XIII Jean était depuis dix-huit mois dans les gardes du corps, lorsqu’un incident, qui fit sur lui une profonde impression, le détermina à se séparer de ses camarades. Parmi les jeunes gentilshommes qui l’entouraient, riches, heureux, insouciants, accourus de tous les coins de la France pour mettre au service du roi leurs personnes élégantes et leurs épées toutes neuves, il avait su, quoique pauvre et, dans le principe, un peu gauche, se faire une place honorable. On l’estimait, on le tenait pour un noble cœur, et sa tristesse, qu’il dissimulait d’ailleurs autant qu’il le pouvait, avait été respectée jusqu’alors. Ses camarades ne lui en avaient jamais demandé la cause, et Jean n’était pas homme à raconter dans une salle des gardes l’histoire de sa vie. Il ne parlait guère des autres et j