Chapitre 7

1802 Words
«Closed». Nikolaï jura plusieurs fois. Pourquoi avait-elle fermé en plein milieu de la matinée et où diable a-t-elle bien pu aller ? Il actionna le poignet de la porte et bizarrement celle-ci s'ouvrit. Il eût sur le coup un mauvais pressentiment qui se confirma lorsqu'il pénétra dans le magasin et entendit des plaintes émanant de la douce voix de Sorrow désormais devenue douloureuse. Il accourut vers l'endroit précis et vit au sol un crapule sur "sa" Sorrow. Elle se débattait, preuve qu'elle était tout sauf consentante. Une colère sourde l'aveugla, il ne lui fallut pas longtemps pour réagir et se jeter sur ce faquin méprisable. L'énergumène qui était concentrée sur sa salle besogne n'avait pas entendu le tintement de la clochette à travers les cris de sa victime. Le grec devint comme possédé et tira la crevure qu'était Lancaster en arrière. D'abord surpris celui-ci tenta de se relever malgré le fait qu'il était désarçonné. Nikolaï ne lui en laissa pas le temps et lui asséna un coup virulent qui le fit tomber de nouveau suivit de plusieurs autres. L'adrénaline ne fit qu'augmenter son rythme cardiaque. Le visage de Lancaster commençait à avoir des signes d'hématomes ici et là mais Nikolaï s'en fichait, il voulait même le défigurer à vie, le buter dans tous les sens du terme. L'homme tenta de se défendre par des efforts lamentables mais l'autre avait le dessus sur lui. On aurait même dit que chaque tentative de Lancaster pour le frapper l' énervait encore plus. – Alors comme ça on n'a le courage de s'en prendre à une femme sans défense mais pas la force de se battre comme un vrai homme n'est-ce-pas ? Hum ? cracha-t-il à sa figure avant de lui péter le nez dans un bruit de craquement sinistre. – Arrêtez, vous allez le tuer ! supplia Sorrow affolée à l'idée qu'il ne commette l'irréparable. – C'EST JUSTEMENT CE QUE JE VEUX ! il beugla furieux en posant les yeux sur le haut de la jeune femme qui était un peu déchiré et révélait la naissance de sa poitrine. Cette vision l'enflamma encore plus de rage. Ce ver de terre avait osé la toucher. Il reprit ses coups agenouillé sur l'homme amoché et presque inconscient. Si Lancaster s'en sortait, il garderait à coup sûr des séquelles à vie sur son visage. – Viens par ici toi! Il se releva et l'entraîna avec lui avant de plaquer durement sa face meurtrie contre le bois dur du comptoir. – Pi-pitié! Mais qui êtes-vous ?! il articula avec difficulté à travers sa bouche ensanglantée et aux dents cassées. – Celui qui va t'apprendre à respecter les femmes sale déchet. Empoignant fermement ses cheveux, il souleva sa tête puis l'abattit de nouveau sur la surface boisée avec une force qui fit trembler Sorrow de peur. Par miracle, le bois ne se fissura pas mais c'en était moins une. Lancaster gémissait de douleur et son nez pissait abondamment le sang. – J'ai dit stop ! Nikolaï ne semblait plus l'écouter mais elle devait à tout prix le stopper avant qu'il ne regrette son acte, ne voulant pas qu'il aille en prison à cause d'elle. Lancaster n'en valait pas la peine. – Nikolaï lâchez-le tout de suite, elle aboya en reprenant assurance. Contre toute attente il obéit à l'entendant prononcer son prénom. Lancaster s'écroula au sol en geignant de douleur. Il pleurnichait littéralement. Elle constata avec horreur qu'il s'était légèrement pissé dessus. De la morve était mélangée au sang qui s'écoulait de son nez. Les yeux gonflés, il tremblait de tous ses membres. Son corps qui avait lui aussi subit les coups devait le faire souffrir mais Sorrow n'eût aucune pitié pour lui, qu'il agonise. La seule raison pour laquelle elle avait supplié Nikolaï d'arrêter était que cet acte pouvait lui porter préjudice. – Vous allez bien ? s'enquit-elle en se tournant vers lui pour l'examiner. Il posa sur elle un regard ardent et fou. Ce n'était plus le même homme qu'hier. Le ton ambré de ses iris rendait son expression encore plus enflammée par la colère, l'envie de meurtre inassouvie. – C'est à moi de vous demander ça ! il gronda avec la respiration saccadée. Il avait parlé avec une telle dureté. Sorrow baissa la tête en frottant les paumes moites de ses mains contre le tissu de sa jupe. En voyant les larmes perler aux coins de ses yeux, il se radoucit et caressa du bout des doigts son visage. – Il a voulu vous faire du mal, murmura t-il comme pour lui même. Cet élan de tendresse injustifiée fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase et elle laissa libre cours à ses larmes. Elle avait cru mourir et s'il était parvenu à ses fins, elle se serait dégoûté toute sa vie. Lancaster l'avait touché intimement, il avait presque profané son corps. Sans l'aide de cet homme en face d'elle, il serait sûrement entrain de la v****r en ce moment précis. Nikolaï effleura sa joue meurtrie lui arrachant ainsi une grimace de douleur tandis qu'elle reniflait lamentablement. Cette vision faillit lui faire perdre la raison et il se retourna en voulant terminer ce qu'il avait commencé mais constata que l'homme avait boité jusqu'à la porte qu'il avait ouvert dans le but de s'échapper comme le ver de terre qu'il était, un lâche indigne de vivre. Nikolaï décala Sorrow sur le côté afin de le