Comment l’entends-tu ? – J’entends que ce n’est pas seulement qu’elle t’aime, mais elle assure que Kitty sera ta femme. » En entendant ces mots, le visage de Levine rayonna d’un sourire bien voisin de l’attendrissement. « Elle dit cela ! s’écria-t-il. J’ai toujours pensé que ta femme était un ange. Mais assez, assez parler, dit-il en se levant. – Reste donc assis. » Levine ne tenait plus en place ; il fit deux ou trois fois le tour de la chambre de son pas ferme, en clignant des yeux pour dissimuler des larmes, et se remit à table un peu calmé. « Comprends-moi, dit-il ; ce n’est pas de l’amour : j’ai été amoureux, mais ce n’était pas cela. C’est plus qu’un sentiment : c’est une force intérieure qui me possède. Je suis parti parce que j’avais décidé qu’un bonheur semblable ne pouvait exister, il n’aurait rien eu d’humain ! Mais j’ai eu beau lutter contre moi-même, je sens que toute ma vie est là. Il faut que cela se décide ! – Mais pourquoi es-tu parti ? – Ah ! si tu savais que de pensées se pressent dans ma tête, que de choses je voudrais te demander ! Écoute. Tu ne peux te figurer le service que tu m’as rendu ; je suis si heureux que j’en deviens égoïste, j’oublie tout ! et cependant j’ai appris aujourd’hui que mon frère Nicolas, tu sais, est ici, et je l’ai oublié ! Il me semble que lui aussi doit être heureux. C’est comme une folie… Mais une chose me paraît terrible
rible : toi qui es marié, tu dois connaître ce sentiment… nous déjà vieux, avec un passé, non pas d’amour mais de péché, n’est-il pas terrible que nous osions approcher d’un être pur, innocent ? n’est-ce pas affreux ? et n’est-il pas juste que je me trouve indigne ? – Je ne crois pas que tu aies grand’chose à te reprocher. – Et cependant, dit Levine, en repassant ma vie avec dégoût, je tremble, je maudis, je me plains amèrement, oui… » – Que veux-tu ! le monde est ainsi fait, dit Oblonsky. – Il n’y a qu’une consolation, celle de cette prière que j’ai toujours aimée : « Pardonne-nous selon la grandeur de ta « miséricorde, et non selon nos mérites. » Ce n’est qu’ainsi qu’elle peut me pardonner. »
Levine vida son verre, et pendant quelques instants les deux amis gardèrent le silence. « Je dois encore te dire une chose. Tu connais Wronsky ? demanda Stépane Arcadiévitch à Levine. – Non, pourquoi cette question ? – Donne encore une bouteille, dit Oblonsky au Tatare qui remplissait leurs verres. C’est que Wronsky est un de tes rivaux. – Qu’est-ce que Wronsky ? demanda Levine dont la physionomie, tout à l’heure si juvénilement enthousiaste, n’exprima plus que le mécontentement. – Wronsky est un des fils du comte Cyrille Wronsky et l’un des plus beaux échantillons de la jeunesse dorée de Pétersbourg. Je l’ai connu à Tver, quand j’étais au service ; il y venait pour le recrutement. Il est immensément riche, beau, aide de camp de l’Empereur, il a de belles relations, et, malgré tout, c’est un bon garçon. D’après ce que j’ai vu de lui, c’est même plus qu’un bon garçon, il est instruit et intelligent ; c’est un homme qui ira loin. » Levine se rembrunissait et se taisait. « Eh bien, il est apparu peu après ton départ et, d’après ce qu’on dit, s’est épris de Kitty ; tu comprends que la mère… – Pardonne-moi, mais je ne comprends rien, – répondit Levine en s’assombrissant de plus en plus. La pensée de Nicolas lui revint aussitôt avec le remords d’avoir pu l’oublier. – Attends donc, dit Stépane Arcadiévitch en lui touchant le bras tout en souriant : je t’ai dit ce que je savais, mais je répète que, selon moi, dans cette affaire délicate les chances sont pour toi. » Levine pâlit et s’appuya au dossier de sa chaise. « Pourquoi n’es-tu jamais venu chasser chez moi comme tu me l’avais promis ? Viens au printemps, » dit-il tout à coup. Il se repentait maintenant du fond du cœur d’avoir entamé cette conversation avec Oblonsky ; ses sentiments les plus