IX J’avais connu Albert de Lincel à la fin de l’hiver, le printemps était venu vite avec de beaux jours à son début, comme il arrive souvent à Paris. Les femmes surtout sentent l’influence de ce changement rapide des saisons ; passer des glaces de l’hiver a une température tiède, sentir en soi la sève des arbres et des plantes qui poussent et qui fleurissent, c’est, près d’un être aimé, un épanouissement plein d’orgueil et d’ivresse ; mais dans la solitude cette surabondance de l’être se transforme en souffrance et en tortures. Que faire du trop-plein de son cœur ? à quoi bon les rougeurs subites qui colorent les joues, et la flamme plus vive qui jaillit du regard ? à quoi bon se sentir plus forts et plus beaux si l’amour manque à l’énergie et à la beauté ? Léonce m’avait promis d’arriv