I

204 Words
I Je ne dirai ni où ni quand j’ai connu le baron de Féreste. J’ai pour me taire, à cet égard, des raisons particulières que je ne veux pas énoncer, de peur de faire plaisir à quelqu’un. Mettez, si vous voulez, que c’était au collège, vers l’année 1833. Mon héros comptait alors seize printemps. Il était fort joli garçon, blond, frisé, blanc comme une fille. Cela ne l’empêchait pas d’avoir le coup d’œil vif, et, à l’occasion, la main leste. Que de gourmades il me donnait ! Moi j’avais toujours le dessous. Nous n’en étions que meilleurs amis, tant il est vrai que, pour se faire estimer dans le monde, il faut de toute nécessité avoir fait du mal à autrui. Je me venge aujourd’hui « de mon Pylade » en racontant ses aventures. Je tâcherai que mon récit soit amusant, afin de le désespérer dans la belle chambre de marbre blanc où il réside, enveloppé d’une chemise de plomb, et qui sera son dernier gîte. J’oubliais de vous dire que le baron était mort il y a huit jours. Je me suis donné le plaisir d’assister à ses funérailles. Que ne puis-je assister de même à celles de tant d’autres !… Mais bast ! n’est-il pas plus philosophique de regarder tranquillement ce qui se passe, et de se dépêcher d’en rire. C’est ce que je veux faire désormais.
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