XIV Le matin même, mademoiselle Victoire avait reçu de la marquise de Morfontaine, sa mère, la lettre suivante : « Ma bien-aimée, « Jusqu’à présent, je n’ai voulu te donner aucun détail sur ce qui s’est passé à l’hôtel depuis le soir de notre douloureuse séparation. « Je me suis bornée à te dire que ton père était parti pour notre terre de l’Anjou. « Il est revenu hier soir, et maintenant je vais tout te dire : « Quand le bruit de la voiture qui emportait mes chers enfants se fut éteint dans l’éloignement, je remontai dans ma chambre et m’y enfermai. « J’avais besoin d’être seule pour pleurer et prier à mon aise. « Ah ! ma chère enfant, si Dieu exauce une mère qui lui demande le bonheur de sa fille, tu seras heureuse un jour, car j’ai bien prié. « La nuit s’écoula en prières ; qua