XXIX

151 Words
XXIX Loin de Flore, mon ami éprouvait des sensations inconnues et très émouvantes. Silencieux, agité, oppressé, rêveur, il fuyait toute société. La nature seule le reposait un peu de lui-même. Il y a une grande différence entre lire, à seize ans, un récit d’amour, ou se débattre dans les affres délicieuses de l’amour même. Arthur errait dans la campagne. Son âme alors se soulevait en lui et s’exaltait. La nuit, il se levait et regardait la lune et les étoiles. Il était mal partout, troublé partout. Dans l’égoïsme de sa passion, il sentait bien que « quelque chose » lui manquait. Mais, malgré les révélations que ses camarades lui avaient faites au collège, – et qui n’avaient aucun rapport avec les racines grecques, – ce quelque chose le remplissait de crainte et d’effroi. Ainsi, le jeune conscrit qui va au feu pour la première fois, éprouve avant de recevoir la première décharge des ennemis, – quelque brave qu’il soit du reste, – une appréhension singulière.
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