intimes étaient blessés de ce qu’il venait d’apprendre sur les prétentions rivales d’un officier de Pétersbourg, aussi bien que des conseils et des suppositions de Stépane Arcadiévitch. Celui-ci comprit ce qui se passait dans l’âme de son ami et sourit. « Je viendrai un jour ou l’autre ; mais, vois-tu, frère, les femmes sont le ressort fait tout mouvoir en ce monde. Mon affaire à moi est mauvaise, très mauvaise, et tout cela à cause des femmes ! Donne-moi franchement ton avis, continua-t-il en tenant un cigare d’une main et son verre de l’autre. – Sur quoi veux-tu mon avis ? – Voici : Supposons que tu sois marié, que tu aimes ta femme, et que tu te sois laissé entraîner par une autre femme. – Excuse-moi, mais je ne comprends rien à cela ; c’est pour moi, comme si, en sortant de dîner, je volais un pain en passant devant une boulangerie. » Les yeux de Stépane Arcadiévitch brillèrent plus encore que de coutume. « Pourquoi pas ? le pain frais sent quelquefois si bon qu’on peut ne pas avoir la force de résister à la tentation. Himmlisch war’s wenn ich bezwang Meine irdische Begier Aber wenn mir’s nicht gelang Hatt ! ich auch ein gross Plaisir. Et en disant ces vers Oblonsky sourit finement. Levine ne put s’empêcher d’en faire autant. « Trêve de plaisanteries, continua Oblonsky, suppose une femme charmante, modeste, aimante, qui a tout sacrifié, qu’on sait pauvre et isolée : faut-il l’abandonner, maintenant que le mal est fait ? Mettons qu’il soit nécessaire de rompre pour ne pas troubler la vie de famille, mais ne faut-il pas en avoir pitié ? lui adoucir la séparation ? penser à son avenir ? – Pardon, mais tu sais que, pour moi, les femmes se divisent en deux classes, ou, pour mieux dire, il y a des femmes et des… Je n’ai jamais rencontré de belles repenties ; mais des créatures comme cette Française du comptoir avec ses frisons me répugnent, et toutes les femmes tombées aussi. – Et l’Évangile, qu’en fais-tu ? – Laisse-moi tranquille avec ton Évangile. Jamais le Christ n’aurait prononcé ces paroles s’il avait su le mauvais usage qu’on en ferait ; c’est tout ce qu’on a retenu de l’Évangile. Au reste je conviens que c’est une impression personnelle, rien de plus. J’ai du dégoût pour les femmes tombées, comme toi pour les araignées ; tu n’as pas eu besoin pour cela d’étudier les mœurs des araignées, ni moi celles de ces êtres-là. – C’est commode de juger ainsi ; tu fais comme ce personnage de Dickens, qui jetait de la main gauche par-dessus l’épaule droite toutes les questions embarrassantes. Mais nier un fait n’est pas y répondre. Que faire ? dis-moi, que faire ? – Ne pas voler de pain frais. » Stépane Arcadiévitch se mit à rire. « Ô moraliste ! mais comprends donc la situation : voilà deux femmes ; l’une se prévaut de ses droits, et ses droits sont ton amour que tu ne peux plus lui donner ; l’autre sacrifie tout, et ne demande rien. Que doit-on faire ? comment se conduire ? C’est un drame effrayant ! – Si tu veux que je te confesse ce que j’en pense, je te dirai que je ne crois pas au drame ; voici pourquoi : selon moi l’amour, les deux amours tels que les caractérise Platon dans son Banquet, tu t’en souviens, servent de pierre de touche aux hommes : les uns ne comprennent qu’un seul de ces amours, les autres ne le comprennent pas. Ceux qui ne comprennent pas l’amour platonique n’ont aucune raison de parler de drame. En peut-il exister dans ces conditions ? « Bien obligé pour l’agrément que j’ai eu » : voilà tout le drame. L’amour platonique ne peut en connaître davantage, parce que là tout est clair et pur, parce que… » À ce moment, Levine se rappela ses propres péchés et les luttes intérieures qu’il avait eu à subir ; il ajouta donc d’une façon inattendue : « Au fait, peut-être as-tu raison. C’est bien possible… Je ne sais rien, absolument rien. – Vois-tu, dit Stépane Arcadiévitch, tu es un homme tout