Chapitre XII La mer, la mer grise. Sur la grand-route non tracée qui mène, chaque été, les pêcheurs en Islande, Yann filait doucement depuis un jour. La veille, quand on était parti au chant des vieux cantiques, il soufflait une brise du sud, et tous les navires, couverts de voiles, s'étaient dispersés comme des mouettes. Puis cette brise était devenue plus molle, et les marches s'étaient ralenties; des bancs de brume voyageaient au ras des eaux. Yann était peut-être plus silencieux que d'habitude. Il se plaignait du temps trop calme et paraissait avoir besoin de s'agiter, pour chasser de son esprit quelque obsession. Il n'y avait pourtant rien à faire, qu'à glisser tranquillement au milieu de choses tranquilles; rien qu'à respirer et à se laisser vivre. En regardant, on ne voyait que