II - À cache-cache-2

2683 Words
– Nous le connaissons en effet, dit sir Murlyton. Mais, à qui ai-je l’honneur ?… – Bouvreuil, propriétaire, financier, président du syndicat des porteurs d’actions du Panama, répondit-il en présentant sa carte. – Parfaitement, honorable gentleman. Moi je suis sir Murlyton et voici ma fille Aurett. – Ah bah !… Est-ce que c’est vous l’Anglais désigné dans l’article des Échos sous le nom de Mirliton Esquire. – Je ne connais pas cet article. – Tenez, lisez-le. Après un rapide examen, l’Anglais reprit : – Oui, ce doit être moi. Et vous, c’est l’oiseau de l’espèce « vautour ? » – Juste… Ah ! le gredin !… – Vous n’êtes pas de ses amis, à ce que je vois… – Oh ! non. Miss Aurett interrompit avec son gentil sourire : – Pourtant, mademoiselle votre fille, tout à l’heure… Est-ce qu’il n’était pas question de mariage entre elle et lui ? – Ma fille le désirerait, mais c’est lui, le pendard, qui n’en veut pas entendre parler. – Aoh ! pardon… Et un sourire bizarre, énigmatique, se dessina sur ses lèvres, à la place du sourire courtois et de bonne compagnie quelle esquissait d’abord. Miss Aurett avait vu le visage et la personne désagréable de Mlle Pénélope. Miss Aurett dans son for intérieur donnait raison à ce M. Lavarède. Dans sa petite idée, ce pauvre garçon qui lui avait sauvé la vie, – elle n’en démordait pas, – méritait mieux que cette épouse peu avenante. Mais les deux hommes continuaient de causer. – Oui, disait Bouvreuil, je vais lui faire manquer son héritage ; dès ce soir, il sera arrêté ; cela doit vous satisfaire puisque vous êtes son concurrent ; et vous allez m’y aider. – Oh ! moi, je ne puis rien contre lui. C’est une question d’honneur, prévue par le testament. Je dois vérifier seulement, sans lui créer moi-même d’obstacle. – Qu’à cela ne tienne, j’agirai seul et il ne dépassera pas Bordeaux. Après un voyage de quatorze heures, les bagages sont descendus près du quai d’embarquement aux bateaux. Bouvreuil n’a pas perdu de vue la caisse où est son ennemi. Et, en se frottant les mains, il se dirige vers le bureau de la douane. Au même instant, tout à côté de la caisse, on entend frapper sur les planches, et une jolie petite voix bien douce appelle : – Monsieur Lavarède !… monsieur Lavarède ! C’était miss Aurett qui, d’instinct, sans réflexion, prenait le parti de Lavarède contre Bouvreuil. Ce faisant, elle se mettait bien aussi contre son père. Mais elle n’y songeait même pas. Son premier mouvement, le bon, – le meilleur a dit Talleyrand, – la poussait à protéger le jeune contre le vieux, le beau contre le laid, le pauvre contre le riche. Ne lui reprochons pas cette générosité naturelle. Elle est si rare dans la vie ! Mais elle est assez commune au bel âge de miss Aurett. La vingtième année n’est-elle pas celle des illusions ? Il est certain que si la petite Anglaise avait été une personne de sens rassis, si elle avait pris en pension l’habitude de compter, si on lui avait enseigné la valeur de l’argent, elle se serait dit : « Voilà un gaillard qui me semble assez décidé. Si on ne l’empêche, il est capable de gagner les millions du voisin Richard. Or, ces millions doivent me revenir un jour, ou peut-être me servir de dot. Tandis qu’en laissant faire ce vilain oiseau qui a nom Bouvreuil, le jeune voyageur sera arrêté, mis en prison, condamné au moins à une amende, qu’il lui faudra payer. De toute façon, il sera obligé de perdre du temps, de revenir, de s’expliquer, de plaider, de gagner de l’argent par son travail. Pendant ce temps, les jours passeront, peut-être les mois. Et les