d’une pièce. C’est ta grande qualité et aussi ton défaut. Parce que ton caractère est ainsi fait, tu voudrais que toute la vie se composât d’événements tout d’une pièce. Ainsi tu méprises le service de l’État parce que tu n’y vois aucune influence sociale utile, et que, selon toi, chaque action devrait répondre à un but précis ; tu voudrais que l’amour et la vie conjugale ne fissent qu’un. Tout cela n’existe pas. Et d’ailleurs le charme, la variété, la beauté de la vie tiennent précisément à des nuances. » Levine soupira sans répondre ; il n’écoutait pas, et pensait à ce qui le touchait. Et soudain ils sentirent tous deux que ce dîner, qui aurait dû les rapprocher, bien que les laissant bons amis, les désintéressait l’un de l’autre ; chacun ne pensa plus qu’à ce qui le concernait, et ne s’inquiéta plus de son voisin. Oblonsky connaissait ce phénomène pour en avoir fait plusieurs fois l’expérience après dîner ; il savait aussi ce qui lui restait à faire. « L’addition, » cria-t-il ; et il passa dans la salle voisine, où il rencontra un aide de camp de connaissance, avec lequel la conversation s’engagea aussitôt sur une actrice et sur son protecteur. Cette conversation soulagea et reposa Oblonsky de celle qu’il avait eue avec Levine ; son ami l’obligeait à une tension d’esprit qui le fatiguait toujours. Quand le Tatare eut apporté un compte de 28 roubles et des kopecks, sans oublier le pourboire, Levine, qui, en campagnard qu’il était, se serait épouvanté en temps ordinaire de sa part de 14 roubles, n’y fit aucune attention. Il paya et retourna chez lui, pour changer d’habit et se rendre chez les Cherbatzky, où son sort devait se décider.
La jeune princesse Kitty Cherbatzky avait dix-huit ans. Elle paraissait pour la première fois dans le monde cet hiver, et ses succès y étaient plus grands que ceux de ses aînées, plus grands que sa mère elle-même ne s’y était attendue. Sans parler de toute la jeunesse dansante de Moscou qui était plus ou moins éprise de Kitty, il s’était, dès ce premier hiver, présenté deux partis très sérieux : Levine et, aussitôt après son départ, le comte Wronsky. Les visites fréquentes de Levine et son amour évident pour Kitty avaient été le sujet des premières conversations sérieuses entre le prince et la princesse sur l’avenir de leur fille cadette, conversations qui dégénéraient souvent en discussions très vives. Le prince tenait pour Levine, et disait qu’il ne souhaitait pas de meilleur parti pour Kitty. La princesse, avec l’habitude particulière aux femmes de tourner la question, répondait que Kitty était bien jeune, qu’elle ne montrait pas grande inclination pour Levine, que, d’ailleurs, celui-ci ne semblait pas avoir d’intentions sérieuses…, mais ce n’était pas là le fond de sa pensée. Ce qu’elle ne disait pas, c’est qu’elle espérait un parti plus brillant, que Levine ne lui était pas sympathique et qu’elle ne le comprenait pas ; aussi fut-elle ravie lorsqu’il partit inopinément pour la campagne. « Tu vois que j’avais raison, » dit-elle d’un air triomphant à son mari. Elle fut encore plus enchantée lorsque Wronsky se mit sur les rangs, et son espoir de marier Kitty non seulement bien, mais brillamment, ne fit que se confirmer. Pour la princesse, il n’y avait pas de comparaison à établir entre les deux prétendants. Ce qui lui déplaisait en Levine était sa façon brusque et bizarre de juger les choses, sa gaucherie dans le monde, qu’elle attribuait à de l’orgueil, et ce qu’elle appelait sa vie de sauvage à la campagne, absorbé par son bétail et ses paysans. Ce qui lui déplaisait plus encore était que Levine, amoureux de Kitty, eût fréquenté leur maison pendant six semaines de l’air d’un homme qui hésiterait, observerait, et se demanderait si, en se déclarant, l’honneur qu’il leur ferait ne serait pas trop grand. Ne comprenait-il donc pas qu’on est tenu d’expliquer ses