XXIII

190 Words
XXIII Arthur, en ce moment, cheminait juste à point sous les aulnes, à dix pieds au-dessus de Flore. Elle ne l’avait pas vu, mais lui la voyait bien. Cela lui fit un singulier effet de se trouver tout seul auprès de cette fille, coiffée de fleurs, et dont les pieds, si blancs, brillaient dans l’eau. Il retenait son souffle pour mieux la voir. C’était la première fois que les rêves qui étaient nés de ses lectures se levaient poétiquement devant lui. Songez que ces lectures étaient toutes champêtres, que le récit du bain de Virginie l’avait troublé. Une dame du monde élégamment vêtue et cérémonieuse, avec des gants, des bas et un air méprisant, n’aurait rien dit, peut-être, au cœur du jouvenceau. Mais cette fille, si fraîche – et si peu vêtue ! – saint Antoine lui-même, aurait en cette occasion, comme vous et moi, risqué un œil. Ce fut la faute de sa maudite chienne si mon ami détourna le sien. La chienne venait de faire lever un lapin, et le lapin sautant du train de derrière, se sauvait dans l’herbe. Arthur, entre deux tentations, succomba à la plus banale. Il épaula prestement son armé et lâcha son coup de fusil.
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