VIII Stéphanette était heureuse. Elle s’en étonnait comme d’une chose nouvelle. Son enfance avait été maltraitée, et sa jeunesse était misérable. Toute petite, son père la battait souvent et ne la caressait jamais. De bonne heure elle avait senti, avec cet instinct d’enfant qui ne se trompe pas, qu’elle n’était pas aimée, qu’on la trouvait de trop dans cette maison où elle vivait seule avec lui. Quand elle riait, et c’est un besoin de rire à cet âge, il la frappait ; quand elle pleurait, il l’enfermait ; quand elle s’approchait de lui, il la repoussait ; par bonheur elle n’avait jamais été malade, car il l’aurait laissée mourir. Ne fallait-il pas qu’elle aidât Margot à faire le ménage, Margot, une vieille ignoble qui la battait aussi ! C’était pitié de voir la pauvre petite revenir le ma