XIV L’air frais de la nuit dissipa instantanément les vapeurs brillantes que le souper, le vin, les provocations de la danseuse et le chant passionné de Stella avaient fait courir dans mon cerveau ; je me sentis tout à coup morne, désolé, et comme frappé d’abandon dans cette grande ville étrangère. À la lueur vacillante des lanternes de ses gondoles, Venise noire et silencieuse flottait devant moi. On eût dit un immense cercueil éclairé par des cierges. Il me semblait que c’était mon cœur qu’on ensevelissait, et que jamais il ne renaîtrait plus à la vie et à l’amour. Je me pris à pleurer sur moi-même, comme on pleure sur un être qu’on aime et qui vient de mourir ; pourquoi ce deuil avant-coureur ? pourquoi ce présage ? J’eus honte de ma faiblesse, et faisant un effort énergique pour res