beaux millions voyageront tout seuls, sans lui, pour revenir bientôt au papa Murlyton. » Ce raisonnement, logique et sensé, n’entra pas dans sa virginale cervelle. Son esprit honnête se refusa même à la muette et tacite complicité du « laisser faire ». Et tout naturellement, comme si c’eût été son devoir, elle s’en vint toquer de ses doigts mignons sur la caisse recéleuse et répéta : – Monsieur Lavarède ! Aucun bruit, aucune réponse. Toujours à mi-voix, elle reprit : – N’ayez pas de défiance, je vous en prie. Un danger vous menace et je viens vous en avertir. Alors, du dedans, surgit un organe étouffé : – On dirait votre voix, miss Aurett. – Oui, fit-elle joyeuse ! Sortez bien vite de là. – Non, mademoiselle, je n’en sortirai que lorsque ma chambre à coucher sera embarquée à bord du paquebot et que le mouvement m’aura indiqué que le bateau est en marche vers Colon. – Mais on ne l’embarquera même pas, votre… ce que vous venez de dire de shocking. – Eh ! pourquoi donc, mademoiselle ? demanda-t-il, frappé du ton désespéré de la jeune Anglaise. – Parce que monsieur… je ne sais pas son nom, l’oiseau de la race des vautours… – Monsieur Bouvreuil ?… – Justement… vient d’aller chercher les douaniers et les employés pour vous faire « pincer dans la boîte ! » – Pincer !… fichtre ! Ce disant, il entrouvrit la porte. Miss Aurett était toute rouge. – Oh ! fit-elle confuse, « pincer » est peut-être un mot pas joli… C’est lui qui ! a prononcé tout à l’heure, – il a dit aussi « la boîte. » – quand il a prévenu mon père. – Mais que diable fait-il ici ? – Mon père ?… mais il vous escorte comme il le doit. – Non, pas, monsieur votre père… l’autre. – Lui, il nous a raconté qu’il allait à Panama. – Bien, bien, merci, miss… Ainsi M. Murlyton est du complot ?… – Oh ! non… papa est correct. Il s’est engagé à ne rien faire. Aussi il s’est éloigné. – Pour laisser faire l’autre ? – Il ne peut pas l’empêcher, monsieur… Mais moi… – Vous ! s’écria Lavarède en sautant sur le pavé du quai… vous, vous êtes la Providence ; c’est peut-être pour remplir ce rôle que le bon Dieu vous a faite si jolie… – Pas de compliments, monsieur mon sauveur. Et cachez-vous vite, car les voici. – Merci, mon bon ange. Et lançant un b****r du bout des doigts, Armand se dissimula derrière des ballots et des barriques qui formaient une pile énorme non loin de là. Miss Aurett, légèrement troublée au fond, mais le visage calme, vit venir Bouvreuil avec un douanier et un employé du chemin de fer. Elle avait eu la précaution de refermer la caisse. – Il est là, dit Bouvreuil, avec un geste qui n’était pas sans analogie avec celui que dut faire Napoléon à Marengo. – Là-dedans, fit l’employé un peu ahuri, vous dites qu’il y a un homme ? – Peut-être un malfaiteur qui se cache, ajouta Bouvreuil. – En tout cas, viande vivante, chair humaine, marchandise non déclarée, procès-verbal, articula le préposé des douanes. Les deux hommes ne savaient comment ouvrir pour vérifier le contenu. Bouvreuil non plus. Tous trois l’essayèrent vainement, devant miss Aurett qui avait peine à garder son sérieux. Mais leurs tentatives eurent un résultat, celui de bousculer, d’ébranler la caisse, ce qui fit aussitôt reconnaître à ces hommes accoutumés à manier des colis qu’elle était légère et partant qu’elle devait être vide. – Vous êtes fou, mon brave, dit à Bouvreuil l’employé de la gare. Il ne peut pas y avoir un homme là-dedans. – Mais si ! affirma-t-il. – Mais non, insista l’autre, tenez, je la retourne d’une main, sans effort. – C’est juste, opina le douanier. – Pourtant, je vous atteste, comme