II J’ai connu, il y a treize ou quatorze ans, un petit Espagnol que ses parents avaient envoyé à l’institution M***. C’est la mieux disciplinée de toutes les maisons qui entourent le lycée Charlemagne. Aucun livre nouveau n’y pénètre en contrebande ; tout volume broché en jaune est sévèrement consigné à la porte, et les élèves y lisent en récréation les tragédies de Racine les moins légères, et les oraisons funèbres de Bossuet les moins frivoles. Le jeune Madrilègne s’ennuyait comme à la tâche, et effaçait les jours un à un sur son petit calendrier. Un de nos camarades, touché de sa peine, lui demanda : « Pourquoi le temps te semble-t-il si long ? Est-ce ta famille que tu regrettes, ou simplement ta patrie ? – Ni l’une ni l’autre, répondit l’enfant. J’ai commencé, dans un journal de Mad