rattraper et de l'achever. – OÙ CROIS-TU ALLER COMME ÇA FILS DE p**e? – Non ! Laissez-le partir, elle s'écria en le retenant fermement par le bras. Il n'en vaut pas la peine, croyez-moi. – Il n'en vaut pas la peine ? Bon sang Sorrow ! Ce moins que rien a voulu vous... Gamísou (p****n de merde), imaginez ce qu'il vous aurait fait si je n'étais pas intervenu à temps ! Et vous osez me demander de l'ignorer ? – Je sais, émit-elle dans un murmure en contrôlant tant bien que mal le sanglot qui bloqué dans sa gorge douloureuse. Voyant son désarroi Nikolaï tenta de retrouver son calme. Elle était secouée et il valait mieux ne pas l'effrayer plus que ne l'avait fait ce type. – Pour quelle raison avez-vous retourné la pancarte "open close" ? J'ai cru que vous aviez fermé, fulmina l'homme face à une telle imprudence. Elle le fixa incrédule. – J'ai certes oublié de lever les volets mais je vous jure que l'insigne désignait que c'était ouvert. A moins que... Elle cogita pendant un instant puis comprit. – Il a dû la retourner en entrant alors que j'avais le dos tourné. Lorsque Nikolaï agrippa ses cheveux d'un geste rageur, elle remarqua ses phalanges ensanglantées et rougies. – Il faut soigner votre main. J'habite en haut, venez. – Je me contrefiche de ma main! – Mais il faut s'en occuper ! – Pas avant que vous ne m'ayez expliqué qui il est et ce qu'il foutait ici. Vous entretenez une liaison avec lui ? Je trouve qu'il est un peu trop vieux pour vous, vociféra-t-il les pupilles dilatées par le courroux. Il employa un ton sec car il était malmené par un sentiment de jalousie. Après tout ça pouvait être une dispute de couple qui aurait dégénéré. Il arrivait que les hommes abusent de leurs compagnes sous prétexte qu'elles se refusent à eux. Penser au fait qu'elle puisse coucher avec ce chacal le rendait malade. Qu'avait-il de plus que lui ? Si c'était cas, Nikolaï comptait bien l'arracher des mains de cet homme et faire sienne parce qu'il ne la méritait pas. – Non mais ça ne va pas ?! Ai-je l'air d'avoir une liaison avec lui ? elle s'indigna sans remarquer son soulagement. Et puis ce ne sont pas vos affaires alors mêlez-vous de ce qui vous regarde. – Ça me regarde désormais, je suis impliqué dans cette histoire que vous le voulez ou non alors la moindre des choses est que vous puissiez faire est de tout me dévoiler. Il s'affrontèrent du regard. À ce jeu Sorrow s'était toujours crue forte et imbattable. Mais force est de constater que devant cet homme aussi buté que beau, elle perdait ses moyens. Elle finit donc par rendre les armes la première. – Très bien, je vous dirai tout ce que vous voulez savoir, mais seulement si vous me laissez m'occuper de votre main. Il acquiesça à moitié satisfait. Heureuse qu'ils aient pu trouver un compromis, elle alla fermer la boutique à clé, essayant de dominer le tremblement de ses jambes dû au choc de son agression et passa devant lui en le priant de la suivre. La bagarre avait causé du désordre ici et là avec quelques traces de sang par dessus le marché mais elle allait nettoyer tout ça après. Ils montèrent les marches d'un étroit escalier en colimaçon les menant à un étage où étaient stockés de vieux livres et d'autres objets inutilisables. Elle ouvrit par la suite une autre porte en bois et ils débouchèrent sur un petit couloir éclairé. Cette étroitesse rendait le rapprochement de leurs corps considérable. Troublée, elle ne pouvait ignorer sa présence alors même qu'il marchait tout juste derrière elle, son torse musclé lui frôlant presque le dos. Cette proximité était bizarrement rassurante. Oui, elles sentait protégée auprès d'un parfait inconnu, quelle ironie. Elle ouvrit sa porte d'entrée et le fit pénétrer chez elle. Il envahit alors son espace dès la seconde suivante. Honteuse de l'accueillir dans un appartement aussi vétuste et modeste, elle lui dit de faire comme chez lui et ne perdit pas plus de temps. Elle se rendit dans sa chambre pour changer de haut avant de se rendre dans la salle de bain. Ouvrant l'armoire à pharmacie, elle chercha de quoi le soigner. Elle en profita pour s'observer dans le miroir. Cette mufle de Lancaster n'y était pas allé de main morte et c'était vachement douloureux, même lorsqu'elle bougeait la mâchoire. Quand elle revint au salon avec le tout, il examinait des photos de Betty et d'elle. Son expression n'était plus aussi fermée et grave comme il y'a de cela quelques minutes. – C'est ma mère. – Vous ne lui ressemblez pas du tout. Elle à plus l'air d'être votre grand-mère. Sorrow ne s'attendait pas à une telle remarque. Certains auraient sans doute affirmé qu'elles se ressemblaient comme deux gouttes d'eau afin de la flatter. Mais lui, il avait dit en toute honnêteté ce qu'il pensait. – Normal, je ne suis pas sa fille biologique. Asseyez-vous je vous prie, le convia-t-elle en espérant qu'il ne s'attarde pas sur le sujet. Nikolaï prit place dans le vieux canapé tandis qu'elle vint le rejoindre, le kit de soin sur ses genoux. Il avait eu vent de toutes ces informations mais jouait la comédie jusqu'au bout en lui posant des questions. Allait-elle lui mentir? – Qu'est-il arrivé à vos vrais parents?
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