Avertissement de la première édition
Q uand l’éditeur des volumes suivants publia, il y a deux années environ, l’ouvrage intitulé l’Antiquaire, il annonça que c’était la dernière fois qu’il adressait au public des productions de ce genre. Il pourrait se prévaloir de l’excuse que tout auteur anonyme n’est qu’un fantôme, comme le fameux Junius ; et qu’ainsi, quoiqu’il soit une apparition plus pacifique et d’un ordre moins élevé, il ne saurait être obligé de répondre à une accusation d’inconséquence. On peut trouver une meilleure apologie en imitant l’aveu du bon Benedict 1 , qui prétend que, lorsqu’il disait qu’il mourrait célibataire, il ne pensait pas vivre jusqu’au jour où il serait marié. Ce qu’il y aurait de mieux, ce serait si, comme il est arrivé à quelques-uns de mes illustres contemporains, le mérite du livre pouvait absoudre l’auteur de la violation de sa promesse ; sans oser l’espérer, il est seulement nécessaire de dire que ma résolution, comme celle de Benedict, a succombé à une tentation, ou du moins à un stratagème.
Voici à peu près six mois que l’auteur reçut, par l’intermédiaire de ses honorables libraires-éditeurs, un manuscrit contenant l’esquisse de cette nouvelle histoire, avec la permission, ou plutôt la prière, en termes flatteurs, de la rendre propre à être publiée. Les corrections et les changements qu’on le laissait libre de faire ont été si nombreux qu’outre la suppression de certains noms et d’événements trop près de la réalité, l’ouvrage peut bien être regardé comme entièrement recomposé. Plusieurs anachronismes se seront glissés probablement dans le cours de ces changements, et les épigraphes des chapitres ont été choisies sans aucun égard à la date supposée des événements. L’éditeur s’en rend donc responsable. D’autres erreurs appartenaient aux matériaux originaux, mais elles sont de peu d’importance. Si l’on voulait exiger une exactitude minutieuse, on pourrait objecter que le pont sur le Forth, ou plutôt sur l’Avondhu (rivi ère noire), près du hameau d’Aberfoïl, n’existait pas il y a trente ans. Ce n’est pas toutefois à l’éditeur d’être le premier à dénoncer ces fautes ; il est bien aise de remercier ici publiquement le correspondant anonyme et inconnu auquel le lecteur devra la majeure partie de l’amusement que pourront lui procurer les pages suivantes.
1 er d écembre 1817.