Timothée et Léa comprirent très vite qu’ils n’étaient pas les bienvenus dans la maison de l’oncle Jean. Mais ils se dirent que cette hostilité était due au fait qu’ils venaient tout juste d’arriver, et que les autres avaient encore quelques appréhensions à leur endroit. Et leur candeur, leur insouciance, les emmenait à ne pas prendre trop en considération les invectives dirigées à leur endroit. Un jour, ils décidèrent de se joindre à leurs cousins Thierry et Prisca pour jouer. Mais ceux-ci refusent catégoriquement. "Allez-vous-en !" cria Thierry. "Nous ne voulons pas jouer avec vous !" Timothée et Léa insistent pour jouer avec eux, mais Thierry et Prisca s'enfuient en courant. "Je vais le dire à maman !" cria Prisca. Elle joignit sa parole à l’acte. Elle alla dire à sa mère que Timothée et Léa insistent pour jouer avec eux. Cette plainte mit Sylvie dans une violente colère. Après avoir écouté attentivement ses enfants, elle appela Timothée et Léa dans le salon. "Qu'est-ce que vous avez fait encore ?" demanda-t-elle, les yeux étincelants de colère. "Nous voulions juste jouer avec eux", répondit Timothée. "Ils ne sont pas obligés de jouer avec vous !" rétorqua Sylvie. "Laissez-les tranquilles ! Vous êtes des étrangers ici, vous ne pouvez pas vous comporter comme si vous étiez chez vous !" Timothée et Léa se sentirent blessés et humiliés.
Un peu plus tard en soirée, ils demandèrent à leurs cousins pourquoi ils sont aussi méchants à leur endroit. "Nous ne vous aimons pas, un point, c'est tout", répondit Thierry froidement. "Pourquoi ?" demanda Léa, les larmes aux yeux. "Parce que vous êtes différents de nous. Vous sortez du village, et nous, on n’aime pas les villageois", dit Prisca. "Nous ne voulons pas de vous ici." Timothée et Léa se retirèrent, dévastés. Ils n’arrivaient pas à comprendre que leurs cousins ne les aiment pas pour une raison si saugrenue. Une personne qui vit au village n’est-elle pas un être humain à part entière ? Les deux orphelins se posèrent cette question dans leur for intérieur.
Plus tard, oncle Jean rentra du travail. Timothée et Léa lui racontèrent ce qu’ils avaient vécu en journée ; il les écouta attentivement. "Ne vous inquiétez pas, je vais parler à mes enfants", dit-il. Mais il le dit pour apaiser leur cœur. Il ne bougea pas le petit doigt.
Pendant que Timothée et Léa se plaignent, Thierry et Prisca écoutaient aux portes. Ils eurent un brin de remords quand ils les entendirent pleurer. "Je ne peux pas supporter de les voir pleurer", chuchota Thierry. "Moi non plus", répondit Prisca.
Le lendemain, Thierry et Prisca approchèrent Timothée et Léa. "Écoutez, nous sommes désolés pour hier", dit Thierry. "Vous pouvez jouer avec nous si vous voulez." Timothée et Léa furent surpris et heureux. Mais le soir même, Sylvie les rappela à l'ordre. "Ne vous laissez pas attendrir par ces ceux-là", dit-elle. "Ils ne sont pas de notre famille." Thierry et Prisca ne savaient plus que faire. Devaient-ils continuer de manifester de l’hostilité à leurs cousins, ou alors obéir à leur mère ?