V Un dîner sur l’herbe Sous une longue avenue de lentisques qui formait la salle du festin, toute la b***e, disséminée par groupés, était déjà rassemblée. La terre servait à la fois de table et de sièges ; les poignards se transformaient en fourchettes aussi bien qu’en couteaux ; les galettes de pain cuites sous la cendre, les bidons, les bardaques, remplis d’eau de source adoucie ou réchauffée par un tiers d’eau-de-vie de poires, circulaient à la ronde ; on mangeait à la gamelle, on buvait à la régalade. La table de Zény, qui réunissait les autres chefs, se distinguait seule par un luxe tout particulier. Chargées de leurs fruits rouges, les branches horizontales d’un énorme arbousier, au feuillage dentelé, s’étendaient sur la tête des convives, et, tout en les protégeant contre les ray