XVIIIDimanche, 20 janvier. Les derniers chrysanthèmes, fripés par les gelées du matin, ont disparu de l’étalage de madame L’Ourse, ma fleuriste ordinaire, pour faire place à des camélias et à des branchettes de saule, ornées déjà de ces petites pendeloques jaunâtres qui sont des floraisons d’extrême renouveau. Notre séjour indéterminé dans ce pays se prolonge de semaine en semaine, et nous finirons par y voir poindre le printemps. Dans sa vieille rue toujours en pénombre, qui longe le flanc de la montagne et les soubassements des temples, cette boutique de madame L’Ourse est un point où je m’arrête chaque jour, avant d’aller m’isoler là-haut, dans les bosquets des morts. Nous sommes du reste un peu en galanterie, madame L’Ourse et moi : c’était fatal. Sa maisonnette de bois est noirâtre