– Et après ? – Après, mon maître fit des échanges, et acheta ma sœur aînée ; une douce et pieuse fille – de l’Église des Anabaptistes, – et aussi belle que l’avait été ma pauvre mère, bien élevée aussi, et de bonnes mœurs. Je me réjouis d’abord qu’on l’eût achetée ; c’était pour moi une compagne, une amie. Mais je ne tardai pas à en être fâché. Je me suis tenu à la porte, monsieur, et je l’ai entendu fouetter ; chaque coup me coupait le cœur au vif, et je ne pouvais rien pour elle ! On la fouettait, monsieur, parce qu’elle voulait mener une vie honnête, une vie chrétienne, interdite par vos lois à la pauvre fille esclave. Enfin, je la vis enchaînée avec le troupeau d’un marchand d’hommes, et expédiée au marché de la Nouvelle-Orléans : – et cela uniquement parce qu’elle s’obstinait dans so