je l’ai déclaré, qu’à Paris… – À Paris, mes collègues se sont moqués de vous. – Enfin, il n’y a qu’à l’ouvrir, on verra bien. – Seulement, nous n’avons pas d’outils ici, et puis je n’oserai déclouer les planches qu’en présence d’un de mes chefs. Je vais aller chercher des camarades pour transporter ce colis suspect au bureau. – Et moi, ajouta le préposé, je vais chercher mon brigadier, nous assisterons à l’autopsie. – C’est cela ! fit Bouvreuil en levant les bras au ciel d’un air navré… et pendant ce temps-là, le brigand qui est là-dedans s’enfuira de sa caverne ! – Eh bien, restez en faction devant et vous verrez bien s’il sortira, dirent les deux autres en s’en allant. Il est là… Bouvreuil était donc seul à faire les vingt pas dans un petit espace de terrain demeuré vide entre des monticules de caisses, de tonneaux, de ballots, de paniers, de marchandises de toutes les provenances et de toutes les espèces, venant des Amériques ou y allant. Nous disons qu’il y était seul, car miss Aurett, un peu avant, s’était approchée de la cachette de Lavarède qui lui avait fait un signe de détresse. – Je vous en supplie, miss, dit-il à voix basse, ne restez pas là… Il ne faut pas qu’il y ait un seul témoin de ce qui va se passer. Sans répondre, elle salua Bouvreuil et s’éloigna pour retrouver son père qui s’était dirigé, lui, vers l’appontement du paquebot. – Eh bien, ma fille ?… demanda-t-il. – Eh bien, rien de définitif. – Aoh !… Et M. Lavarède ? – Je crois qu’il va s’embarquer. – Alors je vais régler le prix de mon passage. – De notre passage, mon père. Sans s’émouvoir, sir Murlyton dit – Vous voulez venir aussi avec moi ? Aussi froidement, en véritable Anglaise, elle répondit : – Oui, mon père, cette petite excursion à Panama peut être instructive ; je n’ai pas encore parcouru le centre de l’Amérique. – Les voyages forment la jeunesse… Mais quel bagage ayez-vous : – Ma valise de promenade et mon nécessaire de toilette. – Pensez-vous que cela suffise ? – Non ; mais je vais rapidement faire les achats indispensables. – All right ! Mais mistress Griff ? – Je profiterai de mes courses pour lui télégraphier qu’elle doit retourner tout de suite et seule dans notre cottage de Devonshire. – Alors, tout est prévu. C’est bien. Ils échangèrent une poignée de main et se séparèrent, elle pour aller aux abords de la gare maritime de Pauillac, lui pour monter sur le bateau et y retenir deux cabines. Ni l’un ni l’autre ne s’étaient un instant départis du classique flegme britannique. Ils allaient en Amérique comme ils seraient allés à Asnières, toujours avec le même calme. Pendant que cette petite scène se passait devant la Lorraine, le transatlantique commandé par le capitaine Kassler, voici celle qui se passait devant la caisse coupable. Brusquement Lavarède, souriant, apparut aux yeux de Bouvreuil rageant. – Ah ! je savais bien, fit celui-ci d’un air triomphant. – Vous saviez quoi ? interrogea gracieusement le jeune homme. – Que vous étiez là, – et il désignait la boîte. – Vous vous trompez, cher monsieur, j’étais autre part. – Je sais ce que je dis. – Pas aussi bien que moi, croyez-le. Je me promène, en attendant de faire un petit tour en Amérique, comme vous, d’ailleurs… Seulement, moi, c’est pour fuir vos huissiers, vos aimables huissiers. Bouvreuil eut un air d’ironique pitié. – Oui, vous voulez comme vous dites filer en Amérique, mais en voyageant d’une manière frauduleuse, à l’aide d’une machination ténébreuse. Le fait est, dit Armand gouailleur, qu’on n’y voit pas très clair dans ces planches. Ténébreux est le mot. – Tandis que moi, continua le financier d’un ton suffisant, je voyage au grand jour, en payant ma place, moi, monsieur ?