intentions lorsqu’on vient assidûment dans une maison où il y a une jeune fille à marier ? et puis ce départ soudain, sans avertir personne ? « Il est heureux, pensait-elle, qu’il soit si peu attrayant et que Kitty ne se soit pas monté la tête. » Wronsky, par contre, comblait tous ses vœux : il était riche, intelligent, d’une grande famille ; une carrière brillante à la cour ou à l’armée s’ouvrait devant lui, et en outre il était charmant. Que pouvait-on rêver de mieux ? il faisait la cour à Kitty au bal, dansait avec elle, s’était fait présenter à ses parents : pouvait-on douter de ses intentions ? Et cependant la pauvre mère passait un hiver cruellement agité. La princesse, lorsqu’elle s’était mariée, il y avait quelque trente ans, avait vu son mariage arrangé par l’entremise d’une tante. Le fiancé, qu’on connaissait d’avance, était venu pour la voir et se faire voir, l’entrevue avait été favorable, et la tante qui faisait le mariage avait de part et d’autre rendu compte de l’impression produite ; on était venu ensuite au jour indiqué faire aux parents une demande officielle, qui avait été agréée, et tout s’était passé simplement et naturellement. Au moins est-ce ainsi que la princesse se rappelait les choses à distance. Mais lorsqu’il s’était agi de marier ses filles, elle avait appris, par expérience, combien cette affaire, si simple en apparence, était en réalité difficile et compliquée. Que d’anxiétés, que de soucis, que d’argent dépensé, que de luttes avec son mari lorsqu’il avait fallu marier Dolly et Nathalie ! Maintenant il fallait repasser par les mêmes inquiétudes et par des querelles plus pénibles encore ! Le vieux prince, comme tous les pères en général, était pointilleux à l’excès en tout ce qui touchait à l’honneur et à la pureté de ses filles ; il en était jaloux, surtout de Kitty, sa favorite. À chaque instant il faisait des scènes à la princesse et l’accusait de compromettre sa fille. La princesse avait pris l’habitude de ces scènes du temps de ses filles aînées, mais elle s’avouait actuellement que la susceptibilité exagérée de son mari avait sa raison d’être. Bien des choses étaient changées dans les usages de la société, et les devoirs d’une mère devenaient de jour en jour plus difficiles. Les contemporaines de Kitty se réunissaient librement entre elles, suivaient des cours, prenaient des manières dégagées avec les hommes, se promenaient seules en voiture ; beaucoup d’entre elles ne faisaient plus de révérences, et, ce qu’il y avait de plus grave, chacune d’elles était fermement convaincue que l’affaire de choisir un mari lui incombait à elle seule, et pas du tout à ses parents. « On ne se marie plus comme autrefois, » pensaient et disaient toutes ces jeunes filles, et même les vieilles gens. Mais comment se marie-t-on alors maintenant ? C’est ce que la princesse n’arrivait à apprendre de personne. L’usage français qui donne aux parents le droit de décider du sort de leurs enfants n’était pas accepté, il était même vivement critiqué. L’usage anglais qui laisse pleine liberté aux jeunes filles n’était pas admissible. L’usage russe de marier par un intermédiaire était considéré comme un reste de barbarie ; chacun en plaisantait, la princesse comme les autres. Mais comment s’y prendre pour bien faire ? Personne n’en savait rien. Tous ceux avec lesquels la princesse en avait causé répondaient de même : « Il est grand temps de renoncer à ces vieilles idées ; ce sont les jeunes gens qui épousent, et non les parents : c’est donc à eux de savoir s’arranger comme ils l’entendent. » Raisonnement bien commode pour ceux qui n’avaient pas de filles ! La princesse comprenait qu’en permettant à Kitty la société des jeunes gens, elle courait le risque de la voir s’éprendre de quelqu’un dont eux, ses parents, ne voudraient pas, qui ne ferait pas un bon mari ou qui ne songerait pas à l’épouser.
avait donc beau dire, la princesse ne trouvait pas plus sage de laisser les jeunes gens se marier tout seuls, à leur fantaisie, que de donner des pistolets chargés, en guise de joujoux, à des enfants de cinq ans. C’est pourquoi Kitty la préoccupait plus encore que ses sœurs. En ce moment, elle craignait surtout que Wronsky ne se bornât à faire l’aimable ; Kitty était éprise, elle le voyait et ne se rassurait qu’en pensant que Wronsky était un galant homme ; mais pouvait-elle se dissimuler qu’avec la liberté de relations nouvellement admise dans la société il n’était bien facile de tourner la tête à une jeune fille, sans que ce genre de délit inspirât le moindre scrupule à un homme du monde ? La semaine précédente, Kitty avait raconté à sa mère une de ses conversations avec Wronsky pendant un cotillon, et cette conversation sembla rassurante à la princesse, sans la tranquilliser complètement. Wronsky avait dit à sa danseuse que son frère et lui étaient si habitués à se soumettre en tout à leur mère, qu’ils n’entreprenaient jamais rien d’important sans la consulter. « Et en ce moment, avait-il ajouté, j’attends l’arrivée de ma mère comme un bonheur particulièrement grand. » Kitty rapporta ces mots sans y attacher aucune importance spéciale, mais sa mère leur donna un sens conforme à son désir. Elle savait qu’on attendait la vieille comtesse et qu’elle serait satisfaite du choix de son fils ; mais alors pourquoi sembler craindre de l’offenser en se déclarant avant son arrivée ? Malgré ces contradictions, la princesse interpréta favorablement ces paroles, tant elle avait besoin de sortir d’inquiétude. Quelque amer que lui fût le malheur de sa fille aînée, Dolly, qui songeait à quitter son mari, elle se laissait absorber entièrement par ses préoccupations au sujet du sort de la cadette, qu’elle voyait prêt à se décider. L’arrivée de Levine augmenta son trouble ; elle craignit que Kitty, par un excès de délicatesse, ne refusât Wronsky, en souvenir du sentiment qu’elle avait un moment éprouvé pour Levine ; ce retour lui semblait devoir tout embrouiller et reculer un dénouement tant désiré. « Est-il arrivé depuis longtemps ? demanda-t-elle à sa fille en rentrant. – Il est arrivé aujourd’hui, maman. – Il y a une chose que je veux te dire,… commença la princesse, et à l’air sérieux et agité de son visage Kitty devina de quoi il s’agissait. – Maman, dit-elle en rougissant et en se tournant vivement vers elle, ne dites rien. Je vous en prie, je vous en prie. Je sais, je sais tout. » Elle partageait les idées de sa mère, mais les motifs qui déterminaient le désir de celle-ci la froissaient. « Je veux dire seulement qu’ayant encouragé l’un… – Maman, ma chérie, au nom de Dieu ne dites rien, j’ai peur d’en parler. – Je ne dirai rien, répondit la mère en lui voyant des larmes dans les yeux : un mot seulement, ma petite âme. Tu m’as promis de n’avoir pas de secrets pour moi. – Jamais, jamais aucun, s’écria Kitty en regardant sa mère bien en face, tout en rougissant. Je n’ai rien à dire maintenant, je ne saurais rien dire, même si je le voulais, je ne suis…
Non, avec ces yeux-là elle ne saurait mentir, » pensa la mère, souriant de cette émotion, tout en songeant à ce qu’avait d’important pour la pauvrette ce qui se passait dans son cœur.