Dédicace
V oici une histoire qui s’étend sur de nombreuses années et emmène le lecteur dans bien des pays. Grâce à des circonstances particulièrement favorables l’auteur la commença, la continua et la termina dans des décors éloignés les uns des autres et très différents. Avant tout, il s’est très souvent trouvé en mer. Le personnage et le destin des frères ennemis, le château et le parc de Durrisdeer, le problème du drap de Mackellar et de la forme à lui donner pour les grandes migrations ; tels furent ses compagnons sur le pont, dans bien des ports où l’eau reflétait les étoiles, telles furent les idées qui traversèrent souvent son esprit au chant de la voile qui claque et furent interrompues (quelquefois très brutalement) à l’approche des requins. Mon espoir est que l’entourage ayant ainsi présidé à la composition de cette histoire réussisse dans une certaine mesure à lui assurer la faveur des navigateurs et des amoureux de la mer que vous êtes.
Et au moins, cette dédicace vient de très loin : elle a été écrite sur les rivages hauts en couleur d’une île subtropicale à près de dix mille milles de Boscombe Chine et du Manoir : décors qui m’apparaissent tandis que j’écris, en même temps que je crois voir les visages et entendre les voix de mes amis.
Eh bien, me voilà une fois de plus reparti en mer ; sans aucun doute il en est de même de Sir Percy. Envoyons le signal B.R.D. !
R. L S
Waikiki, 17 mai 1889.