II

193 Words
II Autant qu’il m’est possible de me le rappeler, la famille du baron était de vieille noblesse. Elle dépensait le triple de ses revenus dans l’honorable but de tenir son rang. Ses terres lui rapportaient à peine deux pour cent. Pour rien au monde elle n’aurait consenti à les échanger contre des rentes, parce que ces terres étaient patrimoniales, et qu’il ne pouvait pas être dit que les terres de Féreste avaient passé entre les mains de quelque croquant. La fortune et les dettes allaient donc de compagnie dans la maison. Cette maison était dévorée par les hypothèques. Le carrossier n’était pas payé, non plus que le grenetier, ni le tailleur. Les livrées, il est vrai, étaient magnifiques, mais les valets tremblaient pour leurs gages. On dit même que les diamants de la comtesse de Féreste, mère de mon héros, faisaient parfois de longues stations au Mont-de-Piété. On comptait sur un riche mariage pour redorer le vieil écusson de la famille. Le jeune baron, seul, pouvait être appelé à contracter ce mariage. Il était fils unique, et l’espoir de son père, de sa mère, de ses tantes, cousins et cousines, – espoir un peu légèrement placé, comme on verra, – était en lui.
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