V Le samedi soir, vers cinq heures, Jean prit la route de la Merlinière. Une visite à la Merlinière, c’était une date, une fête délicieuse dans sa vie. Il allait à grands pas, car le soleil baissait déjà. La chaleur était grande encore, mais on sentait passer par moments la brise fraîche du soir qui commençait à battre de l’aile. Le marquis l’attendait à l’extrémité de l’avenue, d’où l’on découvrait le chemin jusqu’à une portée de fusil. Il s’était assis sur l’herbe nouvellement fauchée, semée par endroits de quelques poignées de foin sec échappées aux faneurs, et où mille fleurs, mille plantes, renaissaient de leurs tiges coupées, infatigables comme nos espérances. Lui, si gai d’ordinaire, il était triste et inquiet. Sa visite chez le brocanteur avait réveillé de lointains et pénible