… en retenant la cabine numéro 10, moi, monsieur !… en ne m’enfouissant pas dans les profondeurs d’un inavouable colis, moi, monsieur !… Et, chaque fois qu’il appuyait sur ce « moi ! monsieur, » sa voix s’enflait, prenant des inflexions majestueuses, prudhommesques et mélodramatiques. Timidement, Lavarède riposta : – Je fais ce que je peux, moi, monsieur ! Et d’un mouvement rapide et brusque, il ouvrit la porte de la caisse, y fit entrer de force l’infortuné propriétaire, et repoussa les planches avec vivacité. Seulement, il fit déclencher le secret de la fermeture sous un effort v*****t, de telle sorte que M. Bouvreuil ne pouvait plus sortir de cette boîte infernale. Il commença par crier, par appeler. Mais bientôt sa voix s’estompa. Une ombre l’altérait. Est-ce que la colère l’avait étouffé ? Ou bien, était-ce la raréfaction de l’air respirable ? Lavarède ne se posa même pas cette question. Prestement, il décampa au plus vite et, tout courant, s’en alla vers le pont où s’embarquaient les passagers de Lorraine. Il était temps. Deux minutes plus tard, quatre hommes d’équipe ou portefaix de la marine arrivaient sur le quai des marchandises, précédés du douanier de tout à l’heure. – Tiens, fit-il étonné, le vieux n’est plus là. – Il se sera impatienté, dit l’employé, il sera parti. Il a aussi bien fait. Et les porteurs se mirent en mesure de charger la caisse. – Oh ! oh ! fil l’un d’eux… mais elle est lourde. – C’est vrai, elle pèse plus que tout à l’heure. – Ah ça, il y a vraiment quelque chose dedans ? – Oui, ça remue. – Tenez, quand on soulève d’un côté, ça penche de l’autre. En effet, on entendait un lourd floc. – Mais ça roule. Le douanier prêta l’oreille. – Et on dirait que ça gémit. – Ah ! ah ! nous tenons le gibier. – C’est de la contrebande. – Pour sûr ? – Emportons ce colis. Je vais d’abord y mettre les plombs, les scellés. On n’y touchera pas jusqu’à ce que le brigadier ait déjeuné. Il a donné ordre qu’on l’apporte au bureau du lieutenant des douanes. On ne l’ouvrira que devant cet officier. Ce fut fait aussitôt. Et le pauvre président du syndicat des actionnaires qui, probablement, avait perdu connaissance, put avoir le temps de se remettre. Mais ne nous occupons plus de lui pour l’instant, et retournons à bord de la Lorraine. Tout est prêt pour le départ. Le paquebot est sous vapeur. La machine chauffe avec son grondement sourd de bête domptée. Le panache de fumée est épais et noir. Les matelots sont aux cordages ou occupés à arrimer les bagages et marchandises embarqués. Tout le monde est sur le pont. Les parents et les amis viennent de quitter le navire après les derniers adieux. La planche va être retirée. Le second achève l’appel des voyageurs. – Voyons, personne ne manque… Nous avons les cabines 8 et 9 qui viennent d’être retenues. – 8 et 9, c’est pour moi et ma fille, répond sir Murlyton. – Bon ! vous êtes à abord… Mais, il y a le 10 qui n’a pas encore répondu. Voyons où est le n° 10… retenu à Paris, à l’Agence maritime ? Un homme se précipite sur la planche, juste au moment où le matelot de service allait l’enlever. – Le numéro 10, c’est moi, me voilà… crie-t-il tout effaré. – Quel nom ? demande le second du navire. – Bouvreuil, de Paris. – C’est bien ça… En route. Coup de sifflet, coup de cloche. La Lorraine démarre majestueusement. On est parti. Deux passagers se rencontrent nez à nez au pied de la dunette. – Aoh ! dit l’un… monsieur Lavarède. – Parfaitement, sir Murlyton, et mademoiselle votre fille est-elle retournée à Paris ? – Non, monsieur, elle est ici. – À bord ! enchanté vraiment de commencer notre voyage en sa gracieuse compagnie. – Pardon, sir ?… Mais comment vous trouvez-vous ici ? Je sais le prix du passage, je viens d’en régler deux et cela dépasse la somme que vous devez avoir en poche. – Assurément… aussi ne l’ai-je point payé et voici mes vingt-cinq centimes encore intacts. Vous pouvez le vérifier, mon sévère contrôleur. – Soit, mais cela ne répond pas à ma question. – C’est bien simple. J’ai la cabine numéro 10, dont le prix a été soldé par cet excellent M. Bouvreuil ; voyage en première classe et nourriture, tout est compris. – Il a soldé… pour vous ? – Non, pour lui. – Aoh !… Je ne comprends pas. – Eh bien, quoi ? Je suis dans sa cabine. – Ah !… et lui ? – Lui ? il est dans ma caisse, parbleu !… – La caisse est à bord ? – Non pas… elle est restée à terre. – Et lui dedans ? – Certainement… lui dedans. Sir Murlyton songea quelques secondes, puis sourit à sa fille qui, s’approchant, avait entendu les derniers mots. – Pas du tout correct, dit-il avec gravité, mais fort ingénieux. Puis il tourna les talons et alla s’accouder au bastingage. Les deux jeunes gens échangèrent quelques paroles. – Vous avez réussi, monsieur, je vous en félicite. – Si j’ai franchi ce premier danger, miss, c’est à vous que je le dois, je ne l’oublie pas. – Oh ! monsieur, nous ne sommes pas quittes encore. – Vous tenez donc bien, fit-il en souriant, à me devoir la vie ? – Je tiens surtout à ne pas nuire a vos intérêts. – Même aux dépens des vôtres ? Miss Aurett ne répondit pas et se rapprocha de son père. Il était naturel qu’Armand y suivit cette jeune fille si peu cupide ; sa nouvelle amie d’ailleurs l’y autorisa d’un regard. Leur groupe réuni, elle dit : – Vous allez me trouver bien curieuse, monsieur Lavarède, mais lorsque, par hasard, – elle rougit vivement en prononçant ces mots, – lorsque par hasard la porte de votre petit appartement de voyage s’est ouverte il y a une heure, il m’a semblé apercevoir comme un siège capitonné… Me suis-je trompée ? – Pas du tout, miss. – Aoh ! comment et pourquoi capitonné ? demanda sir Murlyton. – Parce que cela avait été préparé tout exprès pour faire un long voyage, des Pyrénées à Paris, par un fantaisiste dont j’avais raconté l’aventure dans mon journal. Je m’en suis souvenu. Je me suis assuré que cette caisse, dont tout Paris a parlé, était encore à la gare d’Orléans… et je m’en suis servi, voilà toute l’histoire. – Je disais bien, fit l’Anglais… vous êtes un gentleman fort ingénieux. Un sourire de la jeune fille confirma l’opinion de son père. Accoudé sur le bastingage, sir Murlyton promenait sa jumelle marine sur le passage de terre qui commençait à disparaître dans la brume du lointain. Pourtant quelque chose frappa son regard. – Voyez donc, monsieur Lavarède, dit-il en lui passant la longue-vue… Ne distinguez-vous pas quelque chose qui s’agite sur le môle, au bout de la jetée ? Armand regarda. – Oui, un homme court, en faisant de grands gestes… Mais il est poursuivi… On peut même se rendre compte qu’il y a des uniformes parmi ceux qui lui donnent la chasse. Ce sont des gendarmes sans doute. – Qu’est-ce que cela peut être ? – Oh ! sans hésiter, je pense que c’est Bouvreuil… Il n’est pas mort d’apoplexie sur le coup… Allons, tant mieux, tant mieux. Cependant la Gironde fut vite traversée et aucun signal ne rappela la Lorraine. Lavarède se croyait donc tranquille pour tout le temps du voyage.
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