XI La journée du lendemain est une de celles de ma vie dont le souvenir m’est resté le plus vif et le plus présent ; je n’en ai oublié aucun détail. Vers midi je m’étais mise courageusement au travail afin de chasser par cette discipline salutaire tout retour de pensées molles et d’égarement malsain ; Marguerite qui savait l’utilité et le résultat de mes traductions de romans, avait emmené mon fils à la promenade pour m’assurer quelques heures de tranquillité ; j’espérais qu’Albert, un peu blessé de la façon dont nous nous étions séparés la veille, ne viendrait pas ou viendrait tard. Il arriva vers deux heures ; j’étais à peine vêtue d’un peignoir blanc ; mes cheveux relevés et massés en désordre retombaient çà et là sur mon front et sur mon cou en boucles inégales. À ce négligé et aux f