XVIAprès avoir, durant trois mois, sacrifié chaque jour à la patrie des victimes illustres ou obscures, Évariste eut un procès à lui ; d’un accusé il fit son accusé. Depuis qu’il siégeait au Tribunal, il épiait avidement, dans la foule des prévenus qui passaient sous ses yeux, le séducteur d’Élodie, dont il s’était fait, dans son imagination laborieuse, une idée dont quelques traits étaient précis. Il le concevait jeune, beau, insolent, et se faisait une certitude qu’il avait émigré en Angleterre. Il crut le découvrir en un jeune émigré nommé Maubel, qui, de retour en France et dénoncé par son hôte, avait été arrêté dans un auberge de Passy et dont le parquet de Fouquier-Tinville instruisait l’affaire avec mille autres. On avait saisi sur lui des lettres que l’accusation considérait comme