XIII
Justement, comme il s’abreuvait « du doux poison » de la littérature, l’époque des vacances arriva et ses parents le conduisirent à la campagne. Ils possédaient, entre autres châteaux grevés d’hypothèques, une manière de rendez-vous de chasse, aux environs de Meulan, au bord de la Seine. Le site, quoique agréable, est un peu sec. Il y a cependant, au-dessous du pont, une île d’environ une lieue de long, qui leur rapportait peu de chose, mais qui était si fraîche et si coquette que les gens du pays l’avaient nommée l’Île-Belle. Là, du temps du Régent, un académicien, Jean-Paul Bignon, abbé de Saint-Quentin, – qui se souvient de lui maintenant ! – auteur des Aventures d’Abdalla, fils d’Hanif, avait été envoyé en exil. Il fit de sa prison le plus ravissant des jardins. Un pavillon galant s’élevait à chaque extrémité de l’île. L’abbé entoura l’île d’une verte ceinture. Cette ceinture se composait d’aulnes et de peupliers.