VIII La fuite On peut se figurer quelle nuit le comte passa près de sa fille sauvée de la mort. S’il ressentit plus vivement alors la perte de la comtesse, s’il entretint Marie de sa pauvre mère, une sainte et une martyre, toutes ces douleurs furent pourtant mêlées d’une joie immense ; quelles prières de miséricorde il éleva vers le ciel pour sa femme morte, de reconnaissance pour sa fille vivante et pour son sauveur ! Kernan avait dit au jeune homme : – Monsieur le chevalier, vous avez en moi un chien dévoué, et tout mon sang ne paiera pas ce que vous avez fait là ! Pauvre jeune homme ! on sentait que toute cette joie devait être désolante pour lui, car elle était payée de la mort de sa sœur. Le matin venu, Kernan songea au plus pressé ; on ne pouvait demeurer dans cette maison sans