La première nuit de Timothée et Léa chez leur oncle Jean fut difficile. En plus de la petitesse du lit sur lequel chacun d’eux dormait, il faisait chaud, car c’était déjà la saison sèche. Et il n’y avait pas de ventilateur dans leur chambre. Les deux orphelins venaient d’un petit village où le climat était un peu plus tempéré, et avaient donc beaucoup de mal à s’accommoder au climat sec et chaud de la ville de Douala.
Timothée et Léa furent réveillés en sursaut par un bruit sec qui se répétait à plusieurs reprises ; c’était leur tante qui frappait à la porte, et leur demandait de se lever pour venir aider leurs cousins à effectuer les tâches ménagères. Ils sortirent rapidement de leur chambre, les yeux encore ensommeillés, pour aller prêter main forte à leurs cousins. Sylvie attribua à Timothée et à Léa des tâches précises, qu’ils devaient rapidement terminer avant de prendre leur petit-déjeuner. Mais à leur grande surprise, leurs cousins qui étaient censés travailler comme eux, étaient plutôt en train de regarder la télé. Ils furent surpris par cette injustice, mais continuèrent quand même de travailler. Après qu’ils ont terminé, ils rejoignirent le reste de la famille à table pour prendre le petit-déjeuner. Ce moment qui était censé être agréable, fut un peu tendu. À un moment donné, Sylvie s’arrêta de manger et regarda Timothée avec sévérité. "Timothée, pourquoi as-tu laissé tes chaussures dans l'entrée ?" demanda-t-elle durement. "Je suis désolé, je vais les ranger", répondit Timothée. "Ici chez moi, on range toujours tes affaires après usage", dit Sylvie. Sylvie aimait bien rappeler à qui voulait l’entendre que c’était le chez-elle. Timothée et sa sœur allaient devoir s’habituer à entendre cette expression plusieurs fois par jour.
Après avoir fini de prendre le petit-déjeuner, Sylvie fit un tour dans la chambre des deux orphelins. Elle constata que le lit de Timothée était dressé, pas celui de Léa. Elle fit appeler Léa, qui vint en courant. "Léa, pourquoi n'as-tu pas fait ton lit ?" "Je suis désolée", murmura Léa. "Ici chez moi, quand on se réveille, on fait son lit tous les matins avant de sortir de la chambre. Je ne voudrais plus te rappeler cela", dit Sylvie. "Si vous êtes venus de votre village désordonné, moi je vais vous apprendre à être responsables et ordonnés."
Plus tard, Timothée et Léa décidèrent d'aller jouer dans le jardin. Mais ils oublièrent de fermer la porte. Quand Sylvie constata que la porte était restée ouverte, elle voulut pousser un cri de rage, mais les enfants la devancèrent et crièrent : "tante Sylvie, nous sommes désolés !". Ils coururent fermer la porte en même temps. "Ici chez moi, on ferme toujours les portes et les fenêtres après usage. C’est compris ?", dit Sylvie, les yeux étincelants de colère. "Oui, c'est compris", répondirent les deux enfants.
Léa, qui avait pris un biscuit se trouvant dans un bocal sans demander, se fit réprimander une nouvelle fois. "Rends-le !" ordonna Sylvie. "Dans ma maison, il faut demander toujours avant de prendre quelque chose qui n'est pas à toi. Prendre sans permission, c’est du vol !" Timothée entendit sa sœur se faire réprimander. Excédé, il demanda à Sylvie pourquoi elle est si sévère. "Parce que je veux que vous deveniez des adultes responsables et respectueux", répond Sylvie sèchement. "Et pour cela, vous devez suivre les règles."
Le reste de la journée fut marqué par des réprimandes constantes de la part de Sylvie. Timothée et Léa commencent à se sentir écrasés par les règles et les exigences de leur belle-tante. "Nous n’allons jamais pouvoir faire plaisir à Sylvie", soupira Léa auprès de son frère. "Nous devons essayer", répondit Timothée. "Mais je commence à me demander si nous sommes vraiment les bienvenus ici."
La nuit tombée, et Timothée et Léa se couchèrent, se sentant seuls et abandonnés dans ce nouveau monde.
Aux environs de minuit, les pleurs de Timothée et Léa résonnent dans la maison. Oncle Jean et Sylvie entendirent des sanglots et décidèrent de vérifier ce qui se passe. Ils constatèrent que les pleurs venaient de la pièce d’en haut. Ils se dirigèrent vers la chambre de Timothée et Léa, et oncle Jean toqua à la porte en demandant : "Pourquoi pleurez-vous ?" Il ouvrit la porte, et trouva Timothée et Léa allongés sur leur lit, les yeux gonflés de larmes. "Papa et maman nous manquent", répondirent Timothée et sa sœur. Jean s'approcha et s'assit sur le lit de Léa. "Je sais que c'est difficile pour vous", dit-il à voix basse. "Mais vous êtes maintenant chez moi, et je ferai tout pour que vous vous sentiez à l'aise. Vous êtes en sécurité ici." Léa sanglota de plus belle. "Nous les aimions tellement", dit-elle entre deux sanglots. Sylvie, qui était restée debout, devant la porte, ne montra aucune compassion à l’égard des deux enfants. "C'est normal que vous pensiez à vos parents", dit-elle froidement. "Mais la vie est ainsi faite ; il faut apprendre à surmonter votre douleur et à aller de l'avant, au lieu de passer le temps à pleurer." Jean lui jeta un regard réprobateur. "Sylvie, s'il te plaît", dit-il. "Ils ont besoin de réconfort, pas de leçons." Sylvie haussa les épaules et quitta la chambre. Jean prit la main de Timothée et celle de Léa. "Je suis là pour vous", dit-il. "Et je ferai tout pour que vous soyez heureux ici chez moi. Vous êtes maintenant ma famille." Timothée et Léa arrêtèrent de pleurer pendant un moment, réconfortés par les paroles de leur oncle. "Merci, oncle Jean", dit Timothée. "Oui, merci tonton", ajouta Léa. Jean sourit et les serra dans ses bras. "Vous êtes chez vous ici", dit-il. "Et je vous aime."
Après le départ et les paroles rassurantes d’oncle Jean, Timothée et Léa finirent par trouver le sommeil, sentant une lueur d'espoir dans ce nouveau monde. Dans cette maison où personne ne leur témoignait de l’amour et de la compassion, il y avait au moins une personne sur qui ils pouvaient compter : oncle Jean.