le fils de son père, j’en ai bien peur, dit Ruger. Sa mère émit un reniflement inélégant avant de changer de sujet. — Qu’as-tu découvert ? lui demanda-t-elle. Gem regarda ses parents avec une profonde inquiétude. — Les autres vont essayer de capturer Magna. Nali a conseillé de ne pas la tuer. Drago… — Drago ! s’exclamèrent en chœur ses parents. — Le roi dragon est de retour ? voulut savoir son père. Gem acquiesça d’un signe de tête. — Oui. Il y avait une femme avec lui. Elle n’est pas de notre monde, expliqua-t-elle. — Pas de notre…, commença sa mère, penchant la tête avec un intérêt soudain. — Parle-nous d’elle, lui demanda son père avec impatience. Gem pensa à Carly Tate. — Elle est si douce et si gentille, et elle ressemble beaucoup à quelqu’un de notre monde, bien qu’elle ne semble pas posséder de magie. Nali a dit que sa présence a déclenché une série d’événements qui sauvera notre monde… tant que Drago ne tue pas Magna. Sa mère fronça les sourcils. — Nali possède le Miroir de la déesse. Elle sait ce qu’il en est, reconnut-elle. — Mais pourquoi leur dire de ne pas tuer Magna ? Si la sorcière des mers meurt, les royaumes seront à nouveau en sécurité, protesta son père. Gem secoua la tête. — Nali a dit que ce n’est pas vraiment Magna qui fait ces choses, mais une créature étrangère qui s’est emparée de son corps. Nali pense que Magna se bat contre la créature, confia-t-elle. — Une créature comme…, murmura sa mère, regardant Ruger avec une expression inquiète. — Qu’est-ce qu’il y a ? interrogea Gem. — À quoi ressemble cette créature étrangère ? demanda doucement son père. Gem fronça les sourcils. — Je ne sais pas. Nali dit qu’elle est tombée du ciel et qu’elle a vu une ombre noire recouvrir Magna. Pourquoi ? Tu sais ce que c’est ? Ses parents échangèrent un regard avant de reporter leur attention sur elle. Son père prit la main de sa mère et la serra. — Viens avec nous, lui enjoignit-il d’une voix douce. Gem hocha la tête et suivit silencieusement ses parents hors de la salle de conférence. Elle fut surprise lorsqu’ils franchirent la porte qui menait à l’extérieur. Elle s’arrêta et regarda derrière elle. Le sentiment tenace qu’ils étaient surveillés ne la quittait pas. — Où allons-nous ? demanda-t-elle en se retournant vers ses parents, qui descendaient l’escalier menant aux jardins centraux. Sa mère s’arrêta sur les marches. — Ce serait mieux si on te montrait, répondit-elle doucement. Intriguée par le comportement de ses parents, Gem leur emboîta le pas. Le grand jardin intérieur se composait de nombreux petits jardins à thème clos de murs couverts de lierre et qui formaient un vaste labyrinthe. Sa mère adorait la roseraie, alors que son père préférait les cactus du désert. Quant à elle, le jardin à floraison nocturne était son préféré. Elle les suivait à travers le labyrinthe. Les hautes haies qui bordaient les chemins changeaient continuellement. Seuls les huit jardins clos étaient constants. Des années lui avaient été nécessaires pour apprendre la moindre nuance du champ énergétique qui la guiderait à travers le labyrinthe vers n’importe lequel des jardins qu’elle voulait visiter. Elle baissa les yeux vers ses mains. Un sourire penaud se dessina sur son visage lorsqu’elle réalisa qu’elle avait inconsciemment levé les paumes pour sentir les pulsations d’énergie. Elle ralentit en sentant alors une pulsation inhabituelle qui la menait vers la gauche. Levant les yeux, elle vit sa mère s’arrêter et lui adresser un sourire triste. — Qu’est-ce que c’est ? On dirait presque que… Elle secoua la tête, incapable de cerner l’émotion. — Du chagrin, de la douleur…, déclara sa mère. Gem la regarda, perplexe. — Oui. Sa mère lui tendit la main. Gem s’avança, glissa sa main dans celle de sa mère, et elles tournèrent à l’angle du labyrinthe. La stupéfaction lui coupa le souffle. Le jardin préféré de sa mère grouillait de plantes grimpantes sauvages, agitées et couvertes d’épines acérées. — Qu’est-ce qui s’est passé ? interrogea Gem d’une voix à peine audible. — Il vaut mieux que nous soyons à l’intérieur du jardin avant de parler de cela, répondit son père. Adrina tendit la main et murmura quelques mots aux plantes grimpantes. L’un des stolons vint s’enrouler au bout de son doigt. La pointe tranchante d’une épine en effleura la pulpe et fit couler du sang. Lorsque la plante grimpante reconnut sa mère, elle se retira assez loin pour créer une ouverture vers la porte.
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD