Chapitre IVMadame Cambry recevait tous les samedis, et elle avait ce qu’on appelle à Paris un salon, c’est-à-dire un monde à elle, et un monde trié sur le volet : des financiers aimables, des artistes bien élevés, des gentilshommes sans morgue, des savants sans pédanterie et même des hommes d’État pas trop ennuyeux. Et c’est un talent assez rare que celui d’attirer et de retenir des gens d’élite, sans les enrégimenter dans une coterie. Elle voyait peu de femmes, quelques-unes pourtant, choisies parmi celles qui pouvaient apporter à ces réunions un contingent d’esprit ou de beauté. Elle avait su éviter le grand écueil : sa maison était un terrain neutre où ne prédominait aucune influence exclusive. Il y a des soirées de jeu, des soirées littéraires, des soirées musicales, des soirées poli