CHAPITRE IV LE PAVILLON JAUNE La goélette Farallone se trouvait assez loin dans les mâchoires de la passe, où le pilote terrifié s’était hâté de l’amener au mouillage et de s’enfuir. Vus de la plage, à travers la mince rangée de bateaux, deux objets se détachaient nettement sur la mer : la petite île d’une part, avec ses palmiers et les canons des batteries élevées quarante ans plus tôt pour défendre la capitale de la reine Pomaré ; de l’autre ce Farallone paria, relégué au seuil du port, roulant bord sur bord et déployant son sinistre pavillon. Quelques oiseaux de mer croassaient et piaillaient alentour du bateau que gardait à proximité une chaloupe du navire de guerre où étincelaient les armes des marins. La lumière exubérante et le ciel éblouissant des tropiques mettaient en relief ch