V Jamais on n’a vu d’affaire plus mal conduite que le duel de M. Fert et de M. de Marsal. Le capitaine n’avait pas touché une épée en sa vie, et ses pistolets, chargés en 1840, étaient encore tout neufs, comme vous savez. Daniel, exercé à toutes les armes, n’avait usé de ses talents que pour expulser un porteur d’eau par la fenêtre. Personne n’était assez ennemi de soi-même pour lui chercher querelle. Le grand avantage de ceux qui savent se battre, c’est qu’ils ne se battent presque jamais. En revanche, les maladroits viennent souvent leur demander assistance et les choisir pour témoins de leurs faits d’armes. Mais Daniel vivait loin du monde, et il avait peu d’amis, tous artistes, confinés dans leur atelier, pacifiques par goût et par état. Aussi n’avait-il jamais paru sur